Actualités  –  publiée le 29/09/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Neuron

Le Dr Ilona C. Grunwald Kadow, professeur en neurobiologie a créé un contexte de laboratoire qui permet de mieux comprendre les mécanismes de la motivation chez la mouche

Comment est-on capable de motivation, en particulier en situation extrême : comment les circuits neuronaux conduisent à des performances optimales dans la recherche d’un objectif ? Cette équipe de l’Université technique de Munich vient d’identifier un tel circuit neuronal dans le cerveau des mouches des fruits. Ce circuit leur confère une performance optimale pour leur recherche de nourriture. Des travaux qui suggèrent dans la revue Neuron, le rôle essentiel de 2 neurotransmetteurs chez la mouche qui ont leurs équivalents chez l’Homme, des équivazlents déjà bien documentés…

L’atteinte d’un objectif nécessite parfois une grande persévérance, permise par la motivation. Mais d’où vient la motivation ?

Même des organismes simples font preuve de persévérance et de motivation

Cette étude fondamentale et internationale menée à l’Université technique de Munich commence à décrypter ce mécanisme chez les mouches des fruits. Attirées par l’odeur du vinaigre ou des fruits, ces mouches ont une particularité, elles sont capables de voler jusqu’à épuisement pour atteindre la nourriture. Mais dans les conditions de cette expérience, la partie supérieure de leur corps est fixée, les mouches s’agitent mais n’atteignent jamais leur objectif. Avec le mouvement de leurs pattes, elles font tourner une micro-balle qui flotte sur un coussin d’air. La vitesse de rotation permet ainsi d’évaluer les efforts déployés par la mouche pour parvenir à la nourriture.

L’auteur principal, le Dr Ilona C. Grunwald Kadow (Visuel du haut), professeur en neurobiologie explique que ce modèle de laboratoire permet de mieux comprendre les mécanismes de la motivation : « même des organismes simples font preuve d’endurance et de persévérance. Jusqu’à présent, on pensait que ces qualités étaient réservées aux humains et à d’autres organismes supérieurs ».

Différentes techniques et différentes équipes de recherche ont permis d’identifier le circuit neuronal « qui contrôle la persévérance » chez la mouche : un modèle mathématique créé pour simuler l’interaction de stimuli externes et internes comme l’odeur de vinaigre et de la faim, la microscopie électronique, l’imagerie in vivo et différentes expériences comportementales. « Un cerveau qui contient un million de fois moins de cellules nerveuses que le cerveau humain ».

C’est donc beaucoup plus simple pour les scientifiques de savoir ce que fait un neurone et comment. Ensuite, cela permet de comprendre les principes des circuits neuronaux qui constituent également la base des fonctions de cerveaux plus complexes.

Le circuit neuronal de la motivation est identifié dans le centre d’apprentissage et de mémoire du cerveau de la mouche. Il semble contrôlé par les deux neurotransmetteurs dopamine et octopamine (en vert sur le visuel) qui correspond à la noradrénaline humaine. La dopamine augmente l’activité du réseau (en blanc) soit la motivation, l’octopamine (en vert) au contraire réduit la volonté de faire un effort. Des résultats qui viennent compléter le rôle complexe déjà documenté de la dopamine et de la noradrénaline dans le contrôle de l’action.

Motivation vs dépendance : alors que ces neurotransmetteurs ou leurs équivalents et les réseaux correspondants existent également dans le cerveau des mammifères, les chercheurs suggèrent l’existence de mécanismes similaires ou approchants chez l’Homme, lui permettant de « poursuivre ou d’arrêter » un effort de long terme.

C’est un premier pas très fondamental dans la compréhension de l’obstination et de la motivation.

Mieux décrypter ces mécanismes va également permettre de comprendre pourquoi l’interaction des neurones et de certaines substances messagères dans le cerveau, en cas de dépendance notamment, devient incontrôlable.

Source : Neuron August 27, 2019 DOI : 10.1016/j.neuron.2019.07.028 A Neural Circuit Arbitrates between Persistence and Withdrawal in Hungry Drosophila (Visuel Astrid Eckert / TUM)

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