NUTRITION   –   Par Marielle Ammouche le 23-05-2019

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Représentant une alternative pour les personnes désirant diminuer leur consommation de produits animaux, les aliments à base de soja se sont multipliés dans les étals des magasins et dans nos assiettes. Mais sont-ils vraiment surs pour la santé ? L’UFC-Que Choisir émet des doutes, et saisit l’Anses et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour approfondir cette question.

Le soja est, en effet une source importante d’isoflavones, des phytoestrogènes, et donc potentiellement perturbateurs endocriniens et carcinogènes.

Déjà en 2005, un avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sur la sécurité et les bénéfices des phytoestrogènes apportés par l’alimentation, avait incité à la prudence et souligné la nécessité de bénéficier de nouvelles données dans ce domaine et d’améliorer l’information de la population. Ainsi, le texte affirmait, dans ses conclusions : « Les études animales montrent que les phases précoces du développement des organes sexuels (pendant la gestation et la lactation) sont particulièrement sensibles à l’exposition aux phyto-estrogènes ».

Les experts conseillaient « d’éviter chez la femme enceinte et allaitante une consommation élevée d’isoflavones, notamment sous la forme de compléments alimentaires », ainsi que les produits à base de soja chez le nourrisson et l’enfant en bas âge.

En outre, sur le risque cancéreux, les experts déclaraient que « les études animales montrent que les isoflavones peuvent favoriser la prolifération et la croissance de tumeurs mammaires hormonodépendantes, suggérant un risque potentiel pour les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers du sein hormonodépendants ».

Pour en savoir plus, l’UFC-Que Choisir, a réalisé des tests, qui n’ont rien de scientifiques, mais qui visent à interpeller les autorités de santé. L’association a ainsi mesuré les doses de phytoestrogènes dans 55 aliments courants à base de soja (plats préparés, biscuits, desserts, boissons, apéritifs et sauces) afin de calculer l’exposition des consommateurs par rapport aux valeurs jugées tolérables par l’Anses (septembre 2016). « Les résultats sont particulièrement préoccupants », affirme l’association dans un communiqué.

Les produits les plus mal notés excèdent, en effet, « très largement les doses maximales admissibles ». Cela concerne particulièrement certaines boissons au soja, dont le taux dépasse de 50% la dose maximale admissible, des plats cuisinés, qui peuvent contenir trois fois et demie cette dose, voire des graines de soja pour apéritif qui renferment plus de 5 fois la dose maximale.

Le soja, du fait de son faible coût, est aussi « caché » dans des produits tels que des boulettes de viandes avec, là aussi, une exposition élevée. « Ainsi, sur les douze produits à base de viande de notre échantillon (boulettes ‘au bœuf’, nuggets ‘au poulet’, tomates farcies …), cinq d’entre eux apportent dans une portion plus d’un quart de la dose maximale » affirme l’UFC-Que Choisir.

L’association met donc en garde contre le cumul de ces aliments, et une consommation régulière qui « expose les consommateurs à de forts dépassements équivalents à deux fois et demie la dose maximale admissible pour les adultes ou les enfants ». L’association recommande « de ne pas consommer plus d’une portion de produit à base de soja par jour », et de les éviter complètement chez les enfants de moins de trois ans et les femmes enceintes. Pour en savoir plus, l’association saisit l’Anses pour « réévaluer le niveau de risque pour les consommateurs et, si nécessaire, définir des doses maximales d’application obligatoires ».

Elle demande aussi à la DGCCRF de « rendre obligatoires sur l’étiquetage les teneurs en phytoestrogènes présentes dans les produits, ainsi qu’une mention sur les restrictions à la consommation pour les enfants et les femmes enceintes ».

Sources :   UFC que choisir, 23 mai 2019.