Le F50 français a terminé 5e de l’Acte 1 du GPSail à Sydney. | CHRISTOPHE FAVREAU
Christophe FAVREAU à Sydney (Avec Didier RAVON). – Publié le 20/02/2019 à 18h45
Les trois équipiers de Billy Besson et Marie Riou sur le F50 français qui vient de terminer 5e à Sydney de l’Acte 1 du SailGP ont un rôle très précis à bord de cette formule 1 des mers. Voiles et Voiliers à interrogé sur leur base australienne de Cockatoo Island Timothé Lapauw, Matthieu Vandame et Olivier Herlédant sur leur fonction précise à bord de cet engin révolutionnaire.
Timothé Lapauw : Je suis grinder n° 2, c’est-à-dire que je suis le deuxième en partant de l’avant du bateau. Initialement, j’étais remplaçant mais j’ai remplacé Devan Le Bihan qui s’était blessé à l’entraînement. En course, je travaille en collaboration avec Olivier Herlédant, le premier grinder, ou wincheur, à bord. En complémentarité de Matthieu Vandame, le régleur de l’aile, nous jouons sur l’assiette du bateau. Je dispose d’une batterie de boutons, au niveau des pieds et des mains, pour pouvoir régler le foc, puisque c’est aussi une de mes fonctions.
Ici, pour savoir comment marche un F50.
Timothé Lapauw est grinder N° 2 sur l’engin français. | CHRISTOPHE FAVREAU
Pour nous, la communication se limite à la réception des informations. Si nous avons des casques, c’est seulement pour écouter. C’est un choix que nous avons fait pour éviter de perturber la communication. De toute façon nous sommes la plupart du temps essoufflés !
C’est assez fou pour moi de me retrouver au milieu de tous les gars de la Coupe de l’America ou du circuit des Extrem Series. Je préfère le format de ces manches en F50 qui sont un peu plus longues – entre 15 et 20 minutes – que celles auxquelles je participe habituellement et qui sont généralement en deçà des 10 minutes.
Matthieu Vandame : Je suis wind trimmer, c’est-à-dire régleur d’aile. Mon job consiste à régler l’aile en permanence pour que le bateau avance le mieux possible. Sur des bateaux comme les F50, qui sont très complexes, nous nous basons d’abord sur des données chiffrées. Nos ailes sont truffées de capteurs qui permettent de connaître en permanence leur forme.
Les logiciels à l’origine de la construction de l’aile nous donnent également des informations sur sa forme optimale en fonction des conditions de son utilisation, de la force du vent, de son orientation, etc. Cela nous donne une base autour de laquelle nous régulons la glisse du bateau en fonction de nos sensations et de nos expériences respectives.
Matthieu Vandame est le wind trimmer du bord. | ELOI STICHELBAUT
C’est Billy Besson, à la barre, qui me demande, en fonction des situations, de rester « assez haut » ou de « chercher des appuis »… avec pour unique objectif de faire avancer le bateau le plus vite possible. C’est facile pour moi de communiquer avec lui car je suis à ses côtés.
Le F50 est tellement abouti que cela nous permet de progresser rapidement, beaucoup plus vite que sur la Coupe de l’America. Mais notre expérience de la Coupe fait que nous savons vers quoi il faut tendre. Dès que nous retrouvons ces sensations, nous savons que nous sommes dans la performance. Ce qui nous manque principalement maintenant, ce sont des phases d’entraînement supplémentaires.
Olivier Herlédant : Je suis le premier en partant de l’avant, celui qui tourne le dos à la piste. Je n’ai pas de boutons dédiés car, parmi les deux grinders, c’est moi qui suis le plus concentré sur le réglage de l’aile. J’ai l’aile en visu, je vois comment Matthieu la règle et je reste concentré, du coup, sur l’assiette du bateau. C’est que je fais quasi 100 % du temps, je ne quitte pas l’aile des yeux.
Le soir, après les navigations, je travaille avec Matthieu (Vandame, ndlr) sur les données enregistrées lors de la journée d’entraînement par les autres F50 qui se sont entraînés puisque toutes les données des concurrents sont mutualisées.
En plus de gérer l’aile du F50 en course, Olivier Herlédant gère les données informatiques à terre. | CHRISTOPHE FAVREAU
J’avais acquis cette expérience lors de la dernière Coupe et ma formation d’ingénieur et de docteur en mécanique me donne des outils pour exploiter au mieux ces données. C’est intéressant pour moi, depuis le début de ma carrière, je n’avais pas réussi à mobiliser mon passé universitaire. Depuis que je suis sur ce type de bateau, j’ai pu remobiliser cette qualification et j’en suis très heureux. Ça me passionne !