Actualités – publiée le 20/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Science Translational Medicine
Des bactéries spécifiques dans l’intestin pourraient modifier et retarder le processus de vieillissement, conclut cette équipe de l’Université technologique de Nanyang (Singapour), ce qui pourrait conduire à la mise au point de traitements « alimentaires ». L’équipe confirme en effet, dans la revue Science Translational Medicine, que l’enrichissement des microbes intestinaux produisant un acide gras spécifique à chaîne courte, le butyrate, favorise l’augmentation de la neurogenèse et donc contribue à réduire le déclin cognitif lié au vieillissement.
De nombreuses études documentent le rôle clé des communautés bactériennes qui vivent dans nos intestins, dans la physiologie, le métabolisme et le comportement. Une étude en particulier a montré que les fibres alimentaires favorisent la croissance des bonnes bactéries dans l’intestin qui lorsqu’elles digèrent les fibres, produisent des acides gras à chaîne courte (AGCC), dont le butyrate.
Or le butyrate exerce une action anti-inflammatoire sur la microglie (et améliore la mémoire chez la souris). Le butyrate, produit par fermentation microbienne de fibres alimentaires dans le tractus intestinal stimule en effet la production d’une hormone de longévité appelée FGF21, qui joue un rôle important dans la régulation de l’énergie et du métabolisme.
Avec le vieillissement, la production de butyrate est réduite.
Le rôle neurostimulant du butyrate : l’étude est à nouveau menée sur la souris. Les chercheurs transplantent des microbes intestinaux de souris âgées (âgées de 24 mois) chez des souris jeunes, âgées de 6 semaines et privées de germes. Après 8 semaines, les souris greffées présentent une augmentation de la neurogenèse ou production de neurones dans le cerveau. De la même manière, lorsque les chercheurs donnent directement du butyrate aux souris jeunes exemptes de germes, elles présentent ces effets de neurogenèse.
« Ainsi, les microbes recueillis même chez une souris plus âgée sont capables de soutenir la croissance neuronale chez une souris plus jeune et cet effet neurostimulant peut aussi être obtenu avec le butyrate seul ». L’équipe constate ici les effets positifs du butyrate, une meilleure efficacité de la fonction de barrière intestinale, un risque d’inflammation réduit, une augmentation de longueur et de largeur des villosités intestinales.
« Reconstituer » le butyrate pour retarder le vieillissement ? Les chercheurs font cette hypothèse, non seulement dans le cadre du vieillissement normal, mais aussi en cas d’accident vasculaire cérébral, de lésion de la colonne vertébrale ou encore de déclin cognitif avéré. « Nous pourrions concevoir de futurs essais cliniques pour tester la capacité des produits alimentaires enrichis en butyrate pour soutenir un vieillissement et une neurogenèse « en bonne santé » ».
Des résultats passionnants donc, en biologie du vieillissement et pour la recherche sur le microbiome, avec une question à résoudre, celle de la responsabilité du vieillissement dans la perte de communautés microbiennes bénéfiques.
Source: Science Translational Medicine 13 November 2019 DOI: 10.1126/scitranslmed.aau4760 Gut microbiota from old mice confers neurogenic and pro-longevity signatures in young germ-free mice
Plus sur Microbiote Blog