Publié le 31/08/2018
Comme le savent certainement les professionnels de santé, l’OMS préconise au moins 150 minutes d’activité physique (AP) d’intensité modérée par semaine pour les adultes. Pour aider la population à atteindre ce « graal », on pense logiquement à la marche qui est l’une des AP les plus accessibles, que ce soit sur le plan du budget, de la logistique ou de l’équipement.
Or, les études sur les interventions visant à promouvoir la marche se sont jusqu’à présent essentiellement cantonnées à des approches individuelles ou collectives ; ces dernières présentant néanmoins l’inconvénient de nécessiter beaucoup de ressources et d’être difficiles à intensifier. Qu’en est-il des approches de santé publique ?
La Déclaration de Bangkok de 2017 sur l’AP souligne la contribution que peuvent apporter des programmes de prévention à la promotion de la marche et de l’AP, quel que soit le niveau de risque individuel.
Six grands canaux d’intervention peuvent être cités :
les campagnes médiatiques et éducatives,
l’étiquetage
et l’information du consommateur,
les incitations économiques (fiscalité et subventions),
les approches scolaires et professionnelles,
les changements environnementaux locaux,
et les restrictions et les mandats directs.
Une revue systématique dans BMJ Sports Medicine examine l’efficacité de ces approches pour promouvoir la marche parmi les individus et les populations. Elle a concerné les études menées entre janvier 1990 et mars 2017 ayant évalué les effets sur la population d’interventions sur la marche, pré-expérimentales et post-expérimentales, par comparaison avec une absence d’intervention, une zone ou une population témoin, ou encore une variation d’exposition, pour une durée de suivi de plus de 12 mois.
Campagnes médiatiques, initiatives communautaires, et modification de l’environnement
Douze études ont été identifiées, conduites principalement dans des pays urbains à revenu élevé. Une seule reposait sur l’augmentation des taxes de stationnement sur le lieu de travail, la réduction du nombre de places de stationnement et la facilitation de l’utilisation d’autres modes de transport. Une seule autre a évalué l’impact de la mise en œuvre d’une nouvelle politique ciblant la promenade des chiens dans les parcs urbains. Cinq études ont eu recours via des médias de masse à des approches environnementales (n = 2) ou communautaires (n = 3) (par exemple : campagnes, groupes de marche).
Quatre études ont combiné modifications de l’environnement avec mise en place de nouvelles infrastructures cyclables et pédestres. Une étude visait les sujets d’âge scolaire à travers un programme de développement d’itinéraires aménagés et sûrs vers les écoles.
L’analyse montre que l’utilisation des médias de masse, les initiatives communautaires et les modifications de l’environnement semblaient les plus efficaces pour promouvoir une augmentation du temps de marche (de 9 à 75 min/semaine).
Le temps de marche semblait également s’allonger lorsque les interventions se situaient à la fois dans les domaines du transport et des loisirs. Cependant, en raison de l’hétérogénéité et du petit nombre d’études, il est difficile de donner des conclusions sur les activités spécifiques. Il est à noter que seulement quatre études ont évalué l’impact sur la marche au-delà d’un suivi de 12 mois.
Par ailleurs peu d’études ont évalué l’impact d’approches économiques, telles que la fiscalité ou les subventions, stratégies suscitant pourtant beaucoup d’intérêt dans d’autres domaines de la santé publique comme la nutrition (taxes sur les boissons sucrées) ou le tabac, avec des résultats plus ou moins établis.
De même, peu d’interventions ont impliqué l’environnement social et familial, bien que celui-ci ait été défini comme un déterminant important de l’AP.
Anne-Céline Rigaud
RÉFÉRENCE
Foster C et coll.: What works to promote walking at the population level? A systematic review. BMJ Sports Med.,2018 52 : 807-812.. doi: 10.1136/bjsports-2017-098953.
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