Actualités – publiée le 24/10/2018 par Équipe de rédaction Santélog
eLife
Les toutes premières bactéries à s’établir dans l’intestin ont un impact durable et bénéfique, leur efficacité à nous protéger contre les maladies chroniques, confirme cette recherche de l’Université de l’Alberta, présentée dans la revue eLife. Et leur identification pourra permettre à la science « d’ajuster les microbiomes » ou l’équilibre des communautés microbiennes uniques qui vivent dans nos voies gastro-intestinales pour prévenir les maladies chroniques.
Ces découvertes suggèrent que les différences dans notre composition microbienne dépendent probablement de l’acquisition de nos premiers micro-organismes après la naissance et que l’ordre dans lequel ils arrivent dans notre intestin a lui aussi un impact durable sur notre développement et notre santé.
Ces microbiomes, aussi personnels que les empreintes digitales sont de « nature unique » : « chacun de nous héberge un microbiome très spécifique- même pour des jumeaux identiques. Les microbiomes semblent être façonnés par de nombreux facteurs inconnus, il est donc extrêmement important de comprendre pourquoi nous sommes tous uniques et différents », commente l’auteur principal, Jens Walter, de l’Université de l’Alberta. Parmi les multiples facteurs qui façonnent notre microbiome, la génétique, le régime alimentaire, l’environnement, le mode de vie et l’état physiologique, cependant, selon les chercheurs, ces facteurs n’expliqueraient que moins de 30% de la variation.
Le premier microbiome est le plus persistant et le plus influent : lorsque les chercheurs greffent des communautés microbiennes distinctes, prélevées une par une à partir de souris adultes dans les voies gastro-intestinales de jeunes souris génétiquement identiques, ils constatent que le microbiome chez les souris adultes reste plus proche du microbiome initial. Même en utilisant un cocktail de quatre bactéries différentes, les chercheurs constatent que les premiers microbes sont ceux qui ont la plus forte persistance et la plus forte influence sur le développement du microbiome intestinal. Ce « premier » microbiome est parfois perturbé (par exemple, en cas de naissance par césarienne ou de prise d’antibiotiques) et cette perturbation est un facteur de prédisposition aux maladies chroniques.
Plus globalement, l’objectif est de comprendre ce qui conduit à des microbiomes spécifiques chez des personnes spécifiques pour développer une approche beaucoup plus rationnelle de modification du microbiome pour lutter contre les maladies chroniques.
« Nous devrions être beaucoup plus systématiques. Je pense que dans 30 ou 40 ans, nous pourrons coloniser les nourrissons avec des bactéries spécifiques dont nous saurons qu’elles favorisent la santé et nous pourrons façonner le microbiome de manière bénéfique ».
Source: eLife Sep 18, 2018 Experimental evaluation of the importance of colonization history in early-life gut microbiota assembly
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