https://www.jim.fr/e-docs/00/02/99/6C/carac_photo_1.jpg Publié le 23/02/2018

Andrea Cipriani n’en est pas à sa première grande publication dans le Lancet. Ses méta-analyses apportent déjà une aide précieuse dans le choix des traitements psychotropes, avec une première publication en 2009 portant sur 12 antidépresseurs (citée tout de même 1 786 fois) et, en 2013, une étude portant sur 15 antipsychotiques. Il s’agit de « méta-analyses en réseau » permettant d’évaluer, sur le plan de l’efficacité et de la tolérance, des traitements qui n’ont pas étés directement comparés les uns par rapport aux autres.

Aujourd’hui, c’est encore une méta-analyse sur les antidépresseurs qui vient de publier, portant cette fois sur 21 antidépresseurs (dont certains n’étaient pas disponibles en 2009). C’est un travail de titan, qui a nécessité 6 années de travail. Tous les essais contrôlés randomisés, qu’ils aient été publiés ou non (ce qui permet de limiter le biais de publication) ont étés inclus. Le critère de jugement principal était l’efficacité (avec un taux de réponse défini comme la proportion de patients ayant une amélioration de plus de 50 % de la symptomatologie mesurée sur une échelle standardisée) après 8 semaines de traitement.

Le top 21 des antidépresseurs

Un total de 522 essais réalisés depuis 1979 (dont 86 non publiés) ont étés considérés dans cette méta-analyse, portant sur un total de 116 477 patients. Tous les antidépresseurs sans exception étaient supérieurs au placebo avec l’amitryptilline en tête (OR=2,13, IC95% : 1,89-2,41) et la reboxétine (non commercialisée en France) en queue de peloton (OR=1,37, IC95% : 1,16-1,63). Sur le plan de la tolérance, seules l’agomélatine (OR= 0,84, IC95% : 0,72-0,97) et la fluoxétine (OR=0,88, IC95% : 0,80-0,96) avaient un taux d’abandon inférieur au placebo (les autres traitements n’étant pas significativement différents du placebo, et la clomipramine ayant même un taux d’abandon supérieur).

En ne prenant en compte que les études comparant deux molécules efficaces entre elles (ce qui représente tout de même 194 études et 34 196 patients) on découvre que l’agomélatine, l’amitriptyline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, la venlafaxine et la vortioxétine sont supérieurs aux autres antidépresseurs (OR entre 1,19 et 1,96). L’agomélatine, le citalopram, l’escitalopram, la fluoxétine, la sertraline et la vortioxétine étaient les traitements les mieux tolérés (OR de 0,43 à 0,77). La vortioxétine était à la fois la molécule la plus efficace et la mieux tolérée.

La fin d’un débat ?

Les auteurs retiennent en fin de compte l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, l’agomélatine et la sertraline qui ont tous un bon profil d’efficacité et de tolérance, en précisant que les études incluant l’amitriptylline et la vortioxétine avaient un risque de biais jugé important. Cette impressionnante publication pourrait aider à guider le choix d’un premier traitement antidépresseur. Les auteurs mettent cependant en garde sur le classement en lui-même, étant donné les faibles différences observées, l’étude permettant surtout de dégager un groupe de molécule qui serait à privilégier.

Mais, au-delà des comparaisons entre les molécules, la grande force de cette étude est d’avoir inclus autant que possible des données non publiées, avec un nombre impressionnant de patients étudiés. Toutes les molécules étaient supérieures au placebo, apportant ainsi un argument de poids dans le débat ancien sur l’efficacité (supposée non démontrée) des antidépresseurs.

Dr Alexandre Haroche

RÉFÉRENCE

Cipriani A et coll.: Comparative efficacy and acceptability of 21 antidepressant drugs for the acute treatment of adults with major depressive disorder: a systematic review and network meta-analysis. The Lancet [Internet]. 21 févr 2018 [cité 22 févr 2018];0(0). Disponible sur: http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)32802-7/abstract

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Efficacité des antidépresseurs : une étude qui met fin au débat   Charlotte Demarti | 23.02.2018

AntidépresseurLe Quotidien du Pharmacien  PhanieZoom

Une grande étude internationale montre que 21 antidépresseurs utilisés couramment sont efficaces dans le traitement des dépressions aiguës de l’adulte.

Les antidépresseurs sont-ils efficaces pour traiter la dépression ? Cette question qui fait débat depuis des années pourrait être enfin tranchée, à la suite de la publication d’une méta analyse publiée dans le « Lancet ». Cette étude de très grande envergure (522 essais cliniques et plus de 116 000 participants) montre que 21 antidépresseurs sont efficaces versus placebo pour traiter à court terme les dépressions aiguës de l’adulte.

Toutefois, leur efficacité s’avère faible à modérée (efficacité définie par une réduction de ≥ 50 % du score total de dépression après 8 semaines de traitement), et diffère selon les traitements. Les molécules les plus efficaces sont l’agomélatine (Valdoxan en France), l’amitriptyline (Laroxyl, Elavil), l’escitalopram (Seroplex et génériques), la mirtazapine (Norset et génériques), la paroxétine (Deroxat et génériques), la venlafaxine (Effexor et génériques) et la vortioxetine (Brintellix).

En revanche, la fluoxétine (Prozac et génériques), la fluvoxamine (Floxyfral et génériques), la réboxétine (non commercialisé en France), et la trazodone (Trazolan et Trittoco retard, non commercialisés en France mais disponibles en ATU) ont été jugés moins efficaces.

Les antidépresseurs diffèrent également en termes de tolérance (mesurée par le taux d’abandon de traitement après 8 semaines). Les mieux supportés sont l’agomélatine (Valdoxan), le citalopram (Seropram et génériques), l’escitalopram (Seroplex et génériques), la fluoxétine (Prozac et génériques), la sertraline (Zoloft et génériques), et la vortioxetine (Brintellix). Ceux qui ont été moins bien tolérés sont l’amitriptyline (Laroxyl et génériques), la clomipramine (Anafranil et génériques), la duloxétine (Cymbalta et génériques), la fluvoxamine (Floxyfral et génériques), la réboxétine, la trazodone et la venlafaxine (Effexor et génériques).

Au final, ces travaux montrent que « les antidépresseurs peuvent être un outil efficace dans le traitement de la dépression, mais ils ne doivent pas toujours être utilisés en première ligne. D’autres options sont à considérer, telle que les psychothérapies », évoque le Dr Andrea Cipriani, psychiatre (Oxford Health NHS Foundation Trust) et coauteur de l’étude. De plus, « nous savons que près d’un tiers des patients souffrant de dépression ne répondra pas aux traitements médicamenteux. Alors, avec une efficacité allant de faible à modérée pour les traitements disponibles, il est nécessaire de les améliorer davantage », ajoute-t-il. Par ailleurs, ces résultats ne sont extrapolables qu’aux patients atteints uniquement de dépression aiguë. Ceux qui présentaient une dépression bipolaire, des symptômes de psychose, ou une dépression résistante aux traitements, ont été exclus de l’étude.

Source : Lequotidiendupharmacien.fr

ECRIT PAR

Charlotte Demarti

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Les antidépresseurs plus efficaces que le placebo, confirme « The Lancet »

Le Quotidien du Médecin 22.02.2018     Les antidépresseurs inefficaces dans la dépression de l’enfant et l’adolescent

Largement prescrits à travers le monde dans les troubles dépressifs majeurs, les antidépresseurs ont suscité de longue date des doutes quant à leur efficacité et leur acceptabilité, rappellent dans « The Lancet » les auteurs d’une méta analyse incluant un total de 116 477 participants.

Tous les antidépresseurs font mieux que le placebo, mais avec une efficacité faible à modérée selon les molécules, conclut l’équipe dirigée par le Dr Andrea Cipriani, psychiatre à Oxford, d’après l’analyse 522 essais randomisés double aveugle.

Ce gros travail est une version actualisée sur 21 molécules couramment prescrites par rapport à leur analyse précédente qui portait sur 12 d’entre elles. Près de 80 % de l’ensemble des essais (n = 409) étaient soutenus par les laboratoires pharmaceutiques et cette récente analyse totalise la plus grande proportion de données non publiées (274 essais, 52 %).

Reflet de la population typique en pratique

Dans ce travail, l’efficacité était définie par une réduction de ≥ 50 % du score total de dépression mesurée à 8 semaines de traitement sur une échelle standardisée. L’acceptabilité était définie par la proportion d’abandon de traitement à 8 semaines, quelle qu’en soit la raison.

La méta analyse s’est focalisée sur les troubles dépressifs majeurs de l’adulte, excluant les troubles bipolaires, les dépressions psychotiques, les dépressions résistantes, et aussi les patients ayant une maladie grave concomitante.

« Nos travaux sont pertinents pour les patients présentant un premier ou un second épisode dépressif majeur, la population typique vue en pratique », explique le Dr Andrea Cipriani, auteur principal.

Des différences d’efficacité et d’acceptabilité

Des différences notables existent entre les molécules, certains antidépresseurs étant plus efficaces que d’autres. L’agomélatine, l’amitryptiline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, la velafaxine et la vortioxtine se sont avérés les plus efficaces, tandis que la fluoxétine, la fluvoxamine, la reboxétine et la trazodone l’étaient le moins. « La majorité des antidépresseurs les plus efficaces ne sont plus sous brevet et sont disponibles en générique », souligne « The Lancet » dans un communiqué de presse.

L’acceptabilité est variable entre les molécules, l’agomélatine, le citalopram, l’escitalopram, la fluoxétine, la sertraline et la vortioxétine étant le mieux tolérés, alors que l’amitryptiline, la clomipramine, la duloxétine, la fluvoxamine, la reboxétine, la trazodone et la venlafaxine l’étant le moins.

Contraste avec l’enfant et l’adolescent

Les auteurs font remarquer que ces résultats chez l’adulte contrastent avec une analyse similaire chez l’enfant et l’adolescent, qui concluait à la probable seule efficacité de la fluoxétine. Cette différence pourrait être due à des causes et des mécanismes physiopathologiques différents, suggèrent les auteurs. Compte tenu du petit nombre d’études disponibles dans cette population, « Il y a une grosse incertitude quant aux risques et aux bénéfices d’utiliser des antidépreseurs pour le traitement de la dépression chez les enfants et les adolescents », note « The Lancet ».

Médicament ou pas, individualiser toujours

Comme le fait remarquer le Dr Cipriani, chez l’adulte, « les antidépresseurs sont des médicaments efficaces, mais, malheureusement, près d’un tiers des patients avec une dépression ne sont pas répondeurs. Avec une efficacité allant de faible à modérée pour les antidépresseurs disponibles, il est clair qu’il y a encore besoin d’améliorer davantage les traitements ».

Selon le psychiatre britannique, « les antidépressurs peuvent être un outil efficace pour traiter la dépression majeure, mais cela ne signifie pas nécessairement que les antidépresseurs devraient être la première ligne de traitement. Les médicaments devraient toujours être envisagés parmi d’autres options, comme les thérapies psychologiques, quand elles sont disponibles. Les patients devraient être informés des bénéfices potentiels des antidépresseurs et toujours discuter avec leur médecin sur le traitement le plus adapté pour eux de façon individuelle ».

Source : Lequotidiendumedecin.fr