Accueil Sécurité en mer chavirage

Le vendredi 16 février, le BEA mer (Bureau d’enquêtes sur les événements de mer) rendait public son rapport concernant le chavirage du Coralia – bateau affrété par la société Atmosphère et mis à la disposition de l’Organisation par la Région Guadeloupe – qui a coûté la vie à deux collaborateurs d’OC Sport Pen Duick, Alex Picot et François Naveilhan.

Sécurité, navire « qui ne correspondait pas au cahier des charges », manque d’expérience…

Les lacunes semblent nombreuses.

Lors de l’arrivée du vainqueur de la Route du Rhum, Charles Caudrelier, un bateau accompagnateur a chaviré à un mille de la ligne avec 12 personnes à son bord. Deux d’entre elles sont décédées. DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE Une image contenant Police, logo, Graphique, texte

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Lors de l’arrivée du vainqueur de la Route du Rhum, Charles Caudrelier, un bateau accompagnateur a chaviré à un mille de la ligne avec 12 personnes à son bord. Deux d’entre elles sont décédées. DAVID ADEMAS / OUEST-

FRANCE | DAVID ADEMAS / OUEST-France

T.V. Publié le 19/02/2024 à 13h30

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Route du Rhum. Après le chavirage du Coralia, le BEA mer pointe les erreurs qui ont mené au drame (ouest-france.fr)

On en sait un peu plus sur les circonstances du drame survenu le 16 novembre 2022 à Pointe-à-Pitre, au moment de l’arrivée du vainqueur de la Route du Rhum, Charles Caudrelier.

Ces précisions émanent du rapport définitif du BEA mer, qui commence par situer le contexte du chavirage « Le 16 novembre 2022 vers 03h30, des vedettes transportant des passagers appareillent de la marina de Pointe-à-Pitre pour aller accueillir et accompagner le vainqueur de la Route du Rhum.

Parmi ces vedettes, le Coralia, un Navire à Utilisation Commerciale (NUC) transporte 9 passagers, VIP invités de l’organisation. »

Avant d’en dire plus sur les derniers instants précédant l’incident : « Le Coralia patiente un peu sur rade, jusqu’à ce que le premier concurrent se présente, accompagné d’un convoi de navire de plaisance.

Le Coralia s’insère dans le trafic puis suit le convoi dans le sens général de circulation. »

Le capitaine est surpris par une vague venant de l’arrière.

Selon le rapport, c’est à ce moment que les évènements dégénèrent : « Les vagues générées par les nombreux navires de plaisance présents sur zone engendrent une mer agitée et désordonnée.

Le capitaine est surpris par une vague venant de l’arrière, le Coralia part en surf.

Soulevé de l’arrière bâbord, le navire entame un mouvement de gîte sur tribord et enfourne de l’avant. »

« Le Coralia chavire, les passagers se retrouvent immédiatement à l’eau.

Sept passagers se retrouvent sous la coque retournée, cinq d’entre eux parviennent à s’extraire mais deux restent bloqués », détaille le rapport.

Avant d’expliquer que des moyens de sauvetages et des navires de plaisance portent alors assistance aux passagers.

Les premiers secours sont prodigués aux naufragés, mais les secours ne parviennent pas à réanimer les deux victimes restées coincées.

Le document fait ensuite état d’un certain nombre de manquements à l’origine du chavirage du bateau.

« Le navire Coralia ne correspondait pas au cahier des charges établi par la Région Guadeloupe dans son appel d’offres public » détaille le rapport en préambule.

Avant d’expliquer que le navire : « n’était pas autorisé à naviguer de nuit » et « n’était armé qu’avec un unique marin professionnel »

En précisant que le second accompagnateur n’était pas professionnel et n’avait « qu’un statut administratif de passager ».

Un capitaine sans expérience

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Le Coralia, un FORBOAT 29 de 8,94 m et 350 CV, auparavant exploité par l’entreprise La Route du Lagon. | LA ROUTE DU LAGON

Selon le rapport, on apprend que le capitaine du Coralia, embarcation de 8,94 m propulsé par 350 CV, ne disposait que d’une expérience limitée avant le naufrage : moins de 10 mois d’activité « pour une navigation de jour et en eau calme. »

L’arrivée de la Route du Rhum marquait également sa première navigation de nuit sur le Coralia.

Le rapport précise entre autres que le capitaine et son accompagnant « occupés par les préparatifs du départ […] n’ont pas pris le temps d’effectuer un briefing d’embarquement ni de communiquer les consignes aux passagers ».

Un contrat introuvable

Dans ses conclusions, le BEA mer relève par ailleurs qu’il n’a pas réussi à obtenir les contrats liant les navires à la société Atmosphère – qui avait été missionnée par la Région Guadeloupe émettrice de l’appel d’offres selon les règles des marchés publics – et que « l’absence de contrat écrit entre les navires et la société prestataire pourrait expliquer la raison pour laquelle un navire ne répondant pas au cahier des charges a pu être employé, sans vérifications préalables ».

« Ces éléments, qui éclairent sur les lacunes dans la mise en œuvre du cahier des charges, doivent contribuer à la parfaite compréhension des causes et des circonstances de ce dramatique accident », conclut le communiqué associé au rapport.

Facteurs aggravants

Enfin le rapport pointe, comme « facteur contributif de l’accident », le grand nombre de navires suiveurs, qui « croisent en tous sens », avec un « comportement erratique, certains sans feux de navigation », provoquant des vagues de sillage et rendant « difficile l’ajustement des manœuvres du navire » et l’anticipation par le capitaine des « mouvements de la mer ».

« Pris dans le flot des navires, sans pouvoir adapter aisément ses routes et vitesse », le capitaine s’est « fait surprendre par une vague venant de l’arrière », relève le BEA mer.

OC Sport Pen Duick, qui s’est constituée partie civile, attend désormais les conclusions de l’enquête judiciaire en cours afin que toute la lumière soit faite sur ce drame dont ses collaborateurs ont été victimes.

(avec service de presse)

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