Actualités  –  publiée le 27/09/2018 par Équipe de rédaction Santélog

PNAS

La façon dont nous pensons peut nous rendre vulnérables à l’obésité 

Cette étude de l’Université McGill tente de démêler le lien entre l’obésité, le cerveau et la génétique. Elle conclut que le poids corporel chez l’Homme est en partie contrôlé par des systèmes cérébraux de haut niveau impliqués dans la cognition, la prise de décision et la motivation et que les différences individuelles dans ces systèmes cérébraux qui régulent la prise alimentaire sont en partie héréditaires. Des conclusions présentées dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) qui confirment l’intérêt d’une prise en charge de l’obésité telle une dépendance alimentaire.

L’étude, par IRM associe même l’épaisseur corticale à l’IMC (positivement : zones bleues et négativement : zones grises sur visuel du dessous).

 L’étude, par IRM associe l'épaisseur corticale à l'IMC (positivement : zones bleues et négativement : zones grises).

L’idée générale est que « la façon dont nous pensons peut nous rendre vulnérables à l’obésité » : les chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal ont mené cette étude par IRM et via tests cognitifs chez 1.200 participants, et constatent que les personnes ayant un IMC plus élevé présentent :

  • une flexibilité cognitive réduite,
  • une capacité réduite à retarder la satisfaction,
  • une capacité visuospatiale et une mémoire verbale réduites.

L’obésité est génétiquement liée à la structure du cerveau et à la performance mentale : la seconde constatation est qu’un IMC élevé est associé à un cortex préfrontal gauche plus épais et un cortex préfrontal droit plus fin. Or de précédentes études avaient déjà suggéré que des lésions du cortex préfrontal droit pouvaient conduire à une prise alimentaire accrue.

  • Les participants présentant un IMC plus élevé avaient également un volume accru dans l’amygdale gauche, impliquée dans la réponse aux signaux alimentaires,
  • un volume réduit dans les structures entorhinal-parahippocampiques, associées à la mémoire épisodique et à la « médiation » du contexte. Cela pourrait contribuer à expliquer pourquoi les personnes sujettes à l’obésité sont plus sensibles aux stimuli alimentaires visuels et moins capables de leur résister en considérant le contexte négatif de l’alimentation, comme la prise de poids.

Sur l’héritabilité de l’obésité : alors que de nombreux participants étaient frères et sœurs, certains des jumeaux « identiques », les chercheurs ont pu estimer la part d’héritabilité de l’obésité, en constatant qu’une bonne partie des traits cognitifs et neurologiques avaient des liens génétiques avec l’obésité : la génétique se manifeste dans l’obésité au moins partiellement par l’anatomie du cerveau et les fonctions cognitives.

Des conclusions importantes pour développer ou adapter les interventions visant à réduire la prise de poids et l’obésité, qui soutiennent le principe d’une prise en charge qui prend en compte les facteurs neurocomportementaux et intègre une formation cognitive permettant aux patients d’améliorer leur capacité à résister à la nourriture.

Source: PNAS August 28, 2018 DOI: 10.1073/pnas.1718206115 Neurobehavioral correlates of obesity are largely heritable (Visuel Uku Vainik)

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