Publié le 17/12/2020
La pré-éclampsie (PE) expose la mère et le fœtus à des complications sévères.
Le seul traitement curatif étant l’arrêt de la grossesse, dans quelles limites peut-on prolonger celle-ci pour diminuer le risque fœtal lié à la prématurité sans prendre un risque démesuré pour la mère ?
Au risque maternel immédiat s’associe un risque à long terme : 40 % des femmes qui ont développé une PE durant leur grossesse présentent des altérations cardiaques structurelles ou fonctionnelles asymptomatiques à 1 an, 25 % une HTA dans les années suivantes, et 20 % un syndrome métabolique.
Une étude observationnelle a été menée au Maastricht University Medical Centre à partir des données d’une consultation spécifique de post-partum chez des primipares qui avaient souffert d’une PE avant 34 SA.
Le but de l’étude était d’évaluer les conséquences de la prolongation de la grossesse sur les fonctions cardiovasculaires, rénales et métaboliques maternelles.
Les dossiers sélectionnés concernaient des primipares sans antécédents (connus) d’hypertension artérielle, de diabète ou de pathologie rénale avant la grossesse.
Cinq cent soixante-quatre primipares chez qui une PE avait été diagnostiquée entre 24 et 34 SA, et chez qui la grossesse avait été prolongée en moyenne de 10 jours (4 à 18 j), ont été revues 8 mois après la fin de la grossesse.
Le bilan comprenait les mesures de la TA et de l’IMC, un bilan biologique de la fonction rénale et du métabolisme glucido-lipidique, un ECG et une échocardiographie.
Risque modéré de la prolongation de la grossesse sur la fonction cardio-vasculaire maternelle en post-partum
La grossesse avait été davantage prolongée chez les femmes qui avaient les âges gestationnels les plus bas lors du diagnostic.
L’incidence de Hellp-syndrome (hemolysis elevated liver enzymes and low platelet syndrome) a été plus marquée chez les femmes qui avaient eu les prolongations les plus courtes.
L’évaluation des fonctions cardiaque, vasculaire, rénale et des éléments du syndrome métabolique ne montrait pas de différences liées à la durée de la prolongation de la grossesse.
Seule une augmentation modérée de l’albuminurie semblait liée à la durée de cette prolongation, Odds ratio ajusté aOR =1,025, intervalle de confiance à 95 % IC : 1,006-1,045 par jour, sans augmentation sévère de la protéinurie.
Il n’y avait pas chez les enfants de complications liées à la durée de la prolongation, ils avaient un poids de naissance plus élevé, et la durée de la prolongation de la grossesse s’accompagnait d’une diminution significative de la mortalité infantile, aOR= 0,907, IC 0,852-0,965 par jour.
Dr Catherine Vicariot
RÉFÉRENCES: Mulder EG et coll. : Effect of pregnancy prolongation in early‐onset pre‐eclampsia on postpartum maternal cardiovascular, renal and metabolic function in primiparous women: an observational study. BJOG, 2021 ; 128. (1):121-129. doi: 10.1111/1471-0528.16435.
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Le cœur des mères vraiment en danger après une pré-éclampsie