INTERVIEW EXCLUSIVE

Par Aveline Marques le 19-10-2022

Michel Cymes egora.fr

Le plus célèbre des médecins français vient de publier son premier livre autobiographique (« Rien n’est impossible », Ed. Stock).

Il y révèle son combat contre le cancer, retrace sa carrière médicale et médiatique et pousse un coup de gueule contre l’inaction de l’Ordre des médecins face aux « charlots » du Covid.

S’il s’oppose à la coercition, Michel Cymes appelle les médecins à accepter le partage de compétences pour améliorer l’accès aux soins.

Interview d’un confrère qui « gueule très fort » pour le bien de la médecine.

Egora.fr : Vous avez longtemps refusé d’écrire vos mémoires. Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas ?

Dr Michel Cymes : Il y a deux choses qui m’ont poussé à écrire.

La première, c’est que comme beaucoup de gens, j’ai fait un peu d’introspection pendant ces périodes de confinement et je me suis dit que finalement, j’avais traversé des choses dans ma vie qui pouvaient aider les autres. C’était le principal moteur.

Et la deuxième, c’est que j’ai arrêté de consulter il y a un an : il y a plein de choses que je raconte dans ce livre que je ne voulais pas raconter tant que j’avais des patients face à moi. Notamment le cancer. C’est difficile à mon avis quand on est médecin de raconter qu’on a eu un cancer, puis d’annoncer un cancer au patient, qui va vous regarder un peu différemment. Donc j’ai attendu d’arrêter de consulter.

Vous racontez des épisodes très intimes de votre vie : votre cancer, que vous n’aviez pas même révélé à vos enfants à l’époque, l’agression sexuelle d’un prof, et même votre dépucelage. Y a-t-il des secrets que vous avez finalement décidé de garder ?

Il y a forcément des choses que je n’ai pas racontées. Le but de ce livre était de raconter des choses qui pouvaient aider les gens. Il y a aussi des anecdotes. Mais il y a des événements de ma vie qui n’ont aucun intérêt. Quand je parle du prof de maths, c’est pour dire aux gens d’être vigilant. Quand je parle du cancer, c’est pour favoriser le dépistage.

Devenir médecin n’était pas une vocation pour vous. Vous dites que rien dans votre enfance ou votre histoire familiale ne vous prédisposait à devenir médecin. Pourquoi avoir choisi cette carrière?

Je ne veux pas mentir en disant que j’ai eu la vocation, que depuis ma plus tendre enfance, je voulais sauver des vies. Je ne veux pas raconter cette légende. Au départ, je voulais être véto. On m’a déconseillé de le faire et puis je me suis dit que véto à Paris, ça ne devait pas être le plus passionnant. J’adorais le corps humain, les sciences naturelles… ça me passionnait. Et puis inconsciemment, je pense aussi que je voulais faire un métier prestigieux pour mes parents qui n’avaient pas eu la chance de faire des études : mes parents seront fiers de moi si je deviens chirurgien…

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