ENDOCRINOLOGIE-MÉTABOLISME NUTRITION  –  Par Muriel Pulicani le 11-06-2021

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L’alimentation a un impact marginal sur l’évolution d’une hyperthyroïdie ou d’une hypothyroïdie bien traitée. Il convient toutefois d’adapter ses apports en iode.

Egora-Le Panorama du Médecin : Existe-t-il des aliments à favoriser ou à éviter en cas d’hyperthyroïdie ?


Pr Boris Hansel :
 Pour un patient ayant une hyperthyroïdie ou un nodule toxique ou pré-toxique, le seul conseil est de limiter les aliments iodés, algues et compléments alimentaires.

En dehors de cela, il n’y a pas d’aliments qui aggravent ou améliorent la fonction thyroïdienne.

Toutefois, dans les rares cas de dénutrition, il faudra faire attention aux apports protéiques.

A l’inverse, il faudra être vigilant sur une prise de poids paradoxale due à l’hyperphagie.

Cela nécessite d’accompagner le patient, le surveiller, le conseiller.

Ces problèmes vont s’atténuer le temps d’équilibrer le bilan thyroïdien.

Certains aliments permettent-ils de réguler les symptômes de la maladie ?

S’agissant d’une pathologie favorisant l’agitation, les troubles du sommeil et l’anxiété, il peut être utile de limiter les excitants comme le café, le thé ou le chocolat en grande quantité.

Bien s’hydrater en buvant de l’eau fait partie du traitement de l’hyperthyroïdie, qui engendre polydipsie, hyperthermie et déshydratation.

C’est une recommandation importante notamment chez les personnes âgées chez qui la sensation de soif diminue.

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Justement, y a-t-il des recommandations spécifiques pour les personnes âgées ?

Il faut être vigilant car l’hyperthyroïdie peut décompenser des pathologies sous-jacentes et favoriser une dénutrition chez des patients fragiles.

Et chez les femmes enceintes ou allaitantes ?

Il n’y a pas de recommandation spécifique.

Cependant, si la supplémentation en iode est  préconisée par de nombreux endocrinologues, elle peut favoriser le passage en hyperthyroïdie en cas de nodules pré-toxiques.

Ces phénomènes doivent être traités au cas par cas.

Les aliments consommés peuvent-ils interagir avec les médicaments prescrits ?

Les interactions concernent les hormones thyroïdiennes prescrites en cas de maladie de basedow, en association avec les antithyroïdiens de synthèse.

La consommation de certains aliments peut nécessiter une augmentation des doses.

Dans le cas de l’hypothyroïdie, les patients doivent-ils suivre un régime spécifique ?

La seule recommandation concerne l’apport iodé, notamment en cas de goître.

Au moins 20 % de la population est en-dessous des apports optimaux (150 µg d’iode par jour), notamment les femmes enceintes (200 µg).

Toutefois, les niveaux d’iode en population générale ne provoquent pas de symptômes graves de carence.

L’iode se trouve dans les produits d’origine animale : fruits de mer, œufs, produits laitiers.

Et dans le sel, dont on ne peut pas recommander d’augmenter la consommation.

Il faut être particulièrement vigilant chez les végétariens et végétaliens pour qui la question de la supplémentation se pose fortement.

Pour le reste de la population, le suivi des repères nutritionnels (deux produits laitiers par jour, du poisson deux fois par semaine) et la consommation d’œufs trois à quatre fois par semaine permet d’atteindre les apports recommandés.

Certains aliments peuvent-ils interagir avec le traitement médicamenteux ?

Il peut y avoir une interaction entre les hormones et le calcium, le fer et les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) qu’il faudra prendre à distance.

Faut-il éviter la consommation d’aliments dits goitrigènes ?

Les choux, choux-fleurs, brocolis, choux de Bruxelles diminuent la biodisponibilité de l’iode mais dans des quantités bien supérieures à celles consommées normalement.

Il est au contraire bon d’en manger car ils ont de très forts bénéfices sur les maladies chroniques.

Par ailleurs, il a été décrit une association statistique entre un taux bas de sélénium et de zinc et le développement d’un nodule, mais il n’a pas été montré que la supplémentation apportait un bénéfice clinique.

Y a-t-il des recommandations en population générale pour prévenir des problèmes de thyroïde ?

La pathologie thyroïdienne n’est pas une maladie nutritionnelle comme le diabète.

Les patients sont très demandeurs de conseils mais l’impact de la nutrition reste marginal.

Aussi, le message reste le même qu’en population générale : avoir une alimentation variée, riche en fruits, légumes et oléagineux.

Sources : Entretien avec le Pr Boris Hansel* endocrinologue, à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris). *Le Pr Hansel n’a pas déclaré de liens d’intérêts.

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