Après le report du départ de la 12e édition de la Route du Rhum, initialement prévu ce dimanche 6 novembre mais qui devrait finalement être donné mardi ou mercredi, le skipper de l’Ultim Banque Populaire Armel Le Cléac’h s’est dit « ravi » de cette « sage décision ».
Le navigateur Armel Le Cléac’h est « ravi » du report du départ. | DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE
Ouest-FranceRecueilli par Jacques GUYADER.Publié le 05/11/2022 à 12h38
Le Cléac’h, que pensez-vous de cette décision de reporter le départ de la Route du Rhum ?
C’est une sage décision. On discutait avec la direction de course depuis quelques jours. C’est vrai que les conditions météo sont quand mêmes exceptionnelles. Je pense qu’aujourd’hui, aucun des marins ici n’a déjà affronté ce genre de conditions. On ne va pas faire une première. On sait qu’à partir de 5 mètres de creux, c’est déjà compliqué (6 à 7 mètres de creux, en moyenne, sont attendus lundi soir). On arrive à affronter des mers difficiles, mais quand on est au vent portant dans les mers du sud. Là, on va être vent contraire, avec les côtes bretonnes pas loin, le trafic maritime… Un des scénarios qu’on avait imaginé avec Banque Populaire, c’était de s’arrêter à Roscoff dès les premières heures de course, car on n’allait pas aller se mettre dans ce carton dès la première nuit. Ce report est une très très bonne décision.
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Si ça repart mercredi, comme éventuellement annoncé, cela restera une course pas facile. Vous êtes-vous déjà projeté ?
Il y aura, quoi qu’il arrive, des conditions engagées. On reste au mois de novembre, on ne va pas avoir du vent d’est pour partir. Ce qui nous embêtait fortement, c’était l’état de la mer. On voit ce noyau de mer formé par une ancienne dépression tropicale. C’est quand même un phénomène assez exceptionnel. Je pense que lundi matin, à la pointe bretonne, les images vont être belles, mais on sera content d’être à terre. Cette houle, cette mer très forte va se calmer. Il va falloir du temps, lundi, mardi… À partir de mardi soir, voire mercredi, les conditions seront beaucoup plus propices pour prendre le départ. Il y aura du vent, il y aura encore de la mer, mais ce sera largement plus raisonnable.
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« On n’est pas là pour jouer avec le feu »
Cette attente supplémentaire génère-t-elle du stress en plus ?
Non, pas du stress. On était stressé de voir la situation météo depuis quelques jours. On savait qu’on allait peut-être partir dans un mur. Je suis ravi que cette décision ait été prise par la direction de course. Ça va nous permettre de nous concentrer sur un départ de course qui va être beaucoup plus logique et dans ce qu’on sait faire. On va avoir une vraie course, avec quelque chose qui va être, du départ à la fin, un vrai sprint.
Le sport reprend-il ses droits, selon vous ?
C’est vrai qu’on n’aurait pas eu du sport, c’était avant tout la survie et la sécurité des marins et des bateaux. On n’est pas là pour jouer avec le feu. On est là pour faire une belle course, dans de belles conditions.
Quelles sont les conditions limites en Ultim pour se dire que « ça passe » ?
On estime qu’à 5 mètres de creux, c’est la limite. Ça commence à être déjà pas mal, mais on peut passer. Là, on était à 6-7 mètres, avec des rafales et donc des vagues qui peuvent déferler. Le risque, c’est de perdre le contrôle du bateau. Et s’il nous arrive un pépin, on n’avait pas d’échappatoire. Ça peut nous mettre en danger, mais aussi mettre en danger les sauveteurs qui seraient éventuellement amenés à nous récupérer ou à nous aider. On ne va pas jouer avec ça. Décaler de quelques jours, ça ne va rien changer à la course.