Publié le 14/06/2021
La pandémie de Covid-19 et les mesures restrictives mises en place pour limiter la propagation du virus ont provoqué une rupture brutale dans la vie des adolescents et de leur famille.
Des premiers travaux ont rapidement alerté, indiquant une augmentation des symptômes dépressifs et de la consommation d’alcool chez les adolescents.
L’impact précis de la pandémie est toutefois difficile à évaluer, de nombreux facteurs entrant en ligne de compte dans l’appréciation des phénomènes dépressifs survenant dans cette classe d’âge.
Une étude islandaise fournit de nouvelles données.
Il s’agit cette fois d’une étude longitudinale, réalisée au niveau populationnel, intégrant les résultats d’enquêtes menées auprès d’adolescents de 13 à 18 ans, en octobre ou février 2016 et 2018 et en octobre 2020.
Les enquêtes portaient sur la présence de symptômes dépressifs, attestés par la Symptom Checklist-90, le bien-être mental mesuré par l’échelle de bien-être de Warwinck-Endinburgh, et la fréquence de consommation de cigarettes, e-cigarettes ou alcool. Près de 60 000 réponses ont été collectées.
Les filles seraient plus affectées
Les réponses aux questionnaires et leur comparaison au fil des années confirment une augmentation des symptômes dépressifs, pour chaque classe d’âge.
Après ajustement pour le genre et le statut familial, si l’augmentation moyenne est de 3,2 % entre 2016 et 2018, elle est de 9,5 % entre 2018 et 2020.
L’impact semble supérieur chez les filles en comparaison des garçons : la présence de scores élevés de symptômes dépressifs est particulièrement en augmentation chez celles-ci, de chaque classe d’âges (exceptées les 15 ans), alors qu’elle ne concerne que les garçons de 17 et 18 ans.
Le bien-être mental est lui aussi altéré, avec une diminution moyenne des scores de 1,6 % entre 2016 et 2018, mais de 5,4 % entre 2018 et 2020, concernant indifféremment les filles et les garçons.
En revanche, le tabagisme, l’utilisation de la e-cigarette et les intoxications à l’alcool diminuent pendant la pandémie, sans différence de genre.
Les auteurs précisent qu’en Islande les mesures restrictives ont été assez modérées, par rapport à d’autres pays.
Les résultats de cette étude mettent en lumière la nécessité de poursuivre les investigations afin d’établir comment les jeunes ont été affectés, en fonction de l’âge, du statut social ou de la présence de troubles psychiatriques préexistants.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Thorisdottir IE et coll.: Depressive symptoms, mental wellbeing, and substance use among adolescents before and during the COVID-19 pandemic in Iceland: a longitudinal, population-based study.
Lancet Psychiatry, 2021 ; Publication avancée en ligne le 3 juin . doi: 10.1016/S2215-0366(21)00156-5.
Copyright © http://www.jim.fr
Santé mentale et covid-19, ce sont les jeunes les plus vulnérables !