Accueil Bateau foiler Didier Ravon. Publié le 12/09/2019
À Cowes, les Français ont montré de gros progrès. À confirmer à Marseille ? | ELOI STICHELBAUT FOR SAILGP
Du 20 au 22 septembre, Marseille accueille la finale du SailGP, ce circuit de régates à bord de catamarans volants extrapolés des AC50 de la dernière Coupe de l’America… et capables de filer à plus de 50 nœuds ! Six équipes sont en lice, dont les Français emmenés par Billy Besson et Marie Riou. Du grand spectacle en perspective. Prix au vainqueur : un million de dollars !
1. Qu’est-ce que le SailGP ?
Ça ressemble terriblement à la dernière Coupe de l’America disputée aux Bermudes en 2017 et magistralement remportée par les Néozélandais… mais la comparaison s’arrête là ! Ce circuit lancé en février par Russell Coutts, quintuple vainqueur du plus vieux trophée sportif du monde et Larry Ellison, fondateur d’Oracle – septième fortune mondiale, fou de voile, et sponsor des Américains lors des éditions précédentes – se dispute sur des catas monotypes de 15 mètres encore plus rapides, démontables et transportables dans des conteneurs de 40 pieds !
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Vidéo : le chavirage du bateau américain
Vidéo : les Français à près de 50 nœuds
L’entraîneur Philippe Presti a vu 57 nœuds de vitesse bateau sur son GPS !
Retour en images sur l’étape de Cowes : accrochez-vous !
Les F50 déssalent comme des catas de plage (ici les Américains), mais jusqu’ici plus de peur que de mal ! | BOB MARTIN FOR SAILGP
2. Quel est le format de l’épreuve ?
Mis à part à Marseille où la grande finale se déroule sur trois journées, les quatre Grand Prix précédents sur les plans d’eau prestigieux de Sydney (15 et 16 février derniers), San-Francisco (4 et 5 mai), New-York (21 et 22 juin), et Cowes (10 et 11 août), se sont disputés sur deux jours.
Le vendredi et le samedi, cinq manches en flotte sont au programme, et à l’issue de ces courses à la fois très spectaculaires, faciles à comprendre et sur le même type de parcours que la dernière Coupe de l’America, les deux premiers au classement général s’affrontent lors d’une finale de match racing « classique », donc en duel. Les départs s’effectuent au portant, le passage à la première marque ressemble à une chicane sur un circuit de F1. Chaque manche dure environ vingt minutes, avec des horaires dignes d’un train à l’heure. Les images télé avec incrustation du parcours, des vitesses et caps, plus simulation numérique sont exceptionnelles.
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Les Français à la poursuite des Japonais à la marque sous le vent. | JED JACOBSOHN FOR SAILGP
3. Le bateau : c’est quoi donc ce F50 ?
C’est un catamaran tout carbone à foils, mesurant 15 mètres par 8,80 mètres (appendices compris), construit en Nouvelle-Zélande et propulsé par une aile de 24 mètres de hauteur. Ce monotype spécialement construit pour cette nouvelle épreuve, est issu des AC50 qui ont disputé la 35e Coupe de l’America… Mais selon Russell Coutts ou l’Australien Iain Murray directeur de course, le F50 possède des performances 15 à 20 % supérieures par rapport aux AC50 et il a dépassé la barre fatidique des 50 nœuds en course, avec une stabilité de vol démentielle.
Il se dit que les vétérans de la dernière Coupe qui volaient sur les AC50 n’en sont toujours pas revenus. On retrouve à bord tout ce qui avait de mieux sur les « anciens » AC50 de la Cup, par exemple l’aile de conception française et reconnue comme la plus aboutie de la dernière campagne aux Bermudes.
Tout a été optimisé, des safrans aux foils, des circuits hydrauliques et électroniques au cockpit prévu pour cinq équipiers. Les systèmes de barre ont été revus et corrigés, et la console de vol se pilote avec un nouveau joystick.
L’énergie indispensable permettent le réglage des foils (le rake) est fournie par un imposant pack de batteries. Les grinders (wincheurs) ne sont donc pas obligés de mouliner tête baissée pour produire du « jus ». Actuellement, le monotype possède une aile standard et trois focs. Nerveux et surpuissant, le F50 est un bateau qui ne demande qu’à se « mettre sur le toit ». Anglais et Américains qui ont connu des chavirages spectaculaires en course, peuvent témoigner. Mais ces engins sont robustes, et ont systématiquement été réparés dans la foulée !
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Comment marche le bateau Marie Riou explique
4. Quelles sont les six équipes en lice ?
Larry Ellison – qui ne participera pas à la conquête à l’aiguière d’argent en 2021 à Auckland – a décidé de tout financer ou presque lors de cette première saison : bateaux, transports, organisation des épreuves, maintenance, salaires… et choisissant skippers plans d’eau…
Ancien médaillé d’or en Finn à Los Angeles et donc quintuple vainqueur de la Coupe de l’America, Coutts, en charge du recrutement des skippers, a souhaité ouvrir le jeu à des coureurs olympiques associés à des spécialistes de la Coupe de l’America et des vétérans de la Volvo Ocean Race.
Chaque équipe est constituée d’une petite centaine de spécialistes dans tous les domaines. Pour cette première année, six équipages de cinq personnes sont présentes sur le circuit : Australie (Tom Slingsby), Japon (Nathan Outteridge), Chine (Phil Robertson), Angleterre (Dylan Fletcher), États-Unis (Rome Kirby) et France (Billy Besson).
On notera que le champion olympique de 49er Nathan Outteridge n’est pas Japonais mais Australien, que Phil Robertson, ancien champion du monde de match racing, skipper du bateau Chinois, est Néozélandais, et que le coach des Australiens, Philippe Presti, est Français !
Afin de respecter une certaine équité sportive, les heures d’entraînement ont été limitées pour les équipages en tête du circuit, et tous ont pu accéder au simulateur de vol dans la banlieue de Londres, et dont les réactions sont identiques à celles du F50 !
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Vidéo : s’entraîner sans se mouiller sur un simulateur
Les six équipages bénéficient depuis le début de saison d’heures de « nav » sur simulateur… | MAXIME HORLAVILLE FOR SAILGP
5. Qui sont les marins de l’équipe de France ?
Les Français sont emmenés par le quadruple champion du monde de Nacra 17 Billy Besson, assisté de sa fidèle équipière Marie Riou, chargée de la console de vol et de la tactique et seule femme embarquée sur l’ensemble des bateaux de cette épreuve. On trouve également trois transfuges de Groupama Team France : Matthieu Vandame (réglage de l’aile), Olivier Herledant (réglages voiles d’avant) Devan Le Bihan (équipier d’avant) plus enfin Timothé Lapauw (remplaçant). À noter aussi que Thomas Le Breton, encore un ancien de Team France, a été lui embauché par l’équipe chinoise dirigée par le Franco-Canadien Bruno Dubois.
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Reportage « inside » avec les Français à San Francisco
Reportage à Sydney au cœur de l’équipe de France
Billy Besson Marie Riou et Devan Le Bihan, équipés avant de partir à la « guerre » ! | ELOI STICHELBAUT FOR SAILGP
6. Pourquoi Marseille a été choisie pour la finale ?
Larry Ellison et Russell Coutts ont paraît-il personnellement choisi chacun des cinq sites, dont la deuxième ville de France. Le fait que Marseille accueille les épreuves de voile lors des Jeux olympiques de 2024, a peut-être pesé dans la balance, mais il faut bien avouer que la rade de la cité phocéenne bordée par l’archipel des îles du Frioul, est l’un des plus beaux plans d’eau du monde ! En revanche, les régates n’auront pas lieu sur le site olympique près du Roucas Blanc, mais en rade Nord à deux pas du Mucem, et avec des tribunes installées sur la digue. Il est prévu trois manches en flotte, le vendredi, trois le samedi et deux le dimanche avant la finale en match racing pour les deux leaders à l’issue des huit courses. Et si jamais le mistral s’invite à la fête, ça pourrait bien être musclé !
Si le mistral souffle à Marseille, on risque de voir ces configurations de voilure, avec petit foc devant. Grand spectacle en perspective. | ELOI STICHELBAUT FOR SAILGP
7. Qui va gagner le million de dollars ?
On ne va pas se mentir : à moins d’une énorme surprise, la victoire finale devrait forcément se jouer entre les Australiens (169 points) et les Japonais (165 points), car depuis la première épreuve à Sydney, ces deux équipes ne laissent que les miettes à leurs adversaires. Les Américains (123 points) les Anglais (120 points) sont beaucoup trop loin pour inquiéter les deux barreurs australiens qui dominent logiquement, entre autres parce que ce sont eux qui totalisent le plus grand nombre d’heures de navigation sur ces catas de 50 pieds archi rapides et spectaculaires, mais aussi très exigeants.
Les Chinois (117 points) et les Français (115 points) ne sont respectivement qu’à 8 et 10 longueurs de la troisième place. Autant dire que ça va batailler dur entre ces quatre équipes pour les accessits. Le milliardaire, principal bailleur de fond, mais qui a quand même dégoté quelques beaux sponsors annexes, a promis une prime (prize money) de un million de dollars (900 000 euros) pour le vainqueur de la saison à l’issue des cinq Grand Prix ! Ce n’est pas encore le salaire mensuel de Neymar (3 millions d’euros), mais pour de la voile, c’est du jamais vu !