Par Jean-Benoit Legault

un homme boit de l'alcool seul à son domicile Profession Santé logo 26/01/2022

La consommation de substances des jeunes adultes est demeurée plutôt stable malgré la pandémie, les mesures de confinement qui l’ont accompagnée et la détresse dont elle a été synonyme pour plusieurs, ont constaté des chercheuses montréalaises.

Elles ont toutefois noté une hausse de la consommation chez les sujets moins scolarisés, chez ceux qui vivaient seuls et chez ceux qui avaient précédemment reçu un diagnostic de dépression ou d’anxiété.

Marie-Pierre Sylvestre et Jennifer O’Loughlin, du Centre de recherche du CHUM, se sont intéressées aux différences dans la fréquence d’utilisation de substances psychoactives comme l’alcool, le cannabis et la nicotine par les jeunes, un groupe que la littérature scientifique considère souvent comme étant le plus touché par l’anxiété et par la détresse psychologique.

« On a trouvé que chez les trentenaires de notre étude, la majorité n’avait pas changé la fréquence d’utilisation de substances durant la pandémie », a résumé Mme Sylvestre, qui est professeure au département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal.

Mme Sylvestre a étudié la cohorte NDIT (pour Nicotine Dependence in Teens) constituée entre 1999 et 2000 par Mme O’Loughlin, et qui comprenait quelque 1300 jeunes recrutés à l’âge de 12 ou 13 ans.

Les données concernant l’hyperalcoolisation rapide de ces jeunes ainsi que leur consommation de cannabis, d’alcool, de cigarettes classiques et électroniques avant la pandémie ont été colligées au moment où ils avaient approximativement 20, 24 et 30 ans.

Pendant l’épidémie, les données ont été récoltées avec des questionnaires en ligne entre décembre 2020 et juin 2021, quand les sujets étaient âgés de 33 ans.

En comparant la consommation prépandémique des jeunes à leur consommation pendant la pandémie, les chercheuses ont constaté que la consommation hebdomadaire ou quotidienne de substances psychoactives a été plutôt stable.

Pourtant, au moment où elles ont entamé leurs travaux, des reportages dans les médias et même des études scientifiques laissaient craindre une hausse importante de la consommation.

« On a été surprises de voir qu’en effet, la majorité des gens avaient gardé une consommation stable, a admis Mme Sylvestre.

Ceci étant, on a aussi observé que parmi ceux qui avaient changé leur consommation, il y en avait une bonne proportion qui avait augmenté leur consommation de cannabis. »

Cette tendance à l’augmentation d’une consommation du cannabis par les trentenaires avait toutefois possiblement débuté avant la pandémie, a-t-elle ajouté.

Le déclin de la consommation d’alcool, quant à lui, pourrait être attribuable à la disparition presque complète des occasions sociales pendant lesquelles on en consommait.

S’il s’agit de résultats « rassurants », a dit Mme Sylvestre, il faut quand même souligner que les participants ayant un plus faible niveau d’études et les adultes vivant seuls ont été plus susceptibles de commencer à consommer des substances psychoactives pendant la pandémie ou d’augmenter leur consommation de ces produits pendant la crise sanitaire.

« Il faut se dire qu’on doit être vigilants, que possiblement il y aura eu un impact négatif de la pandémie sur la fréquence de consommation de substances de certains individus », a-t-elle indiqué.

Cette hausse de la consommation est possiblement associée au stress engendré par une plus grande précarité d’emploi, a ajouté Mme Sylvestre.

Les sujets qui vivaient seuls ou qui avaient déjà reçu un diagnostic de dépression ou d’anxiété étaient aussi plus susceptibles d’avoir augmenté leur consommation de cannabis pendant la pandémie.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical The Lancet Regional Health – America.

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