L’IQFoil, c’est le nouveau support olympique de planche à voile qui va faire son entrée officielle lors des Jeux olympiques de Paris 2024.
Le nouveau matériel est déjà entre les mains des véliplanchistes depuis plus d’un an.
Et ces planches à foils volantes sur l’eau devraient s’installer comme classe de référence pour de nombreuses années.
Gonzalo Costa Hoevel, manager de l’IQFoil, en ventait également l’aspect révolutionnaire par son format.
Il s’explique.
Hélène Noesmoen, ancienne adepte de RS : X, est passée au nouveau support olympique IQFoil rapidement et avec succès. La Vendéenne, qui brigue les JO 2024, a obtenu le titre européen et une médaille mondiale. | ARCHIVES / DR
Ouest-France Mélina NICOLLEAU. Modifié le 04/08/2021 à 17h53
Fin 2019, la révolution est arrivée dans le monde de la planche à voile.
Le foil, donnant aux machines nautiques l’impression de voler sur l’eau, fait son entrée dans les supports de voile olympique de façon officielle.
Après Tokyo 2020 (puis 2021 suite au report), adieu le RS : X. Bienvenue Paris 2024 et l’IQFoil.
L’ancien support, qui vit ses derniers instants, va être jeté aux oubliettes par un matériel qui a déjà conquis la plupart des écoles de voile, et surtout les jeunes générations.
Gonzalo Costa Hoevel est manager de la Classe IQFoil, mais aussi ancien champion et toujours pratiquant, sur foil et en slalom plus particulièrement, où il contribue aussi au développement du matériel. | DR
« Le RS : X est un frein à main, l’IQFoil une pédale d’accélérateur »
Il suffit d’écouter Charline Picon, championne olympique à Rio 2016 sur les planches Neilpryde qui vivent désormais leurs derniers instants, pour comprendre que la bascule a déjà clairement son déséquilibre affiché chez les athlètes français depuis l’été 2020.
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En créant un groupe d’entraînement avec des jeunes garçons autour de moi pour me challenger, je suis dans le vrai.
On a commencé en juillet 2020, et en novembre je voyais déjà des progrès.
Les trouver a été génial, alors que toutes les filles ont fait le choix de partir sur l’IQFoil dès mars.
Les quelques jeunes qu’il restait en RS : X avait définitivement disparu à l’été, raconte la Rochelaise annoncée parmi les favorites pour la dernière médaille olympique qui sera donnée en RS : X.
Donc en septembre, sur mon stage à Brest, j’ai fait une semaine toute seule.
Et je crois qu’en un sens ma persévérance sur ces sept jours pour m’entraîner seule à impressionner les garçons.
À la suite du mondial IQFoil, Yun Pouliquen m’a écrit, en me demandant si j’avais besoin de partenaire.
Donc j’ai répondu direct que je n’avais pas besoin de lui pour un seul stage, mais pour qu’il m’accompagne jusqu’au bout de ma prépa olympique.
Puis Fabien Pianazza, et Matéo Dussarps plus récemment ont suivi.
Mais c’est vrai qu’au début, même les entraîneurs, personne, n’ont poussé ces jeunes à s’entraîner avec les RS : X.
Donc leur choix, à 19 ans, est engagé. Les copains IQFoil chambrent un peu en plus (rires).
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Mais si l’avenir de la planche à voile semble s’écrire uniquement avec ces objets flottants identifiés et créées par Starboard, c’est aussi parce qu’il a su convaincre les premiers concernés de par les performances sportives qu’il permet, notamment en vitesse.
« Pour notre sport, c’est une sacrée révolution, commente Thomas Goyard, qui représentera La France en RS : X aux JO de Tokyo.
Le RS : X c’est comme si on avait un frein à main, il faut tout le temps pomper et relancer.
L’IQFoil est plus fin, comme une pédale d’accélérateur très sensible. »
Gonzalo Costa Hoevel (à droite), le manager de la Classe IQFoil, en répérage sur le site de Vilamoura et le plan d’eau portugais en mars 2021 lors des Europe de planche à Voile RS:X. | ETIENNE GARNIER
Le spectacle en premier lieu, le grand public en priorité
Et si tout le monde se rue déjà sur ce nouveau bijou de technologie, c’est aussi parce qu’il va falloir rapidement s’habituer à ses spécificités techniques et tactiques.
Même si pour le moment, ça ne plaît pas forcément à tous les riders.
C’est le cas pour le Néo-Calédonien qui pratique déjà l’IQFoil, notamment avec son frère Nicolas Goyard, déjà parmi les meilleurs de la Classe : Ce sont des formats où tout se joue sur une manche, donc pas forcément représentatif du classement de toute la compétition.
On se bat un peu d’ailleurs pour ne pas que ce soit le format des Jeux.
Parce que faire une seule course et un champion, quand on voit les conditions qui sont complètement aléatoires, c’est rude.
On ne peut pas définir la voile ainsi, avec une part de hasard importante.
C’est sur la longueur qu’on voit la différence.
Pour le moment, le champion est le meilleur au cumul des points des manches de qualifications et de la Medal Race comptant double et où seulement les 10 meilleurs régatent.
En IQFoil, si le principe de qualification existe toujours.
Il offrirait un ticket aux 12 meilleurs qui entreraient ensuite dans un système de quarts, demies et finale.
Ceux de 5 à 12 s’affrontant entre eux et dont les 4 vainqueurs passeraient au tour suivant pour régater à nouveau entre eux et contre le 3 et 4.
De là, seul les deux meilleurs atteindraient la finale pour y affronter le 1 et 2.
L’ultime champion étant alors celui qui gagne cette course à 4, peu importe le cumul des points.
Gonzalo Costa Hoevel explique les raisons de ces nouveautés : « On veut être spectaculaire, même si pour certains ça paraît cruel.
Mais nous, on veut que les gens, même s’ils ne comprennent rien à notre sport, ils puissent comprendre qui perd ou qui gagne.
On cherche vraiment à ce que notre discipline soit belle visuellement, mais aussi intense dans son format.
En éliminant à chaque fois les 4 derniers, il y a un suspens et un enjeu fort, et c’est clair pour les spectateurs.
Et les règles qu’on a établies ensuite sont faites pour que n’importe qui reste et apprécie facilement sans devoir lire trois pages de règlement. »
Le format et règles de courses lui aussi serait chamboulé.
Dans le vent soutenu (15 nœuds et plus) un parcours classique et similaire à ce que l’olympisme a toujours proposé, est privilégié.
Dans le vent léger, les véliplanchistes découvriront le slalom.
Et un format marathon (longue distance) sera également de la partie, pour pousser la polyvalence des athlètes à leur paroxysme.
Si on ajoute à cela le fait que le nouveau support porte beaucoup d’attention à sa manière de communiquer, on comprend mieux pourquoi la planche à voile est en pleine révolution.
L’Argentin, premier champion du monde foil en 2018, et manager de la Classe IQFoil le reconnaît : On a aussi pris conscience qu’on est un sport d’eau trop éloigné de notre public.
Donc avec les moyens techniques possibles aujourd’hui, on veut essayer de créer un lien aussi avec les fans.
Retransmission live des courses, capacité à faire des petits montages regroupant les moments forts sur un championnat, diffusion sur les réseaux sociaux, livraison de photos quasi en direct…
On a vraiment envie d’aller chercher le public pour qu’il trouve la curiosité de regarder notre sport.
La planche à voile qui était autrefois en vase clos, veut et va désormais augmenter sa présence sur l’accès grand public.
Si sur l’eau, le foil donne des impressions de vol, sur terre, ses défenseurs comptent bien lui donner des ailes pour qu’il prenne son envol.
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