• Val-de-Marne - Conseil départemental (aller à l'accueil) mis à jour le 13/02/2020

Un grand nombre d’entre nous, athlète ou encadrant, s’est au moins une fois posé la question de savoir s’il était pertinent ou imprudent de pratiquer ou de faire pratiquer une activité physique lors d’une infection virale comme par exemple, une rhinopharyngite, un mal de gorge ou une gastro-entérite. Il s’avère que certains symptômes peuvent être bien plus problématiques que nous le pensons.

Y a-t-il des risques à pratiquer une activité intensive ou modérée durant un épisode infectieux ? Quels sont les signaux d’alerte à respecter ? Quand et comment reprendre l’entrainement ? Les informations données dans les lignes qui suivent ne peuvent en aucune façon remplacer un avis médical. Seul un médecin a les compétences pour statuer sur l’état de santé d’un athlète et pour autoriser ou contre-indiquer la pratique sportive.

Quels symptômes doivent rendre le sportif prudent ?

La question de pratiquer une activité physique malgré la présence de signes d’infection (écoulement nasal, toux, …) peut être une décision délicate, notamment à certains moments déterminants de la saison de compétition. Les infections les plus souvent rencontrées (à la fois fréquentes, banales et bénignes) et qui nous interrogent sur la possibilité de nous entraîner, sont les IVRS (Infections des Voies Respiratoires Supérieures).

Les recommandations d’Eichner «The Neck-check Revue Médicale Suisse »

En l’absence de fièvre et de symptômes comme la diarrhée, la toux, les douleurs musculaires (myalgies) et articulaires (arthralgies), le docteur E.R  Eichner, médecin hospitalier dans l’Oklahoma (USA), propose les recommandations suivantes :si les symptômes se situent au-dessus du cou (écoulement nasal, maux de gorge, congestion des sinus), l’athlète peut commencer  la pratique habituelle de l’activité et adopter l’attitude suivante : il réalise un effort d’intensité moyenne d’une durée de 10 à 15 minutes .

Si pendant cette séquence d’effort d’intensité modérée la gêne musculaire, respiratoire et/ou cardiaque s’accentue, il faut immédiatement cesser l’activité et consulter un médecin en lui précisant bien les symptômes ressentis.

En revanche, si les symptômes se situent « au-dessous du cou », il est alors déconseillé de pratiquer une activité physique durant toute la phase active. La reprise de l’entraînement ne peut s’effectuer dans ce cas qu’après la disparition de ces symptômes.

La présence d’un ou plusieurs signaux d’alerte doit conduire le sportif à être prudent. En cas de fièvre, de douleurs musculaires et/ou articulaires, de diarrhées et/ou de toux, il est déconseillé de pratiquer une activité sportive.

Crédit photo AKdance@AKdance9194

1 – La fièvre traduit dans tous les cas une infection et constitue donc un signal d’alarme à respecter.

Elle s’accompagne :

  • d’une augmentation de la température centrale et une altération de la coordination des mouvements et de la concentration qui augmentent le risque de blessures.
  • d’une dégradation tissulaire musculaire due à l’état inflammatoire systémique
  • d’une tachycardie de repos (qui gêne d’emblée l’activité sportive)
  • des pertes hydriques dues à la sudation peuvent être augmentées et entraîner une déshydratation.

Pour l’athlète, la fièvre induit potentiellement une diminution des performances sportives mais surtout elle doit être interprétée comme un marqueur de l’infection et donc de possibles complications.

2 – Les myalgies traduisent une souffrance des fibres musculaires par atteinte virale.

La pratique d’une activité physique risque de provoquer une accentuation des douleurs musculaires, une altération du bon fonctionnement des muscles et une diminution de leur rendement, et accentue donc le risque de blessures.

Le myocarde, qui est un muscle strié, peut donc lui aussi être atteint par le virus et être affecté par un tel dysfonctionnement, provoquant une myocardite.

Cette atteinte est souvent asymptomatique (sans traduction clinique) mais peut être révélée par l’effort (douleur thoracique, gêne respiratoire).

Elle peut avoir des conséquences à long terme sur le fonctionnement du muscle cardiaque voire engendrer une insuffisance cardiaque. La myocardite peut causer la mort subite du sportif si elle possède un caractère aigu. C’est la cause suspectée dans 5 à 22% des cas de mort subite chez les athlètes de moins de 35 ans.

3 – La diarrhée, dans le cadre plus général d’une gastro-entérite, guérit simplement en 24 à 36 heures.

Elle peut cependant être accompagnée de vomissements et d’une intolérance gastrique aux liquides et aux aliments qui vont favoriser une déshydratation (souvent mal évaluée) ainsi qu’une perte de sel et de potassium, avec comme conséquence essentielle une baisse du rendement et le risque de crampes.

D’autres complications existent (cardiaques ou rénales) mais ne se voient que dans des tableaux sévères de déshydratation.

4 – La toux traduit une inflammation de l’arbre trachéo-bronchique.

Elle peut s’aggraver à l’effort, sous l’effet de l’hyperventilation, de la pollution atmosphérique ou de la présence de pollens. Chez les sujets fragiles ou prédisposés, cela peut déclencher une crise d’asthme ou favoriser une surinfection.

A partir de quel moment la reprise de l’activité sportive est-elle envisageable ?

Dans le cas d’un tableau clinique apyrétique (sans fièvre) avec des symptômes confinés au-dessus du cou, et sans gravité, la reprise pourra s’effectuer après la disparition de ces derniers.

Dans le cas d’une infection plus importante, qui a nécessité un avis médical, avec un ou plusieurs signaux d’alerte, la durée de contre-indication de pratique sportive doit être déterminée par le médecin.

Le Club des Cardiologues du Sport préconise une éviction sportive de huit jours après un épisode grippal (ce qui veut bien dire infection très fébrile liée au virus de la grippe, en période d’épidémie). D’autres médecins vont plus loin en contre-indiquant le sport intense et le sport de haut niveau pendant au moins quatre semaines.

La raison essentielle est la crainte d’une atteinte cardiaque asymptomatique (c’est-à-dire sans signe clinique) qui se démasquerait au cours de l’effort (et parfois de façon dramatique).

En fait il n’existe aucun consensus clair mais le bon sens doit toujours être présent dans la décision de reprise ou pas.

Cette reprise doit être progressive et adaptée c’est-à-dire en tenant compte de différents facteurs (type, durée et sévérité de l’infection, intensité du sport envisagé, niveau sportif du pratiquant, histoire médicale, motivation…). La prudence est néanmoins de mise et justifie dans certains cas un suivi médical rapproché.

En moyenne le retour au niveau antérieur semble proposable après une période équivalente à deux jours d’entraînement par jour d’entraînement manqué.

Les risques liés à la prise de certains médicaments et à la pratique sportive

La prise de certains médicaments peut faire disparaitre provisoirement les symptômes et donner l’illusion de pouvoir pratiquer un sport sans risque. L’aspirine ou le paracétamol font baisser artificiellement la température mais n’agissent pas sur les causes de la fièvre

Une mise en garde récente, concernant les décongestionnants nasaux et oraux, vient d’être publiée par les autorités de santé. Souvent utilisés dans ces situations fébriles, sans preuves documentées de leur efficacité, ces produits exposent à des complications neurologiques ou cardiaques, certes rares mais graves.

Conclusion

La possibilité de pratiquer une activité physique lors d’une infection saisonnière, est donc fonction de la localisation, de la nature et de l’intensité des symptômes ressentis. La présence de certains signaux d’alerte et l’utilisation de certains médicaments doivent conduire à la plus grande prudence. Patience et raison seront les meilleures alliées pour une reprise dans des conditions favorables.

Thierry PINJON – UPEC

Références

  • Exercise and febrile illnesses,Paediatr Child Health. 2007 Dec; 12(10): 889–892
  • Enquête nationale de pharmacovigilance relative aux effets indésirables survenus avec des décongestionnants oraux et nasaux, Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de santé, Mars 2019.
  • DIB P. Fièvre d’origine infectieuse chez le sportif. Une revue de la littérature. Thèse de doctorat, Université de Lorraine et Faculté de médecine de Nancy. Octobre 2015
  • Boffi El Amari E. Infections des voies respiratoires supérieures et sport : qui joue ? Revue Médicale Suisse 2010 ; 6 : 1499-503