Publié le 12/07/2018
Un jeune américain sur 5 est actuellement obèse. Identifier les facteurs de risque modifiables est devenu une priorité de santé publique. S’il est admis que la génétique joue un rôle dans l’obésité, le bond rapide observé ces dernières années est plutôt attribué à des modifications du style de vie. Manque d’exercices physiques, occupations plus sédentaires, alimentation trop riche sont autant de facteurs dont l’impact sur l’épidémie d’obésité ne fait plus de doute.
De précédents travaux ont montré que les choix de mode de vie des enfants sont grandement influencés par ceux de leur mère. Il est donc permis de penser que si la mère a un style de vie bénéfique à la santé, cela peut influencer les habitudes de l’enfant et réduire son risque d’obésité.
Le tabagisme ou l’abus d’alcool chez la mère sont déjà associés à une augmentation du risque d’obésité. Mais peu d’études ont jusqu’à présent été consacrées à l’impact que peut avoir une mère réunissant tous les comportements bénéfiques à la santé : indice de masse corporelle (IMC) normal, alimentation de bonne qualité, exercices physiques réguliers, pas de tabagisme, consommation d’alcool faible ou modérée. Tous ces facteurs réunis sont-ils associés à une réduction du risque d’obésité chez les enfants et si oui, dans quelle mesure ?
Plus de 40 000 sujets et un suivi médian de 5 ans
Pour répondre à ces questions, une équipe états-unienne a réalisé une étude prospective de cohorte incluant 24 289 enfants âgés de 9 à 14 ans non obèses au démarrage de l’étude et leur mère (n = 16 945). Pendant un suivi médian de 5 ans, 5,3 % des enfants ont développé une obésité. Sans trop de surprise, le risque de survenue d’une obésité est inférieur chez les enfants dont les mères ont conservé un IMC normal, pratiquent chaque semaine au moins 150 mn d’activité physique modérée à vigoureuse, ne fument pas et consomment de l’alcool avec modération. En revanche, une alimentation « healthy » n’est pas significativement associée au risque d’obésité.
Cette réduction du risque est tout sauf négligeable, puisqu’elle atteint 75 % pour les enfants des femmes qui ont adopté les 5 attitudes bénéfiques par rapport à ceux dont les mères n’ont adopté aucun de ces comportements. Le risque est encore réduit, jusqu’à 82 %, quand le style de vie « healthy » est suivi à la fois par la mère et ses enfants.
Le mécanisme par lequel ces 5 comportements influencent le poids de l’enfant n’est pas clair. S’il peut se comprendre assez facilement pour l’activité physique (les mères actives incitent leurs enfants à bouger) ou l’alimentation, le rôle du tabac et de l’alcool sont moins évidents. L’une des hypothèses des auteurs est que le tabagisme et le mésusage de l’alcool seraient associés à un terrain plus anxieux, voire dépressif, chez la mère, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le poids de l’enfant.
En attendant d’en savoir plus, ces données chiffrées peuvent dès à présent encourager les mères à adopter pour elles des habitudes de vie bénéfiques pour la santé, avec l’idée qu’elles serviront d’exemple pour leurs enfants. Reste à savoir ce qu’il en est de l’influence du mode de vie des pères.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE
Dhana K et coll. : Association between maternal adherence to healthy lifestyle practices and risk of obesity in offspring: results from two prospective cohort studies of mother-child pairs in the United States. BMJ 2018 ; 362 : k2486.
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