Publié le 08/06/2020
L’obésité de l’enfant a des conséquences défavorables sur sa santé à long terme. Il a été démontré qu’elle est associée à une augmentation du risque de pathologies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et de différents types de cancer à l’âge adulte. La nature de ce lien n’est toutefois pas encore parfaitement claire.
Notamment, la question se pose de savoir si cette association est définitive ou si on peut l’inverser par des modifications hygiéno-diététiques à l’âge adulte. Autrement dit, rien ne permet encore d’affirmer que l’adiposité dans l’enfance a une influence indépendante et prolongée en matière de risques pour la santé ou que cet effet est médié par l’adiposité à l’âge adulte.
La question est importante, étant donné la forte prévalence de l’obésité dans le monde. C’est pourquoi une équipe du Royaume-Uni a réalisé une étude par randomisation mendélienne, méthode d’analyse qui permet d’éliminer les facteurs confondants. Les facteurs génétiques impliqués ont été identifiés par une étude incluant plus de 450 000 participants dont étaient connus l’IMC à l’âge adulte (âge moyen 56,5 ans) et la perception de la corpulence à l’âge de 10 ans.
Impact de la corpulence à l’âge adulte
L’analyse univariée des données confirme qu’une corpulence plus importante dans l’enfance « déterminée génétiquement », est bien associée à une augmentation du risque de coronaropathie et de diabète de type 2. Toutefois, en analyse multivariée prenant en compte la corpulence à l’âge adulte, l’effet de l’obésité dans l’enfance est considérablement atténué et compatible avec un effet nul. Cela semble indiquer que l’influence de l’obésité de l’enfant sur les paramètres de santé à l’âge adulte est fortement médiée par la corpulence plus tard dans la vie.
Les auteurs soulignent le point particulier du lien entre l’obésité de l’enfant et le cancer du sein. Dans cette étude, l’analyse mendélienne multivariée laisse apparaître un effet protecteur de l’obésité de l’enfant, dans lequel semble intervenir l’âge de la puberté.
Ces données sont intéressantes en ce qu’elles renforcent l’idée que le lien entre l’obésité de l’enfant et sa santé à long terme n’est pas une fatalité. Elles semblent permettre de réaffirmer l’intérêt des interventions, même tardives, pour la perte de poids.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES : Richardson TG. Et coll. : Use of genetic variation to separate the effects of early and later life adiposity on disease risk: mendelian randomisation study BMJ 2020; 369: m1203.
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