Val-de-Marne - Conseil départemental (aller à l'accueil) Accueil > Newsletters > Sport santé et préparation physique = mis à jour le 22/03/2021

Le 26 novembre 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) annonçait la mise à jour de ses recommandations en matière d’activité physique (AP) (1).

Ces recommandations traduisent les avancées de la recherche au cours de la dernière décennie et orientent les décisions des chercheurs, des cliniciens et des politiques publiques dans le monde entier.

En quoi ces nouvelles préconisations diffèrent-elles de celles qui étaient en vigueur depuis 2010 ?

En faisant apparaitre la notion de « sédentarité » dans le titre de son document de référence, l’OMS inscrit ainsi la lutte contre la sédentarité comme un objectif majeur des recommandations.

Après avoir brièvement défini l’AP et la sédentarité, nous présenterons les bénéfices pour la santé d’une augmentation de l’activité physique et d’une diminution de la sédentarité. Puis, nous tenterons de répondre à une question majeure : l’activité physique peut-elle compenser les risques liés à la sédentarité ?

Activité physique, inactivité physique et sédentarité : des définitions consensuelles mais qui prêtent parfois à confusion

Le terme « sédentarité » regroupe les occupations passées en position assise ou couchée pendant les heures d’éveil pendant lesquelles la dépense énergétique est proche de celle de repos.

Il s’agit, par exemple, du temps passé assis au travail, devant un écran pendant les loisirs, ou encore assis dans les transports.

Le terme « activité physique » est défini comme tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques qui augmente la dépense énergétique (2).

L’AP peut donc être pratiquée à différentes intensités : légère, comme le simple fait de se mettre en position debout, modérée comme la marche ou élevée comme la course à pied ; et dans différents contextes de la vie quotidienne : au travail, à la maison, pendant les loisirs ou lorsque l’on se déplace.

L’activité physique dépasse donc très largement le cadre de la pratique sportive.

En ce sens, l’activité physique (position debout ou en mouvement) est l’opposée de la sédentarité (position couchée ou assise).

Le terme « inactivité physique » est quant à lui utilisé lorsque les recommandations d’AP pour la santé ne sont pas atteintes (c’est-à-dire que la durée d’AP est inférieure à la durée recommandée par l’OMS).

L’inactivité physique et la sédentarité sont donc des notions tout à fait distinctes qui ne peuvent pas être utilisées de manière interchangeable.

Nous pouvons illustrer cette distinction par les exemples suivants :

  • un étudiant passe souvent plusieurs heures par jour en position assise (il est ainsi « sédentaire ») mais peut aussi pratiquer une activité sportive plusieurs fois par semaine (il est alors « suffisamment actif »).
  • une infirmière passe de nombreuses heures en position debout (elle n’est pas « sédentaire ») mais peut aussi ne pas pratiquer suffisamment d’activité physique d’intensité modérée (elle est alors « inactive »).

Activité physique, sédentarité et relations avec la santé

Les bénéfices de l’activité physique sont désormais bien démontrés (3) : prévention de nombreuses maladies chroniques, meilleur contrôle des maladies chroniques lorsqu’elles sont installées, amélioration de l’humeur et prévention des troubles anxieux et dépressifs, ou encore augmentation de l’espérance de vie.

Selon des analyses récentes (4), 70 % des bénéfices potentiels de l’activité physique sont obtenus lorsque les personnes pratiquent 150 minutes par semaine d’activité physique d’intensité modérée comme la marche.

Réduire le temps sédentaire présente aussi de nombreux bénéfices pour la santé.

Bien que ce domaine de recherche soit plus récent et qu’un nombre plus restreint d’études soit disponible, des études épidémiologiques ont par exemple montré que l’espérance de vie augmente avec la diminution du temps sédentaire. Bien qu’il n’existe pas actuellement de consensus dans la communauté scientifique sur le seuil de sédentarité à ne pas dépasser, l’agence de Santé Publique Canadienne a pris le parti de fixer ce seuil à 8 h par jour (5).

L’OMS indique à ce titre que « les adultes devraient pratiquer une activité physique régulière et limiter le temps sédentaire ». Les recommandations plus précises sont présentées dans le tableau 1.

Tableau 1 – Recommandations de l’OMS (2020) pour les adultes (18-65 ans) (1)

Activité physique
  • Les adultes devraient pratiquer 150 à 300 min par semaine d’activité physique d’intensité modérée (ou 75 à 150 min par semaine d’AP d’endurance d’intensité élevée ou une combinaison des deux intensités).
    Exemples d’AP d’intensité modérée : marche, vélo de loisir, tennis en double…
    Exemples d’AP d’intensité élevée : course, cyclisme, natation, tennis en simple…
  • Les adultes devraient pratiquer au moins deux fois par semaine des exercices de renforcement musculaire d’intensité modérée à élevée impliquant les grands groupes musculaires.
  • Les adultes peuvent augmenter la durée d’activité physique au-delà de 300 min par semaine pour obtenir des bénéfices de santé supplémentaires.
Sédentarité
  • Les adultes devraient limiter le temps sédentaire. Remplacer la sédentarité par une activité physique est bénéfique pour la santé, quelle que soit son intensité (y compris si elle est légère).
  • Pour contrecarrer les effets d’un temps élevé de sédentarité, les adultes devraient augmenter leur durée d’activité physique au-delà des recommandations actuelles.

La pratique sportive encadrée s’inscrit pleinement dans ces recommandations de santé publique.

La pratique d’AP autonome peut aussi être recommandée par les éducateurs sportifs et les enseignants en APA en complément des séances d’APA qu’ils organisent.

Peut-on compenser le temps sédentaire par plus d’activité physique ?

Cette question anime la communauté scientifique depuis plusieurs années et reste toujours débattue.

Des études récentes de très grandes envergures (6), utilisant des accéléromètres mesurant l’activité physique et la sédentarité tout au long de la journée, ont permis de mieux comprendre comment l’activité physique et la sédentarité interagissent pour influencer l’état de santé.

Selon une étude publiée en 2020, la sédentarité est associée à une augmentation du risque de mortalité prématurée, et ce particulièrement chez les personnes peu actives.

À l’inverse, chez les personnes pratiquant plus de 30 à 40 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à élevée, la sédentarité ne semble pas associée au risque de mortalité.

D’autres études sont cependant nécessaires pour évaluer l’effet combiné de la sédentarité et de l’activité physique sur d’autres paramètres de santé comme la survenue de maladies chroniques.

Conclusion

La pratique d’activité physique semble compenser, au moins en partie, les risques liés à la sédentarité.

Les personnes peu actives, c’est-à-dire qui pratiquent moins de 30 à 40 min par jour d’activité physique d’intensité modérée comme la marche, doivent être fortement encouragées à limiter leur temps sédentaire.

Alice Bellicha
UFR-SESS-STAPS (Université Paris-Est Créteil)
INSERM, unité NutriOmique (Sorbonne Université)

Références

  • (1) Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 2020. WHO Guidelines on physical activity and sedentary behavior. Geneva: World Health Organization.
  • (2) Caspersen CJ, Powell KE, Christenson GM. Physical activity, exercise, and physical fitness: definitions and distinctions for health-related research. Public Health Rep. 1985 Apr;100(2):126–31
  • (3) INSERM 2019. Expertise collective. Activité physique – Prévention et traitement des maladies chroniques.
  • (4) PAGAC. Physical Activity Guidelines Advisory Comittee Report. Washington, DC : US Department of Health and Human Services. 2018
  • (5) SCPE/CSEP 2020. Directives Canadiennes en matière de mouvement sur 24 h pour les adultes âgés de 18 à 64 ans. Une approche intégrée regroupant l’activité physique, le comportement sédentaire et le sommeil
  • (6) Ekelund U et al. Joint associations of accelerometer measured physical activity and sedentary time with all-cause mortality: a harmonised meta-analysis in more than 44 000 middle-aged and older individuals. Br J Sports Med 2020; 54:1499–1506.