Actualités  –  publiée le 22/12/2018 par Équipe de rédaction Santélog

Scientific Reports

Cette constatation que les femmes favorisent les filles et les hommes privilégient leurs fils et cela quel que soit le statut socio-économique du foyer pourrait contribuer à expliquer l'inégalité croissante des revenus et de la mobilité sociale selon les sexes.

Cette constatation que les femmes favorisent les filles et les hommes privilégient leurs fils et cela quel que soit le statut socio-économique du foyer pourrait contribuer à expliquer l’inégalité croissante des revenus et de la mobilité sociale selon les sexes. Des conclusions d’une équipe de la Rutgers University (New Jersey) présentées dans les Scientific Reports qui semblent confirmer la rémanence de génération en génération, en dépit d’un discours égalitaire, d’un certain sexisme.

Mais pour l’équipe de recherche, c’est surtout un appel aux parents qui devraient tenter de prendre conscience de leurs préjugés inconscients à l’égard de leurs enfants. L’auteur principal, Lee Cronk, professeur au département d’anthropologie de l’Université Rutgers a voulu ici vérifier la théorie de la répartition des sexes de Trivers-Willard de 1973, selon laquelle les parents investissent plus dans les enfants du sexe qui leur permettront d’obtenir un maximum de descendants. Etant donné que -comme le suggèrent des études menées chez l’animal mais aussi quelques-unes chez l’Homme- le succès reproducteur des filles n’est pas influencé par le statut social de leur mère, mais que le succès reproducteur des fils est corrélé positivement au statut social de la mère, cette hypothèse suggère que les parents fortunés préféreraient investir dans les fils, alors que les parents pauvres favoriseraient plutôt leurs filles.

Ici, les participants à l’étude devaient effectuer un test standard de nature à susciter un sentiment de pauvreté relative ou de richesse relative. Les chercheurs ont ensuite évalué, de plusieurs manières, les préférences des participants pour les filles et les fils. Les participants avaient notamment la possibilité de donner de l’argent à un organisme de bienfaisance soutenant les filles ou les garçons. Un autre test permettait de mesurer discrètement les attitudes des participants. L’axe de l’adoption était également évoqué pour évaluer les préférences des participants…

Les parents favorisent plutôt leurs enfants du même sexe ? Bien que l’expérience et ses différents modes d’évaluation apportent peu de soutien à l’hypothèse de Trivers-Willard, le sexe des participants semble avoir un impact important sur le sexe qu’ils favorisent au sein de leur progéniture. Les femmes semblent préférer les filles et investissent plus chez leurs filles que chez leurs garçons, tandis que les hommes semblent avoir une préférence plus faible mais significative pour les fils.

Des résultats -discutables– mais qui pourraient contribuer à mieux comprendre l’inégalité croissante des revenus et de la mobilité sociale intergénérationnelle. Ainsi, les auteurs citent une étude récente utilisant les données fiscales de 40 millions d’Américains entre 1996 et 2012 et qui suggère que le meilleur prédicteur d’une mobilité sociale intergénérationnelle inférieure est d’avoir un parent célibataire ou divorcé. Parce que la plupart de ces parents célibataires sont des femmes –« et que les femmes préfèrent les filles »-, cela pourrait expliquer cette mobilité intergénérationnelle encore plus réduite pour ces fils de mères célibataires (et plus souvent démunies).

Quoiqu’il en soit, l’étude a le mérite de sensibiliser les parents à des préjugés sexistes dont ils n’ont pas forcément conscience.

Source: Scientific Reports 18 October 2018 Sexual conflict and the Trivers-Willard hypothesis: Females prefer daughters and males prefer sons

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