Actualités – publiée le 21/12/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Psychology and Aging
Cette étude d’une équipe de psychologues de l’Université du Michigan, sans doute la plus « longue » réalisée sur le narcissisme à ce jour, révèle comment ce trait évolue immanquablement chez un sujet, avec les expériences de la vie mais aussi comment il a évolué au fil des générations.
Les conclusions, présentées dans la revue Psychology and Aging, montrent qu’en fait, dans notre société actuelle, il est de plus en plus difficile voire impossible d’être un vrai narcissique.
Ainsi, l’équipe répond à deux questions : un adolescent narcissique -et dont le comportement préoccupe ses parents- le restera-t-il plus ou moins toute sa vie ? Le narcissisme est-il un trait toujours prégnant chez les nouvelles générations ?
On est de moins en moins narcissique, avec le temps, l’âge et les générations
C’est la première conclusion de cette recherche, basée sur les données psychologiques d’échantillons transversaux sur plusieurs générations ; soit, au total, 747 participants à 72,3% des femmes, suivis de 13 à 77 ans répartis en 6 groupes en fonction de leur période de naissance (entre 1923 et 1969).
L’analyse montre que :
- le narcissisme reste « modérément » stable sur la durée de vie (avec un score moyen évoluant entre 0,37 et 0,52) avec un degré de stabilité comparable à celle d’autres caractéristiques psychologiques, cependant ses formes évoluent avec les expériences de vie ;
- les formes de narcissisme les plus socialement problématiques (hypersensibilité aux critiques, l’estime disproportionnée de soi, la nécessité d’imposer son opinion aux autres) déclinent avec le temps et l’âge. Ces formes laissent place à des traits de caractère plus positifs comme avoir de grandes ambitions (pour soi-même) ou faire preuve d’une grande autonomie individuelle ;
- les cohortes de naissances plus récentes sont plutôt autonomes et moins narcissiques que les cohortes de naissances antérieures. Ainsi, les chercheurs remarquent que les générations nées au début du siècle comportaient des « vrais narcissiques » avec des niveaux d’hyper-sensibilité très élevés, une véritable adoration de soi-même et le besoin d’imposer ses opinions aux autres. C’est moins le cas au sein des générations plus récentes.
Les expériences de la vie font la vie dure au narcissisme : ainsi, les parents préoccupés par le narcissisme exacerbé de leur adolescent peuvent avoir l’espoir de voir l’enfant évoluer en avançant en âge, vers un caractère moins narcissique et plus autonome. Les expériences de la vie « peuvent secouer un peu » et imposent à chacun de s’adapter, y compris en ce qui concerne l’amour et l’image de soi : « En vieillissant, vous nouez de nouvelles relations, avez de nouvelles expériences, vous fondez une famille. Tous ces facteurs font que quelqu’un se rend compte que les autres comptent aussi.
Et plus vous vieillissez, plus vous pensez au monde que vous allez laisser derrière vous », commente l’auteur principal, William Chopik, professeur de psychologie à l’Université du Michigan. Le plus grand déclencheur de remise en question du narcissisme est le premier emploi, ajoute l’auteur.
« Un sujet narcissique n’est pas ouvert à la critique. Cependant, lors d’une rupture ou d’évaluation professionnelle, le narcissique va devoir s’adapter et comprendre « qu’il n’est pas aussi génial qu’il le pensait ».
Remettre en cause son narcissisme est une nécessité lorsqu’on souhaite avoir des amis ou des relations. Pour cette raison, l’intelligence veut qu’on reste rarement très narcissique après l’âge jeune adulte.
Une évolution qui se poursuit ensuite jusqu’à la fin de la vie.
Source: Psychology and Aging DOI : 10.1037/pag0000379 Longitudinal changes and historic differences in narcissism from adolescence to older adulthood et Michigan State University Dec. 9, 2019 Me, me, me! How narcissism changes throughout life
Plus sur le Narcissisme