Malgré un contexte économique tendu, la voile ne cesse d’attirer des sponsors.
Pourquoi un tel engouement pour la course au large ?
Qu’a-t-elle de plus que les autres sports qui permettent également à une entreprise de travailler sur sa notoriété ?
Décryptage à l’approche du départ de la Route du Rhum 2022, édition de tous les records, dans ce deuxième épisode de notre série dédiée à la période faste que connaît de la course au large.
De nombreux sponsors investissent dans la course au large. Les voiliers sponsorisés étaient présents en nombre à la Route du Rhum 2022. | PHOTO : JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE
Ouest-France Valentin PINEAU. Publié le 29/10/2022 à 06h30
Route du Rhum. Investir dans la voile, un pari gagnant (ouest-france.fr)
Pandémie de Covid-19, crise de l’énergie, menace de récession…
Malgré un contexte économique difficile, la course au large ne cesse d’attirer de plus en plus de sponsors.
Pourtant, elle n’est pas le seul sport permettant à une entreprise en recherche de notoriété, de présence dans les médias, de trouver son bonheur. Qu’a-t-elle de plus ?
« Avec le cyclisme (et les sports mécaniques), la voile est le seul sport où le sponsor donne son nom à l’équipe », rappelle Julien Tanguy, directeur général finance d’Edenred, engagé auprès d’Emmanuel Le Roch (Class40) et de Basile Bourgnon (Figaro).
Ce premier argument est loin d’être anodin. Il assure une visibilité et justifie, notamment auprès de ses collaborateurs, l’investissement.
« On nous a proposé de nous tourner vers des sports collectifs. Mais on était un petit peu embêté parce qu’on n’avait aucune légitimité, aucune logique, à soutenir un club plutôt qu’un autre », confie Jérôme Devaud, directeur général délégué d’Inter Invest, qui soutient Matthieu Perraut (Class40).
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« Une expérience qui n’a rien à voir avec Roland-Garros »
La course au large a aussi une image très positive, et renvoie à des valeurs qui plaisent au monde de l’entreprise.
« C’est un sport qui met en avant l’humain dans tout ce qu’il a de meilleur : le courage, la capacité d’innovation, la solidarité, la résistance, l’intelligence tactique et stratégique… », souffle Thierry Bouvard, directeur du sponsoring et du mécénat chez Banque Populaire.
Chefs d’entreprise et skippers ont d’autant plus de facilité à se comprendre qu’ils partagent une culture commune, celle de l’entreprenariat.
« Pour nous, un skipper est exactement comme un entrepreneur. Il y a un parallélisme exceptionnel », poursuit Thierry Bouvard.
Maître CoQ, sponsor de l’Imoca de Yannick Bestaven. | PHOTO : JOËL LE GALL / OUEST-FRANCE
Par son caractère spectaculaire, sa possibilité de fédérer sur le temps long, la voile apparaît également comme un vecteur idéal de communication interne, comme externe.
« À partir du moment où nos collaborateurs montent sur le bateau et rencontrent nos skippers, ils deviennent des ambassadeurs du projet de manière incroyable auprès de leurs collègues, de leur famille », explique-t-on chez Edenred.
« Quand on emmène nos clients sur le bateau, ils vivent une expérience qui n’a rien à voir avec le fait d’assister à un match à Roland-Garros », ajoute Stéphane Vidal, président de Primonial, sponsor de Sébastien Rogues (Ocean Fifty).
Des retombées importantes
Si les entreprises s’y retrouvent aussi, c’est que les retombées sont au rendez-vous.
Beaucoup parlent d’un rapport d’un euro investi pour dix euros de retombées.
Banque Populaire investit 7,5 millions par an dans la voile (le groupe soutient Armel Le Cléac’h en Ultim, Clarisse Crémer en Imoca, mais aussi les équipes de France olympique et les écoles de voile).
Sur le Vendée Globe 2016-2017, le groupe a calculé des retombées de 22 millions d’euros (56 M € quatre ans plus tôt pour la victoire d’Armel Le Cléac’h).
« Quand on a a gagné la Jacques Vabre l’an dernier, on a essayé de quantifier les retombées en équivalent d’achat publicitaire, cela équivalait à une fourchette entre 4 et 6 millions d’€ », ajoute Stéphane Vidal, alors que Primonial investit entre 500 000 et 1 million d’euros par an.
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Dans un sport où le système économique est entièrement basé sur le sponsoring, les entreprises ont également à disposition un important espace d’expression.
En 33 ans d’investissement, Banque Populaire l’a bien compris, et est devenu un acteur majeur de son sport, écouté et respecté.
Avec de tels arguments, le sponsoring voile a encore de beaux jours devant lui.
Ouest-France vous propose une série en six épisodes sur le succès de la course au large et le sponsoring dans la voile :
Épisode 1 : la course au large ne connaît-elle pas la crise ?
Épisode 2 : investir dans la voile, un pari gagnant, samedi 29 octobre
Épisode 3 : « Un skipper, c’est exactement comme un entrepreneur », dimanche 30 octobre
Épisode 4 : « Prendre une loge au Parc des Princes, ça n’a rien à voir », lundi 31 octobre
Épisode 5 : « Seulement deux sports où le sponsor est en permanence nommé », mardi 1er novembre
Épisode 6 : « L’idée, c’est que les gens se demandent qui on est », mercredi 2 novembre
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