Par Marielle Ammouche le 19-06-2018
La migraine est une pathologie fréquente et invalidante qui touche toutes les générations, mais notamment les adultes jeunes et actifs. Pour en savoir plus sur son impact socio-économique, une enquête a été réalisée en juillet 2017 par Kantar Health pour le laboratoire Novartis.
Elle a été menée sous la forme d’un sondage en ligne auprès d’un panel représentatif de la population adulte française (15 000 personnes). 305 patients migraineux sévères ont ainsi pu être identifiés. Les résultats de cette enquête ont été présentés au congrès de l’European Academy of Neurology (EAN) qui s’est déroulé du 16 au 19 juin à Lisbonne (Abstract EPO1050 G. Leiba et al: Socio-economic impact of severe migraine in France: study in patients with at least 8 days of headache per month).
Elle rapporte que, chez les patients sévères interrogés, le nombre de crises est important : 13 par mois, en moyenne. Elles s’accompagnent fréquemment de nausées et vomissements (54%), d’insensibilité à la lumière (86%) et de troubles visuels (70%). L’impact psychologique est également majeur : plus d’un patient sur 2 (51%) souffre ou a souffert de dépression ou d’anxiété.
L’étude montre que l’impact sur le cursus étudiant est loin d’être négligeable. Ainsi, 6 participants sur 10 considèrent que leur migraine sévère a eu des répercussions négatives sur leur vie étudiante, avec, dans ce cas, un absentéisme chez 52 %, mais aussi parfois un échec aux examens (15 %) ou au diplôme (12 %). 13% affirment même avoir dû renoncer à suivre les études désirées.
Parmi les personnes déclarant un impact sur leur vie professionnelle, c’est la moindre efficacité au travail qui est la plus déplorée pour 81 % d’entre eux. Ces patients doivent parfois adapter leurs horaires de travail (19 %), et faire face à un sentiment de stigmatisation (17 %). Pour 14% d’entre eux, la migraine sévère constitue le frein à une évolution professionnelle. Plus encore, 28 % de l’ensemble des patients interrogés ont dû renoncer à poursuivre l’activité professionnelle qu’ils souhaitaient.
L’étude a enfin permis d’évaluer le poids économique de la migraine sévère. Ce coût est en partie lié à des dépenses de soins. Ainsi, 58 % des patients ont dû acheter des médicaments non remboursés avec un coût mensuel moyen de 31,9 € ; et 43 % ont utilisé d’autres thérapies avec un coût mensuel moyen de 51,7 €. Le poids économique de cette pathologie dépend aussi d’éventuelles pertes de revenus. L’étude met ainsi en évidence que les migraines sévères entraînent une perte de salaire chez près de la moitié des patients ayant déclaré un impact sur leur vie professionnelle. Et 18 % ont estimé une perte de salaire supérieure à 20 %. Les auteurs ont estimé le nombre de jours d’absentéisme dû à la migraine à 33 jours par an. Et cela impacte la rémunération d’au moins 60 % des patients. Au final, cet absentéisme entraînerait une perte annuelle de 3,8 milliards d’euros pour la société, incluant patients et employeurs.
Sources :
Communiqué de presse de Novartis, 18 juin 2018. Abstracts 4th EAN Congress Lisbon 2018: EPO1050 G. Leiba et al: Socio-economic impact of severe migraine in France: study in patients with at least 8 days of headache per month
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