GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE Par Pr Philippe Chanson le 07-06-2019
Prendre trop de poids ou ne pas en prendre assez sont tous deux associés à des conséquences chez la mère et chez le nouveau-né et la prise de poids « idéale » reste finalement mal déterminée, en particulier en fonction du poids avant la grossesse.
Dans le cadre d’un vaste projet international « LifeCycle Project-Maternal Obesity and Childhood Outcomes », les données individuelles de 196 670 participantes à 25 études de cohorte réalisées en Europe et en Amérique du Nord ont été revues et une méta-analyse a été réalisée afin d’évaluer l’association entre toute une variété de gains de poids gestationnels et les complications maternelles et fœtales, afin d’estimer les plages optimales de gain de poids pendant la grossesse en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC) avant la grossesse.
Les données de 3505 participantes appartenant à 4 cohortes hospitalières distinctes ont été utilisées comme échantillon de validation. Les données ont été recueillies entre 1989 et 2015. Le critère d’évaluation principal était la survenue d’au moins un des événements indésirables suivants : prééclampsie, hypertension gravidique, diabète gestationnel, accouchement prématuré et petit ou gros poids de naissance pour l’âge gestationnel.
Sur 196 670 femmes d’âge médian 30,0 ans [Intervalle interquartile : 27,0 et 33,0 ans] de l’échantillon principal, 7 809 (4,0%) avaient un IMC <18,5 kg/m2, 133 788 (68,0%) un poids normal (IMC= 18,5-24,9), 38 828 (19,7%) étaient en surpoids (IMC= 25,0-29,9), 11 992 (6,1%) avaient une obésité de stade 1 (IMC = 30,0 à 34,9), 3284 (1,7%) une obésité de stade 2 (IMC = 35,0-39,9) et 969 (0,5%) avaient une obésité de stade 3 (IMC> 40,0). Globalement, 37,2% (n = 73 161) des femmes ont présenté un événement indésirable, allant de 34,7% (2706 sur 7809) chez les femmes maigres (IMC <1,5) à 61,1% (592 sur 969) parmi les femmes obèses stade 3.
Les fourchettes de gain de poids idéal pendant la grossesse étaient de 14 à 16 kg pour les femmes insuffisantes pondérales (IMC<18,5), de 10 à 18 kg en cas de poids normal, de 2 à 16 kg en cas de surpoids, de 2 à 6 kg en cas d’d’obésité stade 1, de 0 à 4 kg (perte ou gain de poids) en cas d’obésité de stade 2 et de 0 à 6 kg pour l’obésité de stade 3. Ces gammes de gain de poids pendant la grossesse étaient associées à une discrimination faible à modérée des patientes avec ou sans événements indésirables (l’aire sous la courbe ROC allait de 0,55 à 0,76). La performance discriminante dans l’échantillon de validation était la même que celle de l’échantillon principal (l’aire sous la courbe ROC allait de 0,51-0,79).
En conclusion, si l’on en croit cette méta-analyse, le risque d’événement indésirable pour la mère et l’enfant varie en fonction du gain de poids gestationnel et du poids avant la grossesse. Mieux connaître la prise de poids gestationnelle optimale permet de mieux informer les femmes lors des consultations prénatales. Cependant, les plages de gain de poids gestationnel optimal proposées ont une valeur prédictive assez limitée.
Sources : Life Cycle Project-Maternal Obesity and Childhood Outcomes Study Group Association of Gestational Weight Gain With Adverse Maternal and Infant Outcomes. JAMA. 2019;321:1702-1715.
La glycémie pendant la grossesse serait prédictive du risque ultérieur de maladies cardiovasculaires