Actualités  –  publiée le 19/10/2020 par Équipe de rédaction Santélog

Thorax

Les nouveaux utilisateurs de cannabinoïdes à dose élevée encourent une augmentation relative de 231% des décès toutes causes confondues (Visuel AdobeStock_352116805) ;

Cette équipe du St. Michael’s Hospital (Toronto) apporte, dans la revue Thorax, les toutes premières données sur l’impact des cannabinoïdes sur la santé respiratoire des personnes atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), une maladie progressive qui provoque des difficultés respiratoires et une toux productive chronique, fréquemment associée à différents problèmes non respiratoires, dont les douleurs musculaires et l’insomnie.

L’auteur principal, le Dr Nicholas Vozoris, pneumologue au St. Michael’s Hospital rappelle que les cannabinoïdes, une classe de médicaments sur prescription, contiennent des composés chimiques synthétiques similaires à ceux retrouvés dans le cannabis.

L’étude menée aujourd’hui a des implications importantes concernant le recours à cette classe médicamenteuse dans le traitement de la bronchopneumopathie chronique obstructive (MPOC) : ces traitements apparaissent en effet associés à une augmentation de 64% des décès chez les personnes âgées atteintes de MPOC.

De plus en plus de médecins prescrivent des cannabinoïdes aux patients atteints de MPOC

L’étude a analysé les données de plus de 4.000 participants âgés de 66 ans et plus, atteints de MPOC de 2006 à 2016. 1,1% des participants ont identifiés comme de « nouveaux utilisateurs » de cannabinoïdes.

L’analyse identifie :

  • des effets indésirables principalement avec des doses plus élevées de cannabinoïdes ;
  • par rapport aux non-utilisateurs, les nouveaux utilisateurs de cannabinoïdes à dose élevée encourent une augmentation relative de 178% du risque d’hospitalisation pour BPCO ou pneumonie et une augmentation relative de 231% des décès toutes causes confondues ;
  • une analyse comparée des effets des opioïdes vs cannabinoïdes sur les résultats respiratoires chez les personnes âgées atteintes de MPOC aboutit à une absence de preuves pouvant soutenir que les cannabinoïdes sont un choix plus sûr que les opioïdes chez ce groupe de patients.

Ces médicaments sont de plus en plus fréquemment prescrits en particulier pour traiter les douleurs musculaires chroniques, les troubles du sommeil et l’essoufflement. Cependant, les cannabinoïdes peuvent contribuer à des événements respiratoires sévères chez les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive dont l’hospitalisation et le décès :

« Les cannabinoïdes sont de plus en plus utilisés par les personnes âgées atteintes de MPOC, il est donc important que les patients et les médecins comprennent clairement le profil des effets secondaires de ces médicaments ».

L’appel à une prescription plus attentive : les chercheurs précisent que leurs résultats ne signifient pas que les cannabinoïdes ne devraient jamais être utilisés chez ces patients âgés atteints de MPOC. Cependant, ces données doivent être intégrées par les patients et les médecins dans la prise de décision en matière de prescription, en particulier en privilégiant des doses les plus faibles possibles.

Notamment chez les patients âgés atteints de MPOC plus sensibles aux effets secondaires respiratoires liés aux cannabinoïdes, car ces sujets métabolisent moins efficacement les médicaments dont les effets peuvent ainsi persister plus longtemps.

Source: Thorax (In Press) via Eurekalert (AAAS) 30-Sep-2020 Cannabinoids associated with negative respiratory health effects in older adults with COPD