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Les lourdes hélices telles qu’on les connaît aujourd’hui pourraient bientôt quitter nos navires. À Vannes, Rémi Champeaux a imaginé un propulseur électrique pour la plaisance qui pourrait bien ringardiser nos bons vieux hors-bords.

Rémi Champeaux a imaginé un propulseur électrique avec une hélice sans axe beaucoup plus performante et économe en énergie que celles qui équipent la majorité des bateaux. | OUEST-FRANCE

Ouest-France Olivier CLÉRO Publié le 21/09/2020 à 12h00

Les cordages ou algues bloqués dans l’hélice ne seront plus qu’un mauvais souvenir pour les plaisanciers de demain. De plus en plus nombreux à songer troquer leurs bruyants moteurs thermiques par des propulsions électriques moins sonores et moins polluantes, ils pourraient bientôt passer au propulseur de Rémi Champeaux.

Fondateur de la start-up Hy-generation en 2012, il a imaginé un moteur où les pales de l’hélice ne tournent pas sur un axe mais à l’intérieur d’une tuyère. « C’est un propulseur qui contient un moteur électrique et une hélice dépourvue d’axe centrale. La motorisation est incluse dans la tuyère marine en carbone qui aide à la propulsion du navire », précise son inventeur.

Plus léger et plus silencieux

Si le moteur ressemble au fameux aspirateur qui ne perd pas d’aspiration, son invention pourrait être tout aussi révolutionnaire. « Nous avons tout fait pour optimiser la performance et l’efficacité énergétique. Quand on regarde une hélice classique, on s’aperçoit que l’axe créé une perturbation hydrodynamique. La propulsion circonférentielle est plus performante », explique l’ingénieur qui s’est inspiré d’une première expérience professionnelle dans le milieu offshore, où ce type de propulsion existe depuis quelques dizaines d’années.

Mais personne avant lui ne l’avait adapté pour la plaisance. Aujourd’hui, il compte bien apporter son énergie à la transition énergétique. Une énergie forcément électrique pour Rémi Champeaux qui s’était spécialisé dans les piles à combustibles et l’hydrogène-énergie avant de se lancer dans la motorisation électrique. Pas question d’équiper de gros semi-rigides ou vedettes habitués à naviguer plein gaz en engloutissant des dizaines de litres de carburant.

Son premier modèle vendu 6 000 € (4 500 € en prévente) propose une puissance de 6 kW, l’équivalent d’un dix chevaux thermique. « Léger et silencieux, il va plutôt séduire les plaisanciers qui ont déjà un intérêt pour la propulsion électrique, que ce soit pour un voilier en appoint ou un bateau à moteur. On vise aussi les professionnels, les loueurs, les gestionnaires de ports, etc. » confirme le concepteur de ce moteur qui ne pèse que 12 kg, contre 35 pour son équivalent en thermique.

Premier moteur électrique en France

« L’électrique ne peut que se développer. À l’étranger, de plus en plus de territoires interdisent leurs eaux aux moteurs thermiques, en Allemagne, en Suisses et c’est déjà le cas en France dans des calanques près de Marseille », remarque l’ambassadeur de la propulsion électrique qui constate que l’idée de l’électrique fait également son chemin dans le Golfe du Morbihan où le parc naturel du Golfe réfléchit à une navette électrique pour rallier l’île Ilur et l’agglomération pour ses passeurs. Chez les voisins lorientais, c’est le batobus traversant la rade qui a montré le cap, malgré quelques difficultés techniques.

Les courants sont favorables pour la start-up née dans l’écosystème morbihannais qui compte quelques pointures dans le nautisme. Comme le chantier Multiplast, de Vannes, qui fabrique les plus grands trimarans au monde et s’attaque aux avions électriques ; le cabinet VPLP, qui a dessiné un cargo à voile pour transporter les éléments de la fusée Ariane ; le chantier CDK technologies, à Lorient, spécialisé dans le carbone et le composite ; Nodus, qui propose de l’accastillage textile plus léger ; ou Naviwatt, qui propose des bateaux spécialement conçus pour une propulsion électrique. 

Il manquait un motoriste. « Aucun moteur électrique n’est aujourd’hui fabriqué en France », confirme Rémi Champeaux. Avec son propulseur, il sera le premier.

Deux premiers moteurs ont déjà été vendus. « Nous nous sommes fixés comme objectifs de prévendre dix moteurs d’ici à la fin de l’année, principalement pour des plaisanciers, en voile ou en propulsion principale. On a aussi des pistes en maritime et en fluvial pour des personnes qui vont utiliser que le propulseur », annonce Rémi Champeaux, qui prévoit de livrer ses clients en juin.