Publié le 12/08/2019
La vitesse de la marche est inversement corrélée à la forme physique qui est altérée par de nombreuses maladies cardiaques, respiratoires ou encore neurologiques. Il s’agit de facto d’un indicateur dont la valeur pronostique est établie dans certaines affections précises notamment en cardiologie et en pneumologie, mais le cas des morbidités multiples mérite d’être traité à part.
Plus de 3000 sujets de plus de 60 ans
L’étude de cohorte prospective, dite SNAC-K (Swedish National study of Aging and Care in Kungsholmen) permet d’en juger. Elle a inclus 3 241 sujets âgés (≥ 60 ans) atteints de morbidités associées tant cardiovasculaires que neuropsychiatriques de nombre variable (0, 1, ou ≥ 2), ce qui a permis de constituer trois catégories de risque.
La détérioration fonctionnelle a été jugée significative dès lors que la vitesse de la marche sur tapis roulant était <0,8 m/s. Les certificats de décès ont permis d’évaluer la mortalité globale et spécifique à 3 et 5 ans, en intégrant au cas par cas la cause des décès. Les risques correspondants ont été estimés sous la forme de hazard ratios (HRs) avec leurs intervalles de confiance à 95 % (IC95) à l’aide du modèle des risques proportionnels de Cox pour ce qui est de la mortalité globale. C’est le modèle des risques concurrents de Fine-Gray qui a été utilisé pour traiter de la mortalité cardiovasculaire et non cardiovasculaire.
Un groupe témoin a été constitué par des participants indemnes de toute affection cardiovasculaire ou neuropsychiatrique chez lesquels la vitesse de la marche était par ailleurs tout à fait située dans l’intervalle de normalité. Une analyse multivariée a permis de comparer les cas et les témoins ainsi définis en procédant aux ajustements en fonction des facteurs de confusion potentiels.
La mortalité est associée à la diminution de la marche et au nombre de comorbidités
La mortalité globale a été associée à la diminution de la vitesse de la marche au terme de trois années de suivi, d’autant plus que le nombre des comorbidités s’est avéré plus élevé (0, 1 et ≥ 2), les valeurs du HR étant respectivement: (1) dans le domaine cardiovasculaire : de 1,88 (IC95 de 1,29 à 2,74), 3,85 (2,60–5,70) et de 5,18 (3,45–7,78) ; (2) dans le domaine neuropsychiatrique : 2,88 (2,03–4,08), 3,36 (2,31–4,89) et 3,68 (2,43–5,59). En cas de comorbidités cardiovasculaires ou neuropsychiatriques multiples (≥2), la surmortalité en cas de baisse de la vitesse de la marche a été respectivement de 18 et 17/100 patients-années. A cinq ans, l’association entre le nombre de maladies cardiovasculaires et la mortalité s’est avérée indépendante du handicap fonctionnel.
Une valeur pronostique considérable
Au total, chez les malades âgés atteints de morbidités multiples tant cardiovasculaires que neuropsychiatriques, la vitesse de la marche qui est facile à mesurer en pratique courante a une valeur pronostique considérable.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE : Vetrano DL et coll.: Walking Speed Drives the Prognosis of Older Adults with Cardiovascular and Neuropsychiatric Multimorbidity. Am J Med 2019. Publication avancée en ligne le 5 mai 2019.
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