Charlène Catalifaud | 19.09.2018 Crédit Photo : S. ToubonZoom
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La consommation d’aliments de mauvaise qualité nutritionnelle selon le Nutri-Score est associée à un risque accru de cancer. C’est ce que montre une étude menée auprès d’une large cohorte européenne parue dans « PLOS Medicine ».
« L’objectif principal de notre étude était de tester le score nutritionnel FSAm-NPS [pour Nutrient Profiling System of the British Food Standards Agency (modified version)], qui est à l’origine du Nutri-Score, dans un contexte européen, indique au« Quotidien » Mélanie Deschasaux, première auteure de l’étude. Nous avons en particulier étudié la relation entre qualité nutritionnelle des aliments évaluée par ce score et le risque de cancer. »
Une cohorte de 10 pays européens
Ainsi, 471 495 adultes de la cohorte European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) ont été inclus entre 1992 et 2014, avec un suivi moyen de 15,3 ans. Quelque 49 794 cas de nouveaux cancers ont été recensés.
« Cette cohorte de 10 pays d’Europe de l’Ouest, nous a permis de tester la pertinence du score nutritionnel dans un contexte européen et pas uniquement en France », note la chercheuse.
Les participants ont renseigné leurs habitudes alimentaires à l’aide d’un questionnaire. À partir de ces informations, un score individuel a été établi en fonction des scores des aliments consommés.
« Les personnes qui mangent en moyenne plus d’aliments ayant un score FSAm-NPS élevé, correspondant à une faible qualité nutritionnelle, sont plus à risque de développer un cancer », résume Mélanie Deschasaux. En effet, les personnes avec les scores les plus hauts avaient un risque accru de 7 % de cancer par rapport aux personnes avec les scores les plus faibles (soit 81,4 cas/10 000 personnes-années contre 69,5).
« Cette taille d’effet est relativement modeste, mais l’association observée était stable dans toutes les analyses. Nous avons pris en compte de nombreux facteurs de confusion pour éliminer les biais »,souligne Mélanie Deschasaux. « Des outils plus précis pour déterminer les consommations alimentaires permettraient sans doute d’affiner les résultats », ajoute-t-elle.
Un risque accru de cancers colorectal et du sein
En prenant en compte les différents types de cancer, un score FSAm-NPS élevé était associé à un risque significativement accru pour les cancers colorectal, des voies aérodigestives supérieures, de l’estomac, du poumon chez l’homme et du foie et du sein (post-ménopause) chez la femme.
« Combiné aux travaux précédents sur le Nutri-Score, ces résultats montrent qu’il est un outil pertinent pour aider les consommateurs à faire des choix alimentaires plus sains, et ce à un niveau européen », estime Mélanie Deschasaux.
À ce jour, plus de 70 entreprises se sont engagées à utiliser le Nutri-Score en France. Il a été récemment adopté en Belgique. En raison de la législation européenne, il n’est en revanche pas obligatoire. « Des discussions sont en cours au niveau européen, avec un passage en revue des différents systèmes. À terme, un logo commun à tous les pays de l’Union européenne pourrait être utilisé », avance Mélanie Deschasaux.
« Nous envisageons d’autres études avec cette même cohorte, notamment sur les maladies cardiovasculaires », conclut Mélanie Deschasaux.
Source : Lequotidiendumedecin.fr