https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/290x200/public/visuels_actus/babyhand_13.jpg?itok=FUFaa2eI egora.fr Par Marielle Ammouche le 29-03-2018

Une étude américano-britannique suggère un possible lien entre des cas de mort subite du nourrisson et une mutation génétique rare, qui affecte le fonctionnement des muscles respiratoires.

Pour autant, même si ce lien était avéré, ce qui nécessite davantage de recherches, il n’expliquerait pas à lui seul la survenue de ces drames, soulignent les auteurs de ces travaux, parus dans la revue médicale The Lancet. « Notre étude est la première à associer la mort subite du nourrisson à une faiblesse des muscles respiratoires dont la cause est génétique. Cependant, d’autres recherches seront nécessaires pour confirmer et comprendre ce lien », a indiqué l’un des auteurs de l’étude, le professeur britannique Michael Hanna, cité par The Lancet.

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Cette mutation du gène SCN4A est rare : on estime qu’on la trouve chez moins de cinq personnes sur 100 000. Mais elle était présente chez quatre (1,4%) des 278 enfants décédés d’une mort subite du nourrisson examinés dans le cadre de cette étude. En revanche, les chercheurs ne l’ont retrouvée chez aucun des 729 adultes sains également étudiés à titre de comparaison. La mutation est associée à des troubles neuromusculaires génétiques (myopathies, syndromes myasthéniques…), ainsi que des problèmes respiratoires.

Selon des chiffres officiels publiés début janvier aux Etats-Unis, environ 3 500 nouveau-nés meurent chaque année dans leur sommeil dans ce pays de 320 millions d’habitants. Les morts subites du nourrisson sont estimées à environ 300 par an en Grande-Bretagne et 250 en France.

Sources : 

The Lancet, 28 mars 2018. AFP

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http://www.mediscoop.net/images_communes/BAN_728x90_scoop-mediscoop.jpg Revue de presse du 30-03-2018 – Sciences et Avenir – rédigée par Laurent Frichet – TSAVO PRESSE
« Une mutation génétique rare serait un facteur de risque de la mort subite du nourrisson »

Sciences et Avenir indique en effet que « certains cas de mort subite du nourrisson pourraient avoir une cause en partie génétique, d’après une nouvelle étude américano-britannique parue […] dans The Lancet ».
Le magazine explique que « la présence de cette mutation pourrait nuire à la capacité des muscles respiratoires à agir rapidement en réponse à un manque d’oxygène ».
Il évoque ainsi les canalopathies musculaires, qui « sont des maladies génétiques rares, dont un des gènes responsables se nomme SCN4A. Ce gène est crucial pour l’action et la réactivité du muscle associé. Lorsqu’il est altéré par mutation, il entraine des paralysies périodiques et a notamment montré pouvoir provoquer chez les nourrissons atteints de brefs épisodes de myotonie (difficulté à relaxer un muscle après une contraction volontaire) des muscles respiratoires causant une apnée potentiellement mortelle ».
Sciences et Avenir relève que « les chercheurs ont examiné la présence de cette mutation chez 278 enfants décédés d’une mort subite du nourrisson examinés dans le cadre de cette étude ainsi que 729 témoins sains adultes dont les origines ethniques correspondaient, afin de déterminer si les éventuelles mutations retrouvées étaient bien spécifiques aux cas de décès et non à une catégorie de population ».
Le magazine constate que « 4 des cas étudiés (1,4%) présentaient un gène SCN4A muté de façon à perturber la fonction respiratoire, contre aucun des 729 témoins ».
Il rappelle que « dans la population générale, cette mutation du gène SCN4A est très rare : on estime qu’on la trouve chez moins de 5 personnes sur 100.000, ce qui est bien inférieur au taux de 4 pour 278 trouvé chez les sujets atteints de mort subite du nourrisson, montrant que cette mutation est sur-représentée chez eux. Sur le plan statistique, ces résultats suffisent pour prouver un lien direct entre ce gène et certains rares cas de mort subite du nourrisson ».
Le Pr Michael Hanna, co-auteur de ce travail, déclare ainsi : « Notre étude est la première à associer la mort subite du nourrisson à une faiblesse des muscles respiratoires dont la cause est génétique. Cependant, d’autres recherches seront nécessaires pour confirmer et comprendre ce lien ».
Sciences et Avenir évoque les « limitations de l’étude : les sujets étaient tous européens et caucasiens, et n’étaient donc pas représentatifs de toutes les ethnies possibles, et l’anonymat des échantillons récupérés empêchait les auteurs de vérifier la présence du gène muté chez les membres de la famille ».
Le magazine ajoute que « même si ce lien était avéré, […] il n’expliquerait pas à lui seul la survenue de ces drames, soulignent les auteurs. Pour que la mort se produise, il doit probablement « y avoir une convergence de facteurs », écrivent-t-ils, à savoir un nourrisson vulnérable, et un facteur de stress externe pendant une période critique du développement ».
Sciences et Avenir note ainsi que « la mutation du gène SCN4A serait un facteur qui « exacerbe(rait) la vulnérabilité du nourrisson » atteint. D’où l’importance de respecter les préconisations destinées à prévenir les morts subites du nourrisson : coucher les bébés sur le dos et éviter de les faire dormir dans le lit des parents ».

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Mort subite du nourrisson : une mutation génétique impliquée dans certains cas

Fabienne Rigal | 29.03.2018

Une mutation génétique rare affectant le fonctionnement des muscles respiratoires, davantage présente chez les enfants touchés par le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) que dans la population générale, suggère une part génétique dans ce trouble, d’après une étude parue dans « The Lancet ».

Les auteurs ont réalisé une étude cas-contrôle sur 278 enfants décédés du SMSN (84 en Grande-Bretagne et 184 aux États-Unis), et 729 adultes sans antécédents de maladie cardiovasculaire, respiratoire ou neurologique, tous étant d’origine européenne. Les auteurs ont recherché chez eux une mutation rare du gène SCN4A, associée à des troubles neuromusculaires et des difficultés à respirer, que l’on observe habituellement chez moins de 5 personnes sur 100 000. Ils l’ont retrouvée chez 4 des 278 enfants décédés, mais chez aucun des 729 adultes témoins.

Un élément parmi d’autres dans la prévention

La contraction des muscles respiratoires squelettiques est contrôlée par un canal sodium (NaV1.4), codé par le gène SCN4A. L’expression de ces canaux au niveau des muscles respiratoires est faible à la naissance et augmente au cours des deux premières années de vie. Les auteurs insistent pour dire que la mutation de ce gène n’est sans doute pas seule en cause (cette mutation est en effet parfois retrouvée chez des adultes et n’est donc pas létale). Ils proposent l’hypothèse du « triple risque », qui implique la convergence de plusieurs facteurs : un enfant vulnérable, une période critique de son développement et un facteur extérieur stressant (exposition au tabagisme, obstruction de la respiration, mauvais couchage, trouble respiratoire bénin…). Nos données suggèrent que la présence d’un variant du gène SCN4A qui perturbe la fonction des canaux sodium exacerbe la vulnérabilité de l’enfant.

Les auteurs soulignent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le lien montré ici, et si des traitements sont possibles. « Il existe en effet des traitements pour les enfants et adultes présentant des troubles neuromusculaires causés par les mutations du gène SCN4A, mais on ne peut savoir si ces traitements réduiraient le risque de SMSN », indique le Pr Michael Hanna, l’un des auteurs de l’étude.

Les investigateurs signalent aussi que cette étude n’ayant porté que sur des individus caucasiens, ses résultats ne peuvent être extrapolés à tous, et que, par ailleurs, les autres membres de la famille des enfants décédés n’ont pas été testés, ce qui aurait pu apporter des indications supplémentaires.

Source : Lequotidiendumedecin.fr