Propos recueillis par Philippe Eliès le 18 novembre 2022 à 21h08

Route du Rhum : après le drame, l’organisateur prend la parole – Route du Rhum – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Joseph Bizard, directeur d’OC Sport - Pen Duick.

Joseph Bizard, directeur d’OC Sport – Pen Duick. (Photo Alexis Courcoux)

Le drame, qui a coûté la vie à deux membres de l’organisation, mercredi lors de l’arrivée de la Route du Rhum, a ébranlé tout le monde. A Pointe-à-Pitre, Joseph Bizard, directeur d’OC Sport – Pen Duick, a pris la parole dans ce contexte difficile.

Une enquête est en cours : avez-vous eu de nouveaux éléments ?

Cette enquête est là pour clarifier les choses, savoir ce qui s’est passé. Nous avons tous besoin de comprendre, les familles aussi. A ce stade, on n’a pas de nouveaux éléments, on entend plein de choses mais il faut rester prudent. On va attendre les conclusions de l’enquête. Là, notre première préoccupation après l’annonce de l’accident, c’est de nous occuper des familles. C’est notre priorité absolue. Ils étaient nos collègues, nos amis.

Qui a affrété les vedettes pour l’arrivée ?

Dans le cadre de l’arrivée, l’organisateur a un cahier des charges partagé avec le conseil régional de Guadeloupe qui loue des vedettes pour un certain nombre de besoins. En tant qu’organisateur, on a exposé nos besoins pour les vedettes, ce qu’on en attend : on demande des vedettes capables de naviguer 24 heures sur 24, donc de jour comme de nuit, qu’elles soient menées par des marins habilités pour le faire. Tout cela est très contractuel, c’est dans le cahier des charges. Il y a eu un appel d’offres public, des sociétés répondent et l’une d’elles a été choisie. Nous n’avons pas de contrat avec cette société-là, on a juste un contrat avec la Région Guadeloupe qui précise la liste des gens que nous allons mettre sur les vedettes.

S’il s’avère que le cahier des charges n’a pas été respecté, que la vedette, qui s’est retournée, n’était pas autorisée à naviguer de nuit… (*)

J’ai lu cela mais je ne peux pas commenter une information qui n’a pas été confirmée. Le procureur n’a pas communiqué, je ne sais pas si cette information est fiable. Mais cela pose des questions, nous avons déjà demandé à avoir des réponses.

Les sorties en mer sont-elles maintenues pour les autres arrivées ?

Principe de précaution, tant que nous n’avons pas la certitude que les bateaux ne sont pas conformes à notre cahier des charges, ils ne naviguent plus. Aujourd’hui, je ne me vois pas envoyer des VIP et des médias en mer s’il y a le moindre doute sur la fiabilité des bateaux mis à notre disposition. Je ne veux pas avoir l’ombre d’un doute sur la qualité du dispositif. J’attends d’avoir des réponses sur ce point.

Comment fait-on pour continuer le jour d’après ?

On a connu un accident grave, donc 1. On s’occupe des familles, 2. On assure la sécurité de l’épreuve. Et ce, dès le premier jour, même si on était tous bien dans le dur. Notre effort est à 300 % sur ces deux points-là. Les familles arrivent ce week-end, c’est notre devoir de bien les accueillir, de les accompagner. Après, on a pris la décision de continuer la course, mais avec une tonalité qui sera un peu différente forcément. On traite le volet sportif de l’épreuve et on assure la sécurité des bateaux. On maintient les remises des prix car on ne peut pas priver les gens passionnés de vivre le truc mais à nous de trouver le bon équilibre.

On imagine que toutes vos équipes sont meurtries…

Les équipes (OC Sport Pen Duick, Rivacom, NefSea) ont toutes voulu continuer. Nous avons reçu énormément de messages de soutien pour les familles, pour les organisateurs. Nous avons tous vécu cette situation ensemble, c’était un choc hyper brutal pour tout le monde. Mais on a tous un sentiment de responsabilité, on doit assurer la sécurité des marins. On est tous sur le pont, on fait front. On pansera nos plaies plus tard.

(*) Selon une information publiée par le site Guadeloupe 1re.