Par Colette Derworiz, La Presse canadienne
28/03/2022
La première année de la pandémie de COVID-19 en Alberta a vu moins de patients victimes d’AVC, mais un nombre plus élevé de décès liés à un AVC, selon une nouvelle recherche.
L’étude, publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, a été menée par une équipe de huit médecins et autres chercheurs à travers la province.
« L’une des choses que nous avons commencé à réaliser au cours des premiers mois de la pandémie (…), c’est qu’il semblait y avoir une baisse du nombre de personnes se présentant avec un AVC aigu », a déclaré l’auteur principal, le Dr Aravind Ganesh, neurologue à l’Université de Calgary, en entrevue.
Plusieurs pays avaient commencé à remarquer une tendance à la baisse du nombre de personnes cherchant des soins d’urgence pour une variété de problèmes médicaux pendant la pandémie, a-t-il ajouté.
« La question que les gens ont commencé à se poser était de savoir si les (…) restrictions de santé publique que nous avions mises en place à la suite de la pandémie pouvaient avoir des conséquences imprévues en dissuadant les gens de se rendre à l’hôpital pour des urgences comme les accidents vasculaires cérébraux et les maladies cardiaques », a dit le Dr Ganesh.
« Donc, la prémisse de cette étude est venue de cette inquiétude très légitime de notre part. »
Les chercheurs ont examiné les données de 19 531 patients albertains de janvier 2016 à février 2020 et de 4900 autres patients au cours de la première année de la pandémie de COVID-19.
« Lors de la première vague de la pandémie en Alberta, nous avons eu une baisse importante du nombre de personnes qui se présentaient avec un AVC ischémique aigu, c’est-à-dire un AVC dû à des caillots sanguins dans le cerveau », a expliqué le Dr Ganesh.
« Parallèlement à cela, nous avons également constaté que l’utilisation des thérapies contre les AVC (…) a diminué d’environ la même quantité. »
Les chercheurs ont également découvert que le nombre de patients présentant des symptômes d’AVC n’était pas revenu aux niveaux prépandémiques après la première vague du printemps 2020.
« Particulièrement pendant les périodes de deuxième et troisième vagues de notre étude, lorsque les cas de COVID-19 ont augmenté, nous nous attendions à observer une augmentation des AVC au lieu de déclins », écrivent-ils dans l’étude.
Le Dr Ganesh a déclaré que lui et d’autres chercheurs avaient pu examiner ce qui était arrivé à ces patients en étudiant le nombre de personnes décédées des suites d’un accident vasculaire cérébral.
« Nous avons constaté que ces décès hors hôpital ont fini par augmenter pendant quatre des cinq périodes de la pandémie, a-t-il déclaré. Nous avons fini par être en mesure de trouver certains de ces AVC manquants de cette façon. »
Des résultats similaires ont été observés dans les hôpitaux.
« Au cours de la deuxième vague de la pandémie et de la troisième vague de la pandémie, davantage de personnes ont fini par mourir à l’hôpital à cause d’un accident vasculaire cérébral », a-t-il noté.
L’étude a examiné des données au niveau de la population, on ne connaît donc pas les raisons ayant poussé les gens à ne pas se faire soigner.
« Est-ce que les gens attendaient pour demander de l’aide jusqu’à ce que leur AVC devienne plus grave? », a-t-il demandé.
Le Dr Ganesh a déclaré que les chercheurs n’en étaient pas sûrs, mais ils pensaient que les gens essayaient d’éviter les hôpitaux.
« Nous soupçonnons qu’il s’agissait d’un évitement de l’hôpital en raison des décès hors hôpital que nous avons constatés. »
Il a dit que les résultats de la recherche n’étaient pas tous négatifs.
« Nous avons en fait fini par rattraper notre retard plus tard dans la pandémie », a indiqué le Dr Ganesh.
Il a ajouté que les responsables de la santé publique et les médecins avaient également travaillé pour rappeler aux gens de se rendre à l’hôpital en cas d’urgence.
« Ce que nous avons compris, c’est que nous devons vraiment réfléchir de manière critique au type de messages de santé publique que nous diffusons pendant la pandémie. »
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