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Tous les quatre ans, à l’issue des Jeux olympiques, les règles de course à la voile subissent quelques aménagements, notamment par rapport à l’évolution des séries et autres supports volants.

C’est d’autant plus le cas cette année, avec notamment l’arrivée de l’IQFoil et du kitefoil.

Cet ouvrage indispensable pour tout régatier et édité par Voiles et Voiliers est désormais en vente sur notre boutique au prix de 19,99 euros.

Les règles de course ont été modifiées afin d’être plus adaptées aux bateaux « à grande vitesse ». Une image contenant Police, logo, Graphique, texte

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Les règles de course ont été modifiées afin d’être plus adaptées aux bateaux « à grande vitesse ». | FELIX DIEMER FOR SAILGP

Didier RAVON. Publié le 03/04/2024 à 17h00

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Règles de course. Marc Bouët : « On arbitre depuis la terre avec la VAR comme au foot et au rugby » (ouest-france.fr)

Après une riche carrière sportive, et notamment trois titres européens en 470, deux titres mondiaux en Flying Dutchman et Soling, deux victoires dans la Half Ton Cup, deux places dans le dernier carré lors de la Coupe de l’America…

Marc Bouët, tacticien hors pair, et grand spécialiste de match racing, est également une sommité internationale à propos des règles de course.

À l’occasion de la réimpression du livre Les clés des règles de course 2024 – Édition augmentée et l’ajout d’une quinzaine de pages, nous l’avons interrogé.

L’idée, c’est d’essayer d’expliquer les règles de course, car même moi quand je consulte le livre officiel, j’ai parfois du mal à comprendre…

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Marc Bouët, auteur de l’ouvrage Les clés des règles de course 2024 – Édition augmentée. | P. JUHEL/FFVOILE

Voiles et Voiliers : Quel est l’objectif de cette réédition en fait ?

Marc Bouët : L’idée, c’est d’essayer d’expliquer les règles de course, car même moi quand je consulte le livre officiel (rédigé par World Sailing et traduit par la FFVoile), j’ai parfois du mal à comprendre… Donc, nous avons essayé de remettre dans des termes assez proches des règles de course mais plus accessibles à tout le monde, quels sont les droits et les obligations de chaque bateau dans une quarantaine de situations parmi les plus fréquentes en régate.

C’est comme le code de la route, donc permettre à ce que tout le monde puisse naviguer en sécurité.

Voiles et Voiliers : Depuis les Jeux olympiques de Tokyo en 2021, il y a eu d’importantes modifications des règles ?

Marc Bouët : Pas tant que ça. En revanche, on a rajouté un chapitre concernant les règles pour des supports rapides tels que l’IQFoil, le kitefoil, l’ETF 26, le F50, l’Ocean Fifty…

En gros, il y a deux grosses évolutions. La première c’est que depuis l’origine des règles de course il y a un bon siècle, elles s’appliquaient grosso modo de l’Optimist au Class J, du plus petit au plus grand.

Ces bateaux naviguaient à des vitesses inférieures à 10 nœuds. L’on peut dire que c’étaient des bateaux lents.

On s’est retrouvé à des obligations de sécurité, car le but des règles, c’est comme le code de la route, donc permettre à ce que tout le monde puisse naviguer en sécurité.

LIRE AUSSI : Livre. Les précieux conseils de Marc Bouët pour progresser en régate

Voiles et Voiliers : Mais encore ?

Marc Bouët : Quand des supports avoisinent aujourd’hui les 50 nœuds en vitesse de pointe, on imagine que l’on se retrouve dans des problématiques différentes.

Il n’y a plus un seul set de règles mais cinq ou six. Il y a les règles de base pour tout le monde.

Ensuite, il y a des règles qui existaient avant pour le match racing, des règles pour la course d’équipe, des règles pour les bateaux à grande vitesse, des règles pour les planches et des règles pour les kites.

Ces règles présentent des différences plus ou moins importantes…

On est dans une phase de diversification, mais je pense qu’il faudra revenir à une phase d’homogénéisation.

Voiles et Voiliers : Bref, on ne va pas vers la simplicité ?

Marc Bouët : À l’avenir, je pense qu’il va y avoir un gros boulot pour rendre tout ça un peu plus homogène.

Un exemple : la place à la marque. Au passage de la bouée, un bateau à l’extérieur doit laisser de la place au bateau à l’intérieur qui est engagé.

Aujourd’hui, tu dois avoir au moins cinq définitions différentes pour « la place à la marque » ce qui est parfaitement inutile. Je pense qu’une seule « place à la marque » est suffisante.

On est dans une phase de diversification, mais je pense qu’il faudra revenir à une phase d’homogénéisation.

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Description générée automatiquementL’édition de l’ouvrage a été augmentée. | DR/VV

Voiles et Voiliers : Sur le circuit Sail GP ou la Coupe de l’America notamment, il y a eu des évolutions ?

Marc Bouët : Oui, il y a eu un groupe de travail très performant à partir de la Coupe de l’America, où effectivement, ils se sont retrouvés à gérer des bateaux qui allaient à 30, 40 ou 50 nœuds avec des règles qui n’étaient pas adaptées.

Ils ont inventé des trucs extraordinaires. Prenons l’exemple de la marque au vent. À partir du moment où tu as des portes (donc deux bouées), tu peux passer des deux côtés en choisissant celle qui te semble la plus favorable.

Ce qui est excessivement dangereux, c’est quand deux bateaux arrivent ensemble sur des bords opposés.

Ils en ont conclu qu’il fallait augmenter les droits du bateau bâbord amures (pas prioritaire par rapport au bateau tribord amures), car si on le forçait à virer ou abattre en catastrophe, ça pouvait devenir très compliqué, voire dangereux.

Donc on a augmenté les droits du bateau bâbord qui, si sur la marque de gauche est engagé, a le droit de virer en ayant de la place.

Le bateau tribord n’a guère de choix : soit ralentir, soit laisser de la place si nécessaire, ou virer et passer de l’autre côté.

L’objectif des règles de course, ce n’est pas « d’emmerder » le monde mais d’assurer la sécurité des concurrents.

Voiles et Voiliers : Mais pour un régatier « lambda » sur des bateaux « normaux » n’est-ce pas une absurdité ?

Marc Bouët : Si totalement ! Mais en termes de sécurité pour les bateaux hyper rapides, c’est très malin.

L’objectif des règles de course, ce n’est pas « d’emmerder » le monde mais d’assurer la sécurité des concurrents.

Donc c’est une évolution intéressante.

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La planche olympique IQFoil. | SAILING ENERGY

Voiles et Voiliers : Il y a aussi cette suppression de la règle du virement de bord ?

Marc Bouët : Absolument. En supprimant cette règle, si tu prends l’exemple de la situation entre Français et Allemands à Sydney lors du SailGP, si le virement des Français est dans la zone, il n’y a pas de problèmes

mais si le virement est en dehors de la zone, bâbord amures, tu redeviens prioritaire dès que tu as passé l’axe du vent, alors que normalement il aurait fallu que tu aies terminé ton virement avant de redevenir prioritaire, ce qui laisse une période très vulnérable au moment où tu passes bout au vent à établi sur ta route tribord.

Ils ont supprimé cette période de vulnérabilité. Dès que tu es à nouveau tribord, tu deviens prioritaire et ton adversaire doit s’écarter.

Voiles et Voiliers : Mais c’est quel que soit le bateau ?

Marc Bouët : Non, c’est ce qu’ils appellent « règles de grande vitesse » et qui s’appliquent aujourd’hui à tous les supports, sauf pour les Moth à foils qui ne veulent pas les utiliser, ce que je trouve un peu étonnant personnellement.

Au vu des vitesses, il est nécessaire d’être inventif. C’est étonnant mais très adapté.

Voiles et Voiliers : Et donc cela ne concerne pas les bateaux disputant notamment le Spi Ouest-France ou la SNIM ?

Marc Bouët : Non pas du tout.

C’est un peu une sorte de VAR comme au foot et au rugby. Tu n’as plus d’arbitres sur place.

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En match racing, l’arbitrage s’effectue en direct. | FFVOILE

Voiles et Voiliers : Au niveau de l’arbitrage, c’est de plus en plus compliqué du coup ?

Marc Bouët : C’est le deuxième volet et l’autre grande évolution. L’on va vers la disparition du « tapis vert » pour de l’arbitrage direct.

Globalement, sur toutes les épreuves importantes et notamment sur le circuit olympique, toutes les Medal Races sont arbitrées en direct sur l’eau.

Sur certaines épreuves, les arbitres ne sont même plus sur place, mais sont en régie à Londres avec des écrans multiples.

C’est un peu une sorte de VAR comme au foot et au rugby. Tu n’as plus d’arbitres sur place.

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Philippe Gomez, conseiller en règlement pour l’équipe de France lors du Test Event à Marseille avec le staff. | DIDIER RAVON

Voiles et Voiliers : On se sert donc de drones aujourd’hui ?

Marc Bouët : Oui et c’est un peu aussi l’idée de pouvoir expliquer aux gens qui vont suivre les Jeux olympiques de Paris 2024, comment ça va se passer.

On a deux extrêmes aujourd’hui : le tapis vert d’un côté où tu te retrouves face à des juges qui n’ont rien vu, rien entendu… avec une espèce de procès où chacun défend sa cause, et où le résultat est forcément conditionné par la situation réelle, mais aussi la façon de chacun de l’interpréter, jusqu’à ce système totalement informatisé et très élaboré de juges à distance.

Et tu as dans la Coupe de l’America encore des arbitres en visuel, mais aussi des juges devant leurs écrans mais sur place.

Voiles et Voiliers : Mais on peut juger en direct vu les vitesses des engins ?

Marc Bouët : En kite il me semble que c’est jugé juste après la manche, les concurrents ayant leur aile en vol (vertical) dans l’attente du verdict.

C’est pareil en IQFoil. Ils ont mis en place le même type de procédure comme de filmer les départs afin de voir s’il y a eu des OCS (départ prématuré) ou BFD (disqualification sous règle noire en cas de départ prématuré).

Il a donc fallu inventer de nouvelles règles et une autre façon de juger. Je trouve cela cohérent.

C’est quand même plus facile de juger en direct ayant vu la situation que sur le tapis vert où tu n’as rien vu.

Cela me semble aller dans le sens de la justice, sans parler des exigences médiatiques.

Aujourd’hui, il faut être capable de donner le résultat tout de suite…

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