Obésité après 60 ans : quels sports prescrire ?
Publié le 06/06/2017 Copyright © http://www.jim.fr
L’obésité, après 60 ans, pose un problème thérapeutique particulier qui n’est pas résolu : d’un côté, perdre du poids est recommandé pour la prévention et le traitement des maladies chroniques telles que le diabète de type 2, l’arthrose et le syndrome d’apnées du sommeil. D’un autre côté, la perte pondérale s’accompagne d’une réduction de la masse musculaire et de la densité osseuse ce qui n’est pas souhaitable, en particulier après 60 ans.
Pour profiter des bénéfices de la perte pondérale tout en limitant les effets indésirables, la solution réside dans la pratique d’activités physiques et sportives (APS). Bien qu’il existe des recommandations relativement consensuelles, les modalités optimales de pratique de ces APS après 60 ans ne sont pas scientifiquement établies. Une équipe de chercheurs américains a fait l’hypothèse de la supériorité d’un programme de renforcement musculaire par rapport à un entraînement basé sur des exercices d’endurance d’intensité modérée à élevée, mais aussi par rapport à un entrainement mixte (renforcement musculaire et endurance) pour améliorer les performances physiques après 60 ans. Cette hypothèse était fondée sur une possible perte d’efficacité de l’activité de musculation, lorsqu’on pratique également des activités d’endurance.
Pour examiner cette hypothèse, 160 sujets obèses (IMC moyen : 36,5 kg/m²), de plus de 60 ans (âge moyen : 70 ans), essentiellement des femmes (70 % de l’effectif) ont été inclus. Ils étaient randomisés en trois sous-groupes, tous pour perdre du poids à l’aide d’un régime hypocalorique équilibré (-600 kcal /j environ) à teneur suffisante en protéines (1 g/kg de poids corporel). Ils devaient participer chaque semaine à 3 séances d’activité physique encadrées, mais avec un programme différent selon les groupes : (1) activité d’endurance exclusive (fréquence cardiaque entre 65 et85 % de la fréquence cardiaque maximale), 40 minutes/séance ; (2) activité de résistance uniquement (40 minutes/séance) ; (3) combinaison des APS (30 à 40 minutes d’endurance suivies de 30 à 40 minutes d’exercice en résistance). Un groupe témoin était constitué de volontaires qui avaient accès à des sessions d’information sur l’alimentation équilibrée. Ils n’étaient toutefois pas encouragés, ni à perdre du poids, ni à pratiquer davantage d’exercice physique.
Combiner sports d’endurance et de résistance
La participation aux séances d’APS a été excellente (96 %, 98 % et 93 % respectivement dans les groupes « endurance », « résistance » et « combinaison des activités »). La perte de poids, à 6 mois, était similaire dans les 3 groupes bénéficiant de l’intervention, de l’ordre de 9 % du poids initial (-8,5 kg environ) et de 0,9 kg dans le groupe témoin. Le critère de jugement principal, le score de performances physiques calculé avec des tests relativement objectifs, s’est amélioré en 6 mois quel que soit le programme sportif, sans différences significatives entre les groupes. La masse musculaire a diminué, mais dans une moindre proportion dans les deux groupes qui pratiquaient les exercices de résistance et sans différences entre ces deux groupes (résistance seule ou combinaison des APS). La densité minérale osseuse a diminué avec la perte pondérale malgré la pratique sportive, sauf chez les sujets pratiquants les activités de résistance. Parmi les autres mesures, on note la supériorité du sport de résistance pour améliorer la force musculaire et celle du sport d’endurance pour augmenter la condition cardiorespiratoire mesurée par le VO2max. La pratique combinée des deux sports a conduit à une amélioration des deux paramètres. Enfin, en ce qui concerne l’incidence des effets indésirables (blessures…), il n’a pas été observé de différence entre les groupes sportifs.
Ces résultats apportent des arguments forts pour établir des recommandations fondées sur des preuves pour la pratique des APS après 60 ans. Contrairement à l’hypothèse initiale, c’est la combinaison de séances d’endurance et de résistance qui présente le meilleur rapport bénéfice/risque en termes de condition physique etde composition corporelle. Cette étude a également le mérite de suggérer l’intérêt de structurer l’exercice physique, avec l’aide de spécialistes (éducateur médico-sportifs, médecins su sport…) pour tirer le meilleur bénéfice de l’activité physique et d’en minimiser les effets indésirables.
Dr Boris Hansel
RÉFÉRENCES
Villareal DT et coll. Aerobic or Resistance Exercise, or Both, in Dieting Obese Older Adults.
N Engl J Med. 2017; 376: 1943-1955. doi: 10.1056/NEJMoa1616338