Actualités – publiée le 9/05/2021 par Équipe de rédaction Santélog
NEJM
Cet essai clinique mené par une équipe de nutritionnistes de l’Université de Copenhague n’est pas conciliante mais elle est rassurante : perdre du poids et maintenir ensuite un poids de santé à long terme, c’est possible, mais il faut ou « il suffit » de suivre pas à pas tout un protocole.
Un processus parfois long et qui passe par le recours à tout l’arsenal des outils ou facteurs de perte de poids, le régime alimentaire, la pratique de l’exercice, mais aussi les médicaments de perte de poids.
Il n’y a donc pas un moyen de perdre du poids adapté à chacun d’entre nous, et la perte de poids durable passe par une combinaison de changements de mode de vie et de traitements.
Il y a le surpoids et l’obésité mais aussi toutes leurs comorbidités associées qui aboutissent à un risque accru de décès prématuré.
Ensuite, la reprise de poids après une perte de poids initiale chez les personnes obèses, constitue un facteur encore accru de complications.
Alors, quelle est la méthode la plus adaptée, chez ce groupe de patients, pour maintenir une perte de poids, c’est l’objet de ces travaux de nutritionnistes danois.
Un protocole long : régime de restriction alimentaire, pratique de l’exercice et aide médicamenteuse
L’équipe a en fait testé les options possibles après une perte de poids induite par un régime alimentaire et sont bien parvenus, pour la première fois, à une méthode quasi-infaillible, pour les personnes obèses de maintenir une perte de poids à long terme.
Cette méthode qui combine, après le régime alimentaire, la pratique d’un exercice d’intensité modérée à vigoureuse et un médicament inhibant l’appétit, un analogue de l’hormone inhibitrice de l’appétit GLP-1, fait ici ses preuves d’efficacité.
C’est donc tout un protocole à suivre et à observer rigoureusement pour maintenir une perte de poids à long terme, souligne le Dr Signe Torekov du Département des sciences biomédicales de l’Université de Copenhague, qui appelle les médecins, les diététiciens et les kinésithérapeutes à partager ces connaissances avec leurs patients.
Savoir « consolider » sa perte de poids : lutter contre des forces biologiques insurmontables, c’est ainsi qu’est décrit d’une manière générale, cette lutte de la perte de poids et contre la reprise du poids : l’appétit augmente avec la diminution de la consommation d’énergie, ce qui rend plus complexe le maintien de la perte de poids.
Les niveaux d’hormone ghréline (l’hormone qui stimule l’appétit) augmentent considérablement lorsque nous perdons du poids, et simultanément le niveau des hormones (leptine notamment) qui suppriment l’appétit diminuent considérablement.
De plus, une perte de poids peut provoquer une perte de masse musculaire, ce qui induit le corps à réduire sa consommation d’énergie.
Ainsi, lorsque le traitement de l’obésité ne fait que cibler la perte de poids (et non simultanément son maintien), le traitement est voué à l’échec.
L’hypothèse d’une thérapie progressive et combinée : cette hypothèse de thérapie combinée qui cible à la fois la perte de poids et son maintien, a été testée auprès de 215 participants souffrant d’obésité et d’une mauvaise condition physique.
Les participants ont d’abord suivi un régime hypocalorique pendant 8 semaines, au cours duquel ils ont chacun perdu environ 13 kg, ce qui a apporté rapidement des améliorations significatives dont une baisse de la glycémie et de la pression artérielle ;
Puis les participants ont été répartis en 4 groupes :
- groupe 1 : médicament placebo + maintien du niveau d’activité physique habituel
- groupe 2 : médicament placebo + programme d’exercice d’au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou 75 minutes d’intensité vigoureuse pendant la semaine ou combinaison des deux
- groupe 3 : médicament de perte de poids (liraglutide) + maintien du niveau d’activité physique habituel
- groupe 4 : médicament de perte de poids (liraglutide) + programme d’exercice
Le poids corporel des participants a été évalué chaque mois, tous ont également reçu des conseils nutritionnels et diététiques axés sur « une perte de poids saine ».
L’expérience montre que :
- après un an, les groupes avec l’exercice seul (2) et le groupe avec les médicaments contre l’obésité seuls (3) ont maintenu leur perte de poids de 13 kg ainsi que les améliorations sur les résultats de santé ;
- le groupe 1 (placebo et pas plus d’exercice) a repris la moitié du poids avec une détérioration de tous les marqueurs de risque ;
- le groupe combinaison (exercice + médicament de perte de poids) obtient les meilleurs résultats.
Dans ce groupe, la perte de poids atteint environ 16 kg à 1 an.
L’amélioration des résultats de santé atteint plus du double des améliorations constatées dans les groupes 2 et 3.
Ils perdent deux fois plus de masse grasse, maintiennent leur masse musculaire, réduisent leur glycémie et déclarent une qualité de vie très améliorée.
Ainsi, une perte de poids significative peut être maintenue avec l’exercice mais aussi avec l’aide d’un médicament, comme le liraglutide, un analogue du glucagon-like peptide-1 (GLP-1).
Un protocole long, régime de restriction alimentaire, pratique de l’exercice et aide médicamenteuse mais qui permet, sous condition d’être bien observé, d’inverser à long terme le surpoids ou l’obésité.
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) May 6, 2021 DOI: 10.1056/NEJMoa2028198 Healthy Weight Loss Maintenance with Exercise, Liraglutide, or Both Combined
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