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La 53ème Semaine Olympique Française s’est achevée samedi avec les traditionnelles Medal Races.
Les 751 concurrents issus de plus de 50 nations aiment régater à Hyères et pour cause : Il y fait beau et il y a toujours ou presque une palette de vents de 5 à 30 nœuds.
Avec onze médailles – deux en or, cinq en argent et quatre en bronze – l’équipe de France réalise un authentique exploit et marque son territoire à un peu plus de deux ans des Jeux olympiques de 2024 qui se disputeront à Marseille.
Tim Mourniac et Lou Berthomieu en Nacra 17 dans la brise | SAILING ENERGY
Didier RAVON. Modifié le 30/04/2022 à 21h39
La rade de Hyères n’est pas que réputée pour les îles d’or qui la bordent – Porquerolles, Bagaud, Port-Cros – et le Fort de Brégançon à l’Est, résidence estivale des présidents de la République.
C’est un plan d’eau exceptionnel, mais souvent complexe côté météo car se situant sur le sixième méridien, véritable frontière météorologique, avec des variations du baromètre de part et d’autre (hautes pressions à l’Ouest et basses pressions à l’Est).
Il n’est pas rare que les vents d’Ouest butent sur ceux d’Est, avec une zone tampon au milieu.
Il n’est pas rare non plus d’avoir du mistral ente 25 et 30 nœuds, ce qui a été le cas en début de semaine, ensuite un régime de brise thermique perturbé par les effets de site, avec des couloirs de vent, des zones de « molles », et de belles « gauches » ou « droites » dans le jargon (des risées).
Les Anglais, intouchables depuis trois olympiades, ne le sont plus…
L’élite olympique adore régater à Hyères car le plan d’eau est non seulement hyper tactique et il y fait très souvent beau.
Nombre de nations issues de l’Europe du Nord y ont installé leur base arrière depuis longtemps, même si le confinement a modifié les plans ces dernières années.
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Hélène Noesmoen, reine absolue de la nouvelle planche olympique IQFoil ! | SAILING ENERGY
Après trois années sans « SOF », ce millésime a juste été exceptionnel.
« Cerise sur le bateau » comme aime dire Loïck Peyron, les équipages français qualifiés pour les Medal Race dans neuf des dix séries remportent onze médailles et comme à Palma il y a trois semaines terminent de très loin première nation.
Les Anglais, intouchables depuis trois olympiades, ne le sont plus…
Longtemps secondes Lara Granier et Amélie Riou terminent sixièmes en 49er FX. | SAILING ENERGY
Nacra 17
Les derniers sélectionnés olympiques, Quentin Delapierre (en partance pour l’étape du Sail GP aux Bermudes) et Manon Audinet (blessée aux dos), étaient forfaits à Hyères.
Les jeunes Tim Mourniac et Lou Berthomieu terminant douzièmes, remportent le titre de champion de France Elite décerné à cette occasion, devant le revenant Billy Besson associé à Noa Ancian (16èmes) et Margaux Billy et Léo Maurin (19èmes).
Les Italiens, champions olympiques en titre, naviguent sur une autre planète, remportant 9 des 15 manches.
Après seulement quatre jours d’entraînement, Hippolyte Machetti et Aloïse Retornaz finissent en argent en 470. | SAILING ENERGY
470
Il a fallu attendre le dernier jour des finales pour avoir la confirmation officielle que Kevin Péponnet, désormais sur le circuit Sail GP et sans doute bientôt sur la Coupe de l’America avec son complice Quentin Delapierre, cessait la préparation olympique.
Remplacé au pied levé par Hippolyte Machetti, ancien double champion du monde junior, le nouveau duo avec Aloïse Retornaz, n’a pas tardé à trouver les bonnes manettes, étant aux avant-postes toute la semaine et ce avec seulement quatre jours d’entraînement ensemble.
Ils terminent à une remarquable seconde place et sont sacrés champions de France devant les jeunes espoirs Cannois Matisse Pacaud et Lucie de Gennes (14èmes) et Hugo Le Clech et Julia Colombe (25èmes) également qualifiés sur le rond or.
À noter que Camille Lecointre, qui attend son deuxième enfant, sera de retour à la compétition avec Jérémie Mion, normalement début septembre. Cela promet !
La Hyéroise Marie Barrue, brillante seconde dans ses eaux en ILCA 6 | SAILING ENERGY
ILCA 6 Laser
Intouchable toute la semaine, la Polonaise Agata Barwinska remporte sa première SOF avant même de disputer la Medal Race réservée aux dix premières et confirme la montée en puissance de la Pologne dans nombre de séries. Il y avait longtemps que les Françaises n’avaient été à pareille fête en ILCA 6.
Chez elle, et sur ce plan d’eau qu’elle connaît mieux que sa poche, Marie Barrue termine à une remarquable seconde place, et marque les esprits, bien que n’étant pas en équipe de France. À noter aussi la non moins remarquable troisième place de la jeune Louise Cervera, se permettant de remporter la Medal Race dans le petit temps. Et la onzième place de Pernelle Michon, revenue au Laser après une courte période en Nacra 17 avec Franck Cammas.
L’équipage a décidé de ne pas aller plus loin, son barreur poursuivant le développement de l’Ultim Edmond de Rothschild avec Charles Caudrelier. Selon nos informations, le même Franck Cammas pourrait aussi intégrer le défi français Coupe de l’America 2024, actuellement en gestation mais pas officialisé, cette fois à la tête du design team.
Dans la brise, « JB » reste toujours aussi redoutable
ILCA 7 Laser
Dans le trio de tête la majeure partie de la semaine avec les médaillés olympiques de Tokyo et autres champions du monde, Jean-Baptiste Bernaz a dégringolé au classement lors des dernières courses. À ce niveau et même si sa plus mauvaise manche est une 22ème place sur 129 concurrents, cela permet d’entrer en Medal Race, mais pas d’espérer mieux.
Il avait remporté la dernière SOF et là, il termine 10ème. N’empêche ! Dans la brise, « JB » reste toujours aussi redoutable mais bien seul. Alexandre Boite, fils de Philippe, multiple champion de 505, finit pourtant 35ème, avec une manche de second et de dixième lors des finales en rond or… ce qui est déjà très fort au vu de la densité de la flotte. Le Chypriote Pavlos Kontides, champion du monde en 2017 et médaillé olympique en 2012 l’emporte, signe que le Laser conserve !
Sarah Steyaert et Charline Picon progressent vite et terminent dans le top 20. | SAILING ENERGY
Kiteboard femmes
Le petite Américaine Daniela Moroz est intouchable une fois encore mais les deux Françaises Lauriane Nolot et Poema Newland sont restées aux secondes et troisièmes places toute la semaine, impressionnantes de régularité. Poema échouant au pied du podium lors de l’ultime journée dans un zéphyr feignant. Elles confirment le potentiel de cette équipe de France, sans oublier Alexia Fantelli, cinquième.
En kitefoil, la concurrence tricolore est impressionnante. | SAILING ENERGY
Kiteboard hommes
L’équipe de France a un tel potentiel également qu’il était bien difficile de faire un pronostic avant Hyères, première grande épreuve en France sur le nouveau support olympique. Si c’est le Singapourien Maeder qui s’impose, Axel Mazella et Maxime Nocher terminent en argent et en bronze, tandis que le champion du monde en titre, Théo de Ramecourt, n’est « que » sixième.
Depuis l’arrivée de la IQFoil, Nicolas Goyard est tout simplement invincible ! | SAILING ENERGY
IQFoil femmes
Si les JO avaient lieu cette année, on pourrait déjà miser quelques dizaines de milliers d’euros pour une médaille d’or tricolore tant Hélène Noesmoen domine la catégorie. La double championne d’Europe et du monde a une fois de plus survolé l’épreuve, remportant les sept premières manches avant de « faiblir » dans les deux suivantes (2eme et 6eme seulement !) puis en remporter six autres manches.
Elle doit commencer à sérieusement agacer ses adversaires, elle qui n’a pas perdu une grande course sur ce large flotteur à foil hyper technique. Du coup, la remarquable 3ème place de Delphine Cousin, la 6ème de Manon Pianazza, la 7ème de Lucie Belbeoc’h et la 11ème de Marion Mortefon peuvent presque sembler anecdotiques… Il y a quelques nations qui rêveraient d’avoir une telle équipe !
IQFoil hommes
On tresse des lauriers à la Sablaise Hélène Noesmoen, mais Nicolas Goyard est fait du même bois ! Après un départ « poussif » selon ses mots (10, 2, 2, 6, 2), le champion d’Europe et du monde, a atomisé la concurrence, remportant les onze manches suivantes avant d’accéder directement à la finale avec 29 points d’avance sur le jeune Français Clément Bourgeois, révélation de cette Semaine de Hyères..
Comme chez les filles, cette équipe de France a de quoi faire pâlir. Louis Pignolet termine 6ème, Pierre Le Coq, médaillé de bronze à Rio en RS : X 7ème, et Thomas Goyard, vice-champion olympique à Tokyo et grand-frère de Nicolas, 9ème… « Dans les 15 premiers, on trouve 8 Français, mais la concurrence progresse de semaines en semaines », explique Julien Bontemps, médaillé d’argent à Pékin en RS : X et l’un des cadres de cette équipe de riders.
Erwan Fisher et Clément Péquin, en bronze en 49er. | SAILING ENERGY
49er FX
C’est un peu la surprise de la semaine ! Ancienne vice-championne du monde junior de 470, comme équipière avec Marina Lefort, Lara Granier a décidé de changer de série pour la PO 2024… mais aussi de passer à la barre. Avec sa nouvelle équipière, Amélie Riou, et finalement très peu d’heures sur le skiff australien si exigeant, Lara et Amélie ont brillé toute la semaine, longtemps secondes, avant qu’une disqualification dans la sixième manche ne perturbe un peu leur envolée. Elles méritaient mieux mais peuvent être fières.
Si les Brésiliennes Martine Graël et Kaena Kunze, doubles championnes olympiques, ont prouvé en l’emportant après un début un peu « diesel », que la barreuse tient de son père Torben (quintuple médaillé aux JO) et vise une troisième médaille d’or consécutive à Paris 2024, Lara et Amélie ont impressionné les habituées du 49er FX.
Les deux Rochelaises sont encore irrégulières, mais intègrent le rond or, « font » des manches de 2 et 3, preuve de leur talent et potentiel
Sarah Steyeart associée à la double médaillée olympique en RS : X Charline Picon, qui il y a quelques mois, n’avait jamais mis les pieds sur un dériveur, n’est pas en reste. Les deux Rochelaises sont encore irrégulières, mais intègrent le rond or, « font » des manches de 2 et 3, preuve de leur talent et potentiel, et terminent à la 18ème place. Mathilde Lovadina et Marine Riou, elles finissent 23èmes malgré une disqualification sur départ prématuré (UFD) dans la manche 8.
49er
Vainqueurs un peu inattendus à Palma alors qu’ils ne sont pas en équipe de France, Erwan Fisher et Clément Péquin ont confirmé à Hyères, en prenant une remarquable troisième place. L’équipage resté aux avant-postes toute la semaine fait preuve d’une régularité et d’une lucidité impressionnantes sur cette « savonnette » ultra technique. Lucas Rual et Émile Amoros, sélectionnés lors des JO de Tokyo, sont montés en puissance toute cette semaine et finissent au pied du podium d’une épreuve remportée par les Polonais.