Actualités – publiée le 10/09/2018 par Équipe de rédaction Santélog
Clinical and Translational Gastroenterology
Brouillard cérébral, ballonnements, l’utilisation de probiotiques peut entraîner des symptômes spécifiques parfois sévères, relève cette étude de l’Université Augusta (US) qui, en soulignant ces effets indésirables, rappelle, dans la revue Clinical and Translational Gastroenterology, que les probiotiques ne sont pas sans effet et doivent être « pris au sérieux », comme l:n ,,,es médicaments.
La prise de probiotiques peut en effet favoriser une accumulation importante de bactéries dans l’intestin grêle, ce qui peut rendre le « cerveau embrumé » et le « ventre gonflé », rapporte le Dr. Satish SC Rao, directeur du service de neurogastroentérologie du Medical College of Georgia à l’Université Augusta.
Ici, sur 30 patients ayant reçu des probiotiques, 22 signalent des problèmes de confusion ou de concentration, des gaz et des ballonnements. Certains font état d’une sorte de « fièvre cérébrale » qui se prolonge d’une demi-heure à plusieurs heures après le repas, et peut, dans certains cas les empêcher de travailler au point de devoir quitter leur emploi. Lorsque les chercheurs tentent de comprendre pourquoi, ils constatent que de grandes colonies de bactéries se reproduisent dans l’intestin grêle des patients (SIBO : small intestinal bacterial overgrowth) et observent également des niveaux sanguins très élevés d’acide D-lactique produits par la fermentation des sucres dans alimentation. Précisément,
- tous les patients présentant une sorte de congestion cérébrale (brain fog) avaient pris des probiotiques ;
- la reproduction de grandes colonies bactériennes dans l’intestin grêle était également plus fréquente dans le groupe « brain fog » (68% contre 28%) ;
- ce phénomène de SIBO semble s’expliquer par un mouvement des aliments dans le tractus gastro-intestinal plus lent chez ces mêmes patients ;
- les patients présentant le « brain fog » présentent également une prévalence plus élevée d’acidose D-lactique, respectivement 77% contre 25% ; l’acide D-lactique est connu pour son caractère temporairement toxique pour les cellules cérébrales, et est donc capable d’entraver la cognition, la pensée et même la notion du temps. Or ici, certains patients ayant pris des probiotiques ont jusqu’à 2 à 3 fois la quantité normale d’acide D-lactique dans leur sang.
- enfin, lorsque les patients cessent de prendre des probiotiques, leur brouillard cérébral se dissipe ;
Congestion cérébrale et ballonnement intestinal à la fois : c’est la première fois qu’une étude fait état d’un facteur commun de la congestion cérébrale et de ballonnements intestinaux à la fois. Le processus est clair, les probiotiques favorisent la prolifération bactérienne dans l’intestin grêle et des niveaux élevés d’acide D-lactique dans l’intestin.
Les probiotiques devraient être considérés comme des médicaments : les bactéries probiotiques ont la capacité unique de décomposer le sucre et de produire de l’acide D-lactique et, s’ils sont bénéfiques dans certaines situations, par exemple pour restaurer les bactéries intestinales après la prise d’antibiotiques, il reste nécessaire de faire preuve de prudence contre leur utilisation excessive et injustifiée. Les probiotiques devraient être traités comme un médicament et non comme un complément alimentaire », a déclaré Rao, notant que de nombreuses personnes prescrivent elles-mêmes les bactéries vivantes, considérées comme bonnes pour la digestion et la santé générale.
Le traitement par probiotiques doit être personnalisé : « Maintenant que nous pouvons identifier le problème, nous pouvons le traiter », expliquent les chercheurs qui indiquent, en cas de suspicion, un diagnostic par analyses d’haleine, d’urine et de sang pour détecter l’acide lactique et par endoscopie pour l’analyse des petits intestins et identification des bactéries responsables. On sait que l’utilisation de probiotiques peut être particulièrement problématique chez les patients qui prennent des opioïdes et des inhibiteurs de la pompe à protons, qui réduisent la sécrétion d’acide gastrique et bloquent l’élimination naturelle des bactéries excessives. Une grande variété de conditions comme le diabète, ou de médicaments comme les antidépresseurs et les minéraux comme le fer, peuvent également ralentir les mouvements et augmenter le risque d’effets indésirables des probiotiques.
Bref, les probiotiques ne sont pas à prendre à la légère.
Source: Clinical and Translational Gastroenterology 19 June 2018 Brain fogginess, gas and bloating: a link between SIBO, probiotics and metabolic acidosis
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