Revue de presse Mediscoop du 10-05-2022 – Date de publication : 10 mai 2022
Cécile Thibert remarque dans Le Figaro que « sur les forums, les témoignages de parents inquiets de la puberté précoce de leur enfant sont nombreux.
Ce phénomène est effectivement à prendre au sérieux.
Car s’il est le plus souvent sans gravité, il peut aussi mettre en jeu la santé de l’enfant ».
La journaliste rappelle que « la puberté précoce répond à une définition bien précise ».
Le Pr Juliane Léger, pédiatre endocrinologue à l’hôpital Robert Debré (Paris), indique ainsi : « Il s’agit de l’apparition des premiers signes pubertaires avant l’âge de 8 ans chez la fille et 9 ans et demi chez le garçon ».
« En l’occurrence, un début de poussée mammaire chez les filles et une augmentation du volume des testicules chez les garçons.
Les filles sont environ 10 fois plus concernées que les garçons », remarque Cécile Thibert.
Le Pr Nicolas De Roux, chef du laboratoire de biochimie-hormonologie à l’hôpital Robert Debré, ajoute qu’« il y a une cascade chimique hormono-dépendante dans le cerveau qui démarre dans l’hypothalamus.
Cette petite région située au cœur du cerveau va donner le top départ de la puberté, ce qui va aboutir à l’activation des gonades (les organes sexuels, NDLR).
Ces dernières vont alors se mettre à sécréter les hormones sexuelles : œstrogènes chez la fille et testostérone chez le garçon ».
La journaliste s’interroge : « Pourquoi ce mécanisme se déclenche-t-il trop tôt ?
Très souvent, le mystère reste entier ».
Le Pr Léger note ainsi que « dans 80 à 85% des cas, on ne retrouve pas de cause précise après avoir fait une batterie d’examens ».
« Les médecins estiment toutefois que, dans environ un quart des cas, il y a des causes héréditaires », relève Cécile Thibert.
Elle note que « d’autres causes potentielles sont à l’étude.
« On sait que la nutrition joue un rôle très important.
L’augmentation de l’obésité chez l’enfant pourrait être en partie responsable de l’avancement de l’âge de la puberté », souligne le Pr Léger.
La piste de l’exposition à des perturbateurs endocriniens est également explorée ».
La journaliste indique que « la bonne nouvelle est qu’en cas de puberté précoce sans cause identifiée (on parle de puberté « idiopathique »), l’enfant ne court pas de risque grave dans l’immédiat pour sa santé.
Mais outre les conséquences psychologiques, l’inconvénient est que la vitesse de croissance s’accélère, et avec elle, la maturation osseuse.
Ces enfants ont donc le risque d’avoir une perte de plusieurs centimètres de leur taille adulte s’ils ne reçoivent pas un traitement adéquat ».
Cécile Thibert continue : « Dans 15 à 20% des cas, les médecins parviennent à trouver la cause de la puberté précoce. C’est là que les choses se corsent ».
Le Pr Léger explique que « soit la cause est centrale, c’est-à-dire au niveau du cerveau (tumeur, malformation), soit elle est périphérique.
C’est-à-dire qu’elle touche alors les ovaires, les testicules ou les glandes surrénales, situées au-dessus des reins ».
La journaliste retient que « plus la puberté débute tôt, plus le risque qu’une maladie grave se cache derrière est important. […] La multiplication des cellules tumorales au niveau du cerveau (plus précisément de l’hypothalamus), des gonades (ovaires et testicules) ou des glandes surrénales peut tout à fait déclencher la cascade hormonale de la puberté ».
Le Pr Léger indique que « c’est pour cela que l’on réalise systématiquement une IRM cérébrale lorsqu’une puberté précoce d’origine cérébrale est démontrée ».
Cécile Thibert ajoute que « toute lésion du cerveau (encéphalopathie, traumatisme crânien, méningite…) est susceptible d’entraîner une puberté précoce ».
Le Pr De Roux note en outre que « certaines maladies génétiques peuvent aussi être à l’origine de ce phénomène ».