INFECTIOLOGIE – Par Alexandra Verbecq le 09-12-2022
Le réchauffement climatique, la fonte du pergélisol, la perturbation de zones naturelles vierges par exemple, favorisent l’émergence de risques infectieux.
Les explorations scientifiques posent aussi questions, surtout dans le contexte, encore flou, de l’origine du Sars-CoV-2.
Le Pr Jean-Michel Claverie, virologue et spécialiste de génomique, ancien directeur de l’Institut de Microbiologie de la Méditerranée, fait le point sur les risques infectieux émergents auxquels il faut s’attendre à l’avenir.
Egora – Le Panorama du médecin : D’après vous, quelles sont les perspectives d’émergence de risques infectieux dans un avenir proche et à plus long terme ?
Pr Jean-Michel Claverie : Cela ne veut pas dire grand-chose car ce qui peut se passer dans 100 ans pourrait très bien arriver demain.
Des familles de virus sont déjà établies et d’autres sont encore à découvrir.
Par mutation, d’une dizaine de souches peuvent en sortir des milliers.
Nous travaillons sur des virus affectant les protozoaires pour lesquels le nombre d’espèces est incommensurable et chaque espèce de protozoaires a des virus propres.
Nous pouvons parler d’un nombre astronomique de virus à découvrir.
Concernant le VIH, nous n’arrêtons pas d’en égrainer les variations. Le sida tue près d’un million de personnes par an et en infecte chaque année plus de 1,5 million.
Ce qui est plus inquiétant, c’est que même si nous connaissions toutes les familles de virus pathogènes, nous sommes totalement incapables à l’heure actuelle de prévoir la diversité des pathogénies qui pourraient être engendrées.
Concernant le Sars-CoV-2, nous n’avions pas anticipé sa gravité et pourtant ces dix dernières années, nous avions connu des épidémies de Sras.
Quant au poxvirus, virus de la variole au départ, il est revenu avec une variante affectant l’homme, ni très contagieuse, ni très grave.
Malheureusement, une famille de virus est un catalogue en devenir.
Quels facteurs favorisent l’émergence ou la réémergence d’agents pathogènes ?
Un risque, c’est toujours la combinaison d’un danger avéré et d’une exposition.
D’une part, la colonisation humaine sur de nouveaux territoires (déforestations de l’Amazonie, explorations des zones arctiques, …) favorise l’exposition des hommes à des agents pathogènes non connus.
D’autre part, la recherche de virus menaçants dans les zones jamais explorées pour les ramener dans les laboratoires, les étudier et vérifier s’ils ne peuvent pas devenir pathogènes pour l’homme n’est pas non plus dénuée de tout danger.
C’est un débat qui monte au sein de la communauté scientifique des virologues faisant suite à l’incertitude qui entoure encore l’origine du Sars-CoV-2.
Un certain nombre de personnes, dont je suis, pensent qu’il n’est pas arrivé par hasard avec une zoonose directement sur un marché, mais qu’il est probablement sorti d’un laboratoire de Wuhan qui dispose de trois instituts leaders mondiaux dans l’étude du Sars-CoV et a pour vocation de collectionner tous ceux de la planète.
La coïncidence de son émergence à Wuhan, à mon avis, est absolument trop incroyable.
Que penserions-nous de l’origine d’une épidémie de rage dans le 15ème arrondissement de Paris, à proximité de l’Institut Pasteur qui héberge un des rares laboratoires français qui travaille sur ce virus ?
Pour lire la suite 🡺 Risques infectieux émergents : à quoi s’attendre ? | egora.fr
Ou m’écrire 🡺 gacougnolle@gmail.com