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Charline Picon est une véliplanchiste, une championne sportive, une jeune maman d’une petite fille de 4 ans, Lou, une diplômée de kinésithérapie et une gérante d’entreprise…

Si pour beaucoup d’athlètes, la période liée à la pandémie du Covid-19 a rimé avec creux et attente, pour la Rochelaise, en quête d’un doublé olympique historique, ces années 2020 et 2021 ont été celles d’une amorce concrète à la vie d’après le sport de haut niveau.

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En mars 2021, Charline Picon devenait championne d’Europe de planche à voile RS : X pour la cinquième fois de sa carrière. | VILAMOURA SAILING

Ouest-France  Mélina NICOLLEAU. Publié le 30/07/2021 à 06h03

Casquette, costumes, facettes, visages…

Appelez cela comme bon vous semble, mais Charline Picon est bien une championne aux multiples talents.

La Rochelaise est une véliplanchiste, dont le carburant pour partir à la conquête des médailles est un mélange de bon stress​, de détermination, et de capacités physiques.

Médaillée d’or aux Jeux olympiques de Rio en 2016, la Française est de retour parmi les meilleures mondiales sur le support RS : X, après un retour sur les plans d’eau qu’en avril 2018, après une pause maternité pour donner naissance à Lou, sa fille, durant l’été 2017.

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Charline Picon, avec le sourire et sa casquette sur la tête, est juste sortie de l’eau portugaise de Vilamoura après son titre européen 2021, mais doit déjà penser à partir pour retrouver sa fille en France et régler un problème de cryothérapie à son cabinet. | MÉLINA NICOLLEAU

L’envie d’un doublé olympique historique

Alors évidemment, depuis le début de sa préparation, l’envie de réaliser le doublé olympique est son seul objectif :

« Entre Rio 2016 et Tokyo 2021, il y a eu cinq ans.

Mais oui clairement, ce challenge du doublé m’a tenté.

En plus de vraiment aimer cette vie et que le corps a répondu présent.

Je trouve toujours autant de plaisir à pousser le curseur de la performance sur tel ou tel point.

Et personne n’a jamais réussi ça, le doublé en or, seulement celui de remonter sur le podium pour une autre couleur de métal.

Et en plus c’est la dernière fois que le RS : X est aux JO, donc ça sera beau de repartir avec le dernier titre décerné (sourires). »

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À 36 ans, la Tricolore vit aussi ce qui pourrait être sa dernière olympiade.

Même si la perspective d’évoluer à domicile lors des Jeux de Paris 2024 est une autre forme de tentation pour motiver Charline Picon.

Sur l’IQFoil, non a priori, mais peut-être d’autres supports ​, commente la protégée de Cédric Leroy et Julien Bontemps.

Son homologue masculin, Thomas Goyard, a lui déjà fait la transition vers le foil, et il a pourtant essayé de convaincre la médaille de bronze des Mondiaux d’avril 2021 :

​« C’est vrai qu’avec Julien Bontemps, j’ai un peu convaincu Charline d’essayer (rires).

Mais pour les qualifiés olympiques, on va avoir un an de retard sur ceux qui visent 2024.

Même si on ne fait pas rien non plus.

Ça sera un challenge à relever.

Après, je pense que tous les gens forts en planches à voile le seront en foil.

Les gens techniques et fins, comme Charline, s’adaptent.

Ceux très physique uniquement, ça passe dans certaines conditions, mais ils ont des gros trous. »

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Charline Picon avec Cédric Leroy et Julien Bontemps après sa victoire sur les championnats d’Europe RS : X 2021. | DR

Et la préparation d’une olympiade, la quintuple championne d’Europe RS : X est loin de la prendre à la légère.

Parce qu’elle a le statut de fille à abattre​, mais aussi parce que la Rochelaise est minutieuse et perfectionniste, malgré un emploi du temps de ministre : vie de sportive, de maman et de chef d’entreprise depuis le lancement d’un projet de cabinet de Kinésithérapie et cryothérapie qu’elle a décidé de mener de bout en bout.

Elle reconnaît tout de même avoir eu des pics et des chutes de formes sur la durée : Avoir la même gnaque et énergie, c’est compliqué, car c’est un curseur fin, et tout ça est très énergivore.

Mais après un changement d’importance dans la constitution de son groupe d’entraînement, Charline Picon s’est aussi ainsi offert plus de libertés.

Elle détaille : « Je navigue avec des jeunes garçons, Yun Pouliquen, Fabien Pianazza, et Matéo Dussarps.

Ils me challengent tous, et chacun a sa spécificité selon les conditions de vent.

Ils sont déjà tournés vers le nouveau support IQFoil, mais ils ont aussi peut-être plus à apprendre de la dernière ligne droite d’une prépa olympique que de se lancer vers 2024.

C’est gagnant-gagnant disons.

Mais ils ne font pas à manger, ni le ménage (rires). »

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La jeune maman de la petite Lou, 4 ans, a aussi envie de partager son aventure, même si le Covid-19 est venu perturber les plans d’une présence de toute sa petite bande et de sa famille sur le site olympique nippon.

« Partager mon aventure avec eux, c’est ultra-motivant.

Ça arrive à un bon moment dans ma carrière.

Gagner une médaille seule, très bien, mais le partage des émotions, c’est génial.

Ce que j’ai vécu à Rio était fou, donc si je peux les faire vibrer un peu, ça serait top.

La grande fête du sport à Tokyo va être particulière…

Mais j’espère que ça sera le lancement d’un nouveau départ dans la vraie vie normale !

En tout cas, j’ai les armes et tout ce qu’il faut pour préparer les JO de la meilleure des façons. »

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Charline Picon célébrant son cinquième titre européen en mars 2021. | *VILAMOURA SAILING / DR

Maman et chef de projet, l’après est déjà commencé

Parmi ses armes, Charline Picon dispose notamment d’un cabinet de kinésithérapie et cryothérapie, juste en face le musée maritime à La Rochelle.

Un projet sorti de terre durant l’année 2020, ouvert en 2021, et nommé FLOW.

Un terme anglais utilisé lorsqu’un individu est en harmonie avec ses capacités physiques et son corps, tirant le meilleur de son potentiel sans se mettre dans le rouge.

Mon cabinet de kiné me permet de faire toute ma prépa physique à la maison (rires).

Depuis Rio, je cherchais vraiment à penser et construire une après-carrière.

Mais on a des vies tellement hautes en émotions, j’avais donc besoin de challenge, comme monter ma boîte à mon image.

Même en stage je passe des coups de fil pour la déco ou les travaux.

Je n’avais pas le temps de me reposer. Et par cette année particulière, réussir à tout concilier, j’ai l’impression que ça m’a fait grandir et prendre en hauteur.

Je n’ai pas mal vécu tout ça donc, parce que j’ai trouvé de nouvelles occupations.

Je fais tout, la planification, la communication, la maîtrise d’œuvre. C’était la folie à 100 km/h, mais c’est aussi très important pour mon équilibre perso.

Avec son diplôme de masseur-kinésithérapeute obtenu en 2010, côtoyer à nouveau des patients a même donné envie d’y remettre la main ​à Charline Picon.

Tout ce parcours, depuis Rio et son triomphe au Brésil, aurait pu en épuiser plus d’un.

Mais pas la championne française, qui a même récemment postulée pour être porte-drapeau de la délégation des Bleus aux JO de Tokyo.

Histoire d’avoir une nouvelle corde à son arc.

Et le cri lâcher en mars 2021 à Vilamoura (Portugal), au moment de glaner sa cinquième couronne européenne, ne vient finalement que symboliser la résistance d’une femme à tout faire, présente sur tous les fronts.

Je ne crie pas comme ça souvent.

Mais les adversaires ont les crocs, et l’envie de me battre.

Sauf que c’est raté pour cette fois (rires). Je prends toutes ces médailles, et j’aime bien arriver avec cette position de leader.

Mais la seule régate que je veux réussir, c’est celle des Jeux Olympiques​, conclu Charline Picon, sa casquette toujours bien viser sur sa tête.

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