Actualités – publiée le 22/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Scientific Reports
Quelle maman n’a pas respiré avec amour l’odeur de la tête de son bébé ? Cette étude japonaise, la première à identifier la composition chimique des odeurs produites par la tête des nouveau-nés, apporte des résultats surprenants : Elle montre -dans les Scientific Reports- toute l’importance olfactive de la tête des nouveau-nés dans la relation mère-enfant.
Le rôle de l’information olfactive dans la création de liens entre humains reste mal compris. Bien que des études aient été menées sur l’importance des signaux olfactifs dans la formation et le développement de la relation mère-enfant, il existe très peu d’études sur le sujet et aucune analyse n’avait encore identifié les composants chimiques essentiels de ces signaux.
L’auteur principal, Mamiko Ozaki, professeur au Département de biologie de l’Université de Kobe a fait l’hypothèse d’une fonction de ces odeurs dans l’attachement du petit enfant à son entourage. Avec des collègues d’autres universités japonaises, il a donc cherché à comprendre le rôle des odeurs de la tête des bébés dans la relation du nourrisson aux soignants et aux parents bien sûr. Et les résultats pourraient avoir des implications dans la prévention de problèmes tels que la négligence du nourrisson et/ou les troubles de l’attachement.
Un bébé peut exprimer fortement son individualité à la naissance à travers son odeur
37 composants odorants volatils identifiés : Les chercheurs ont donc procédé à l’analyse chimique des odeurs de tête et des odeurs de liquide amniotique de nouveau-nés : précisément des échantillons d’odeurs de tête ont été obtenus chez 5 nouveau-nés. Une méthode évitant tout stress aux bébés a été utilisée pour piéger les odeurs et les bébés étaient laissés avec leur mère pendant la période d’échantillonnage de 20 minutes. Ils n’ont présenté aucun signe de détresse. 2 échantillons de l’odeur du liquide amniotique des mères ont également été prélevés.
L’analyse identifie :
- 37 composants odorants volatils pour tous les échantillons d’odeurs,
- des similitudes chimiques mais des variations des différentes odeurs,
- parmi ces 37 composants odorants volatils figurent des aldéhydes, des oxydes de carbone et des hydrocarbures.
Une plus forte individualité des odeurs juste après la naissance : les teneurs en différents composés ont été calculées et les modèles de tous les échantillons comparés. Cette analyse montre que :
- les échantillons d’odeurs de la tête des bébés sont plus distincts les uns des autres que les échantillons de liquide amniotique ;
- les profils d’odeurs des bébés recueillies moins d’une heure après la naissance, se ressemblent moins que ceux d’odeurs de bébés recueillies 2 à 3 jours après la naissance.
Ces résultats suggèrent qu’un bébé peut exprimer fortement son individualité à travers son odeur peu après la naissance.
L’odeur de la tête du bébé, une odeur très spécifique et reconnaissable : lorsque les chercheurs invitent 62 participants, étudiants à l’Université de Kobe à sentir 3 échantillons, un mélange artificiel basés sur les odeurs de tête des bébés, un échantillon de liquide amniotique et un échantillon neutre de contrôle, les résultats sont frappants :
- lorsque l’odeur cible était l’un des mélanges basés sur l’odeur de la tête des bébés, le taux d’identification est supérieur à 70% pour tous les participants ;
- en revanche, le taux d’identification de l’odeur de liquide amniotique est inférieur (55%) ;
- enfin, les participantes reconnaissent plus souvent les deux premières odeurs (73%) que les participants (36%).
Un mode de communication précoce non verbal : ces résultats suggèrent un rôle non négligeable de certains signaux olfactifs dans la reconnaissance individuelle du nouveau-né par la mère et la formation de la relation mère-enfant ainsi que plus largement dans le développement d’une relation individualisée du bébé avec son entourage, ses parents et ses soignants. Un type de communication précoce non verbale que ces chercheurs veulent mieux décrypter en analysant des échantillons provenant d’un plus grand nombre de têtes de bébés !
Qui sait ces odeurs pourraient peut-être en dire long sur la parentalité ?
Source: Scientific Reports 04 September 2019 Sampling, identification and sensory evaluation of odors of a newborn baby’s head and amniotic fluid (Visuel 2 Kobe University)
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