Publié le 12/07/2018
Les smartphones sont devenus partie intégrante de la vie quotidienne. Ils offrent de nombreuses applications pour l’information, la communication et les jeux. De ce fait, le temps passé à leur usage augmente et entre dans la catégorie des conduites addictives. Les conséquences sont des problèmes de mobilité des doigts, de la nuque et du dos et surtout des troubles psychologiques (dépression, anxiété). Chez les adolescents, les smartphones perturbent les rythmes veille/sommeil et entrainent une somnolence diurne et une baisse des performances scolaires.
En Corée, le taux de pénétration des smartphones est de 88 %. C’est le plus élevé du monde. Afin d’en savoir plus sur les risques d’addiction chez les jeunes et les liens avec leur sommeil, des universitaires ont mené une étude transversale à Gwangju auprès de 1 796 adolescents utilisateurs (820 garçons et 976 filles). Les sujets ont été sélectionnés par école afin de représenter les différentes classes sociodémographiques. Ils ont répondu à deux questionnaires. L’un composé de 15 items (chacun côté de 1 à 4) avait pour but d’évaluer le risque d’addiction en explorant 4 domaines : perturbations des fonctions adaptatives, orientation vers la vie virtuelle, capacités de retrait et de tolérance. Les participants ont été classés « à risque » si leur score total excédait 42-44. L’autre questionnaire mesurait la durée du sommeil et la somnolence.
Un adolescent sur cinq à risque
L’âge moyen des participants était de 14,9 ± 1,8 an et la proportion d’utilisateurs « à risque » a été estimée à 19,9 % (15,1 % des garçons et 23,9 % des filles). Les filles utilisaient plus fréquemment que les garçons les réseaux sociaux (41,2 % vs 26,5 %) et la messagerie (23,6 % vs 12,8 % ; p < 0,0001). Les adolescents classés « à risque » d’addiction au smartphone consommaient plus de caféine et d’alcool, avaient moins d’amis proches, étaient plus fréquemment dans des classes de niveau inférieur et avaient de moins bons indices de santé. La proportion d’individus classés « à risque » avait tendance à augmenter avec la durée d’utilisation des smartphones.
Les participants rapportaient une durée moyenne de sommeil nocturne de 6,4 ± 1,7 heures. Dans le groupe « à risque » (en comparaison du groupe « faible risque »), la durée du sommeil était inférieure à 6 heures chez 40,4 % des adolescents vs 28,3 % (p < 0,0001), plus d’écoliers ne se sentaient pas reposés le matin et avaient un temps d’endormissement plus long. En analyse à variations multiples, le risque d’être dans le groupe « à risque » était 2 fois plus élevé chez les filles que chez les garçons (Intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,5 à 2,6), la consommation d’alcool était plus forte (odds ratio [OR] = 1,7 ; IC95 de 1,3 à 2,4). Les écoliers avec des performances scolaires médiocres avaient une probabilité augmentée d’être dans le groupe « à risque » d’addiction ainsi que ceux qui ne s’endormaient pas avant minuit (OR = 1,7) et n’étaient pas reposés le matin (OR = 1,6).
En conclusion, la qualité du sommeil des adolescents affecte la stabilité émotionnelle et les capacités d’apprentissage. De ce fait, prévenir l’addiction au smartphone est essentiel.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCES
Chung JE et coll. : Smartphone addiction risk and daytime sleepiness in Korean adolescents. J Pediat Child Health 2018 ; 54 : 800-806.
Copyright © http://www.jim.fr