https://www.jim.fr/e-docs/00/02/C2/92/carac_photo_1.jpg Publié le 19/12/2019

Un déclin progressif du système immunitaire survient avec l’âge, que l’on désigne sous le terme d’immunosénescence. Il concerne à la fois l’immunité innée et l’immunité adaptative. Pratiquement toutes les cellules impliquées dans l’immunité sont concernées. Les neutrophiles, macrophages, cellules dendritiques et « cellules tueuses naturelles », cellules du système inné jouant le rôle important de « premiers répondeurs », ont toutes des fonctions altérées. Quand au système adaptatif, il est lui aussi sujet à des dysfonctionnements.

La conséquence la plus commune de l’immunosénescence est la plus grande sévérité des infections chez les personnes âgées. Mais elle entraîne aussi une altération de la réponse aux vaccins et donc une protection réduite pour les maladies évitables par la vaccination. Cela a été maintes fois décrit, notamment par les nombreuses études réalisées sur la vaccination contre la grippe, qui montrent des taux d’anticorps plus bas et une immunité cellulaire moindre chez les personnes âgées après la vaccination, en comparaison avec les sujets plus jeunes.

Il est reste nécessaire de tenter de prévenir par la vaccination les infections chez le sujet âgé. La grippe et les pneumopathies notamment sont des causes fréquentes de décès dans cette population. Une équipe canadienne fait le point sur l’épidémiologie des différentes infections évitables par les vaccins et les indications vaccinales dans cette classe d’âge.

Grippe, pneumopathies, zona…tous plus graves chez la personne âgée

La grippe en premier lieu, touche particulièrement les sujets âgés. Le taux de mortalité chez les personnes de 75 ans et plus est 4 à 8 fois plus élevé que celui des personnes de 65 à 74 ans et plus de 50 fois supérieur à celui des moins de 65 ans. Au moins 90 % des décès liés à la grippe surviennent chez des personnes de 60 et plus. Il est reconnu que l’efficacité de la vaccination est loin d’être parfaite chez la personne âgée. Des vaccins à haute dose sont en cours de développement et ont été commercialisés dans certains pays.

Les infections respiratoires basses et les infections invasives à pneumocoque sont elles aussi associées à des taux de mortalité et de morbidité élevés chez les personnes âgées. Deux types de vaccins ont été développés. Le vaccin polysaccharidique à 23 valences (PPV23), le premier commercialisé, a prouvé son efficacité pour la prévention des infections invasives, mais son intérêt pour la prévention des pneumopathies est moins évident. Sont ensuite apparus les vaccins conjugués, à 7 valences d’abord, puis à 13 valences (PCV13).

Ce dernier a montré que, chez l’adulte, il réduisait le 75 % le risque d’infection invasive et de 45,6 % celui des pneumopathies. Il est désormais recommandé pour les personnes à risque non antérieurement vaccinées, d’administrer le PCV13 suivi du PPV23 au moins 8 semaines plus tard chez les sujets immunodéficients ou 1 an plus tard chez les immunocompétents.

Autre vaccin recommandé chez les personnes âgées, celui contre le zona. L’incidence du zona connaît une forte augmentation avec l’âge, passant de 0,86 pour 1 000 à 19 ans, à 12,78 pour 1 000 à partir de 80 ans. Le risque de névralgie post-zostérienne augmente lui aussi avec l’âge. Un vaccin vivant atténué est disponible, avec un taux d’efficacité de 49,1 %. Un vaccin recombinant, dont l’efficacité semble supérieure, est disponible dans certains pays.

Se « réimmuniser » contre la coqueluche ou le tétanos est parfois justifié

Parmi les vaccinations des adultes, il ne faut pas oublier celle contre le tétanos, les données de surveillance montrant que moins de la moitié des personnes âgées conservent un taux d’anticorps protecteur contre le tétanos. Le vaccin contre la coqueluche peut être recommandé dans le cadre du cocooning.

Enfin, certaines situations nécessitent une attention particulière. Les auteurs citent notamment les sans-abri (hépatite A), les migrants âgés (hépatite A), les patients porteurs du HIV, ceux atteints de cancer ou de pathologie rénale, ceux ayant bénéficié d’une greffe d’organe, les voyageurs internationaux, etc.

La vaccination est l’un des composants du maintien d’une bonne santé chez les personnes âgées. Les soignants doivent maintenir leur attention sur le respect du calendrier vaccinal dans cette catégorie de patients.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE : Coll PP. et coll. : The Prevention of Infections in Older Adults : Vaccination J Am Geriatr Soc., 2019 ; publication avancée en ligne le 15 octobre. doi: 10.1111/jgs.16205.

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