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Très gros coup de vent, houle monstrueuse et difficulté à abriter les bateaux dans les ports du Finistère, ont conduit au report du départ de la Route du Rhum, de deux jours au minimum. Des raisons de sécurité très claires.

Francis Le Goff, directeur de la Route du Rhum, à la sortie du briefing météo et de l’annonce du report du départ de la Route du Rhum.

Francis Le Goff, directeur de la Route du Rhum, à la sortie du briefing météo et de l’annonce du report du départ de la Route du Rhum. | THOMAS BRÉGARDIS / OUEST-France

Ouest-France Jacques GUYADER. Publié le 05/11/2022 à 13h43

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Route du Rhum. Rafales de 100 km/h, vagues XXL, ports saturés… Pourquoi le départ est reporté (ouest-france.fr)

La décision, difficile, de reporter le départ de la 12e édition de la Route du Rhum, de dimanche 6 novembre à mardi 8 ou mercredi 9 novembre, est le fruit de trois faits principaux. Explications.

1. Des prévisions météo hors-norme

Depuis plusieurs jours, les modèles météo les plus fiables convergeaient pour annoncer l’arrivée d’une énorme dépression sur l’Atlantique nord, associée avec une série de fronts très intenses. Si le départ, au large de Saint-Malo, devait se passer dans des conditions encore maniables, ce dimanche à 13 h 02, la situation se dégradait avec l’avancée des bateaux dans la Manche.

Dès lundi matin, en amont du front froid, des vents de 30 à 40 nœuds étaient prévus, avec une aggravation au passage du front. La situation était périlleuse pour les marins, analyse Cyrille Duchesne, de Météo Consult. ​Le vent devant forcir très nettement, de face (sud-ouest) avec un vent moyen de 40 nœuds (72 km/h), et des rafales à 55 (100 km/h).

Des conditions, dans lesquelles les Ultim auraient peut-être pu passer sans encombre, quoiqu’aucun des skippers de la catégorie n’était en mesure de l’affirmer, en montant vers l’Irlande afin d’éviter le plus gros du front. Les Imoca, notamment les plus rapides, auraient également pu oser affronter ces conditions robustes. Mais il n’était pas question d’ y envoyer les Ocean Fifty, les Class40 et les deux catégories Rhum mono et Multi.

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2. Une houle monstrueuse

En soi, affronter des rafales de vent à 55 nœuds, de face, n’est pas quelque chose d’insurmontable pour des marins expérimentés. En revanche, subir ce vent violent dans une région où la houle devient énorme, rend exponentiel le danger. Cette grande houle qui vient de l’ouest (6-7 mètres) et la mer générée par le vent de la dépression, ensemble, faisait qu’il n’y avait pas d’échappatoire possible pour la flotte ​explique Cyrille Duchesne.

Cette forte houle provenant de l’Atlantique nord, est la conséquence d’une dépression tropicale (stade avant l’ouragan) dénommée Martin, née en début de semaine très au large de la côte Est des États-Unis.

La somme des deux houles conjuguée formant une mer énorme. Pour les vagues, on parle de H 1/3, c’est-à-dire la moyenne du tiers des vagues les plus grosses, explique François Gabart. ​Pour lundi, elles sont annoncées à 7 mètres. Mais comme c’est une moyenne, il y en a certaines qui font 10, 11, 12 mètres. C’est trois étages, donc de grosses, grosses vagues !

À partir de lundi soir, la flotte allait donc affronter des conditions dantesques. Il semble évident qu’une grande partie des concurrents y aurait connu les pires soucis. Et donc qu’on aurait pu s’attendre à des avaries graves en série.

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3. Des ports finistériens overbookés

Face à la situation météo annoncée, bon nombre de concurrents avaient déjà prévu de venir se mettre à l’abri dans les ports des Côtes-d’Armor et du Finistère.

Selon Jean-Paul Chapalain, président de la CCI de Morlaix, en charge du port de Roscoff, près d’une cinquantaine de demandes de places de port étaient arrivées au bureau du port de Bloscon. Essentiellement des Class40 et deux Imoca. On avait commencé à travailler là-dessus avec nos services, notamment en déplaçant les bateaux de pêche​.

Il n’y aurait donc pas eu de places pour tout le monde dans ce principal port d’accueil. Et le reste de la flotte n’aurait pas pu atteindre les ports de la pointe Finistère, de l’Aber Wrach à Brest ou Camaret. La sécurité de la course n’était donc pas entièrement assurée.

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