ENDOCRINOLOGIE-MÉTABOLISME – Par Pr Philippe Chanson le 16-04-2020
Le régime méditerranéen confirme sa supériorité sur les autres en termes de réduction du poids ou du risque cardiovasculaire
Des programmes diététiques très différents sont proposés pour perdre du poids et réduire le risque cardiovasculaire.
Mais quels sont en fait l’efficacité relative de ces grands types de régimes sur la perte de poids et le risque cardiovasculaire, et cela chez les adultes en surpoids ou obèses ?
Pour répondre à cette question, une équipe américaine a fait une revue systématique avec une méta-analyse en réseau et des essais randomisés qui avaient enrôlé des adultes en surpoids ou obèses.
121 essais comportant 21 942 patients ont été inclus. Quatorze régimes connus et 3 régimes témoins ont été comparés. En comparaison du régime habituel, les régimes pauvres en hydrates de carbone ou pauvres en graisses avaient un effet identique à 6 mois sur la perte de poids (4.63 vs 4.37 kg) et sur la réduction de la pression artérielle systolique (5.14 mmHg vs 5.05 mmHg) et diastolique (3.21 vs 2.85 mmHg).
Les régimes modérés en macronutriments (type DASH ou méditerranéen) permettaient une perte de poids discrètement moindre et une réduction de la pression artérielle systolique moindre. Les régimes pauvres en glucides avaient moins d’effets que les régimes pauvres en graisses et que les régimes modérés en macronutriments sur la réduction du LDL cholestérol (0.1 g/l vs 0.7 g/l vs 0.5 g/l) mais avaient un effet sur l’augmentation du HDL cholestérol (0.23 g/l) alors que les régimes pauvres en graisse réduisaient le HDL cholestérol (-0.18 g/l) de même que les régimes modérés en macronutriments (-0.08 g/l)
Les mécanismes de la satiété décryptés
Parmi les régimes populaires, ceux qui avaient l’effet le plus important sur la réduction du poids et la pression artérielle en comparaison des régimes habituels étaient le régime Atkins (réduction du poids = 5.5 kg, pression artérielle 5.1 mmHg, pression artérielle diastolique 3.3 mmHg), le régime DASH (-3.6 kg, -4.7 mmHg et 2.9 mmHg) et le régime ZONE (-4.1 kg, -3.5 mmHg et -2.3 mmHg) à 6 mois. Aucun régime n’améliorait significativement le HDL cholestérol ou la CRP ultra-sensible à 6 mois.
Globalement, la perte de poids diminuait à 12 mois dans tous les régimes avec macronutriments équilibrés et dans les régimes populaires alors que le bénéfice sur le risque cardiovasculaire de toutes les interventions disparaissait, sauf pour le régime méditerranéen.
En conclusion, des preuves de qualité modérée montrent que la plupart des régimes à macronutriments sur une période de 6 mois produisent une perte de poids modérée et une amélioration substantielle des facteurs de risque cardiovasculaire, particulièrement de la pression artérielle.
A 12 mois les effets sur la réduction du poids et sur le risque cardiovasculaire disparaissent en général, sauf pour le régime méditerranéen, peut-être.
Sources : Ge L. et al. Comparison of dietary macronutrient patterns of 14 popular named dietary programmes for weight and cardiovascular risk factor reduction in adults: systematic review and network meta-analysis of randomised trials. BMJ 2020 ; 369 : m696.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32238384
Consommation des macronutriments et paramètres de santé, des relations pas toujours linéaires
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Actualités – publiée le 15/04/2020 par Équipe de rédaction Santélog
RÉGIME MÉDITERRANÉEN : Il ralentit le déclin cognitif avec l’âge
Alzheimer’s and Dementia
Ce n’est pas la première étude à suggérer un lien puissant entre nutrition et cognition : cette analyse récente des données de 2 études importantes portant sur les maladies oculaires, montre que l’adhésion au régime méditerranéen, riche en légumes, en grains entiers, en poisson et en huile d’olive est corrélée avec une fonction cognitive plus élevée.
Les facteurs alimentaires semblent également jouer un rôle dans le ralentissement du déclin cognitif. Ces chercheurs du National Eye Institute (NEI/NIH) expliquent ces résultats dans la revue Alzheimer’s and Dementia.
« Nous ne prêtons pas toujours suffisamment attention à notre alimentation. Pourtant elle affecte significativement le cerveau et les yeux », commente l’auteur principal, le Dr Emily Chew, du NEI. Son équipe a regardé les effets de 9 composantes du régime méditerranéen sur la cognition.
Le régime méditerranéen qui met l’accent sur la consommation de fruits entiers, de légumes, de grains entiers, de noix, de légumineuses, de poisson et d’huile d’olive, ainsi que sur la réduction de la consommation de viande rouge et d’alcool se révèle à nouveau le plus bénéfique au maintien de la performance cognitive.
Une association claire entre la cognition et l’alimentation.
Les 2 études en question, AREDS et AREDS2 évaluent, depuis des années, l’effet des vitamines contre le risque et le développement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). AREDS porte sur environ 4.000 participants avec et sans DMLA, AREDS2 suit 4.000 participants atteints de DMLA.
Les chercheurs analysent ici les données alimentaires des participants à ces 2 études, l’étude AREDS apporte des données sur la fonction cognitive (via le Mini-Mental State Examination) des participants à 5 ans, AREDS2 au départ et à 2, 4 et 10 ans plus tard.
L’analyse combinée des données alimentaires et cognitives confirme que :
- les participants adhérant au régime méditerranéen présentent le risque le plus faible de déclin cognitif ;
- une consommation élevée de poisson et de légumes semble apporter l’effet protecteur le plus élevé sur le maintien cognitif ;
- à 10 ans, les participants à l’étude AREDS2 déclarant la plus forte consommation de poisson présentent ainsi le taux de déclin cognitif le plus faible ;
- si les différences de scores de fonction cognitive entre les participants ayant l’adhésion la plus élevée par rapport à la plus faible à un régime méditerranéen sont relativement modestes en valeur absolue, ces effets confirment clairement l’association entre la cognition et la santé neuronale et l’alimentation.
Les participants porteurs du gène ApoE, donc à risque génétique élevé de maladie d’Alzheimer, obtiennent, en moyenne, des scores de fonction cognitive plus faibles et subissent un déclin plus rapide que leurs pairs exempts de ce gène de susceptibilité ; cependant, les avantages d’une adhésion au régime méditerranéen sont similaires pour les personnes avec et sans le gène ApoE, ce qui suggère des bénéfices du régime indépendants du risque génétique d’Alzheimer.
Source: Alzheimer’s and Dementia April 14, 2020 DOI: 10.1002/alz.12077 Adherence to a Mediterranean diet and cognitive function in the Age-Related Eye Disease Studies 1 & 2
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