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Actualités & Opinions > Actualités Medscape – Caroline Guignot   AUTEURS ET DÉCLARATIONS  17 février 2020

Paris, France — Comment gérer les variations saisonnières de pression artérielle ? Jusqu’ici, ces manifestations ne faisaient l’objet d’aucune préconisation spécifique dans le cadre des recommandations générales sur la prise en charge de l’HTA.

Un groupe de travail dédié appartenant à la Société européenne de cardiologie (ESC) vient d’y remédier en faisant paraître un consensus proposant des recommandations en matière de conduite à tenir face à une suspicion de variation saisonnière de la PA [1].

Pression artérielle et température

La pression artérielle (PA) est inversement associée à la température ambiante, suite à un ensemble de mécanismes physiologiques : en hiver, la vasoconstriction, la diminution de la transpiration favorisant la rétention hydrosodée, l’augmentation de la sécrétion de PTH stimulant notamment la contractilité… peuvent accroître la PA.

En été, la vasodilatation, la diminution de la résistance périphérique et la baisse de la sécrétion de noradrénaline… avec l’augmentation des températures favorisent à l’inverse la diminution de la PA.

Ces phénomènes concernent les sujets sains comme hypertendus, et peuvent se traduire par une hypotension ou une fatigue pendant les périodes chaudes de l’année, ou par une hypertension artérielle (HTA) au cours des périodes froides.

Principales recommandations

Afin de mieux tenir compte de l’impact des variations de température sur la pression artérielle, l’ESC propose plusieurs recommandations clés :

  1. Les signes d’une hypotension en cas de températures élevées ou d’une hypertension en cas de températures basses doivent être investigués par plusieurs mesures de PA réalisées à la fois au cabinet et hors du cabinet (automesure, mesure des 24 heures).
  2. Lorsque les températures extérieures sont élevées, une PA systolique (PAS) inférieure aux objectifs thérapeutiques doit inciter à réduire les posologies, notamment si le patient présente des symptômes liés au surtraitement. Dans tous les cas, une PAS inférieure à 110 mmHg peut être considérée comme un signe de surtraitement, qu’elle soit ou non associée à des symptômes.
  3. Une adaptation de la prise en charge ne doit être envisagée que si toutes les autres causes possibles de variabilité de PA ont été écartées : observance des antihypertenseurs, prescription d’autres médicaments influençant la PA, infection, déshydratation, perte de poids, consommation modifiée d’alcool ou de sel… sans oublier de questionner le patient sur la température de son domicile et son habillement, particulièrement chez les personnes les plus vulnérables.
  4. La diminution des posologies doit être adaptée à l’état de santé global et selon la balance bénéfice-risque de chaque molécule et au regard des comorbidités. Elle doit permettre de contrôler la PA sur 24 heures.
  5. Il est important toutefois d’éviter les ajustements inutiles ou trop fréquents, ce qui invite à une mesure régulière de la PA tout au long de l’année, offrant une meilleure vision sur la réelle variabilité saisonnière.
  6. Les mêmes préconisations doivent être envisagées pour les voyageurs hypertendus qui visitent des pays chauds en hiver ou inversement.

Cet article a été publié initialement sur Univadis sous l’intitulé « Recommandations ESC : comment gérer les variations saisonnières de pression artérielle ? » le 10 février 2020, adapté par Aude Lecrubier pour Medscape édition française.

LIENS

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Citer cet article: Recommandations ESC : comment gérer les variations saisonnières de pression artérielle ? – Medscape – 17 févr 2020.