Actualités – publiée le 3/03/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Frontiers in Physiology
Le vieil adage « Utilisez vos muscles sinon vous les perdrez » correspond-il à une réalité physique et biologique ? Ces chercheurs de University of Massachusetts apportent avec cette large analyse de la littérature sur le sujet, la démonstration que les noyaux cellulaires supplémentaires gagnés avec l’exercice persistent, à vie, et même après une longue période de sédentarité, une maladie ou le vieillissement. Des cellules qui pourront donc être mobilisées rapidement pour permettre ensuite, même à l’âge mûr et en cas de reprise de l’exercice, des gains musculaires plus rapides et plus conséquents. Bref, c’est à l’âge jeune qu’il faut se constituer son capital musculaire.
Jusqu’à très récemment, les scientifiques pensaient que les noyaux ou centres de contrôle des cellules (myocytes) qui forment les fibres musculaires étaient également perdus avec la sédentarité et la paresse. Cette revue de la littérature et précisément d’études ayant eu recours aux techniques de laboratoire modernes permettant d’évaluer les noyaux gagnés pendant l’entraînement et en cas d’arrêt de pratique de l’exercice, confirme que ces noyaux supplémentaires « développés » avec l’exercice persistent même lorsque les cellules musculaires se contractent en raison d’un manque d’utilisation du muscle. En d’autres termes, ces noyaux cellulaires persistent. Ces noyaux des myocytes « résiduels » vont ensuite permettre une croissance du muscle, plus importante et plus rapide, lorsque les muscles sont à nouveau sollicités.
On accumule donc un capital de croissance musculaire : ce principe est crucial car il suggère en pratique qu’à l’adolescence, on « travaille » déjà à prévenir la fragilité au grand âge. Cela suggère également que les athlètes qui trichent en consommant des stéroïdes, peuvent, bien plus tard, ne pas être détectés.
Le syncytium musculaire cumule les noyaux cellulaires et les « conserve » au fil du temps : le syncytium, un groupe de noyaux entouré du cytoplasme (membrane) forme un type spécial de tissu dans le corps, où les cellules sont fusionnées de manière extrêmement rapprochée : si proches, qu’elles se comportent comme une seule cellule géante. Le cœur, les os et même le placenta sont construits sur ces réseaux de cellules, explique l’auteur principal, Lawrence Schwartz, professeur de biologie à l’Université du Massachusetts. Cependant, cette analyse apporte une image très différente du syncytium musculaire : une fois qu’un noyau a été acquis par une fibre musculaire, il appartient au syncytium musculaire, pour la vie. « Ainsi la croissance musculaire s’accompagne de l’ajout de nouveaux noyaux au syncytium qui répond aux exigences de synthèse accrues de cellules musculaires plus grosses« , explique Schwartz.
Un muscle peut gagner des noyaux, mais ne les perd jamais. Ainsi, 2 études indépendantes citées par les chercheurs, l’une menée chez les rongeurs et l’autre chez les insectes, démontrent que les noyaux ne sont pas perdus du fait de l’atrophie des fibres musculaires et qu’ils subsistent même après le début de la perte musculaire. Ces noyaux des myocytes étant le moteur des fibres musculaires, leur maintien permet aux muscles de récupérer en taille et en force plus rapidement après une période de sédentarité ou une lésion ou une perte musculaire.
De la « mémoire musculaire » : « il est bien documenté dans la littérature portant sur la physiologie de l’exercice qu’il est beaucoup plus facile de retrouver un certain niveau de forme musculaire grâce à la reprise de l’exercice que de l’atteindre en premier lieu, et même si la reprise de la pratique intervient après un arrêt prolongé. La « bonne expression » serait donc plutôt : « Utiliser ses muscles ou les perdre, jusqu’à y travailler à nouveau ». Finalement, cette découverte d’une conservation à vie des noyaux des myocytes souligne l’importance de l’exercice au début de la vie. Au cours de l’adolescence, la croissance musculaire est renforcée par les hormones, la nutrition et un réservoir important de cellules souches, ce qui en fait une période idéale pour accumuler ces noyaux qui pourront être mis à profit à l’âge mûr.
Quid des stéroïdes dans ce processus ? Ces données corroborent la légitimité des tests de dépistage de dopage chez les athlètes qui conservent les « bénéfices » stéroïdes longtemps après la fin de leur utilisation. Les stéroïdes anabolisants augmentent de façon permanente la capacité des utilisateurs à développer leurs muscles, c’est-à-dire à acquérir de nouveaux noyaux de cellules musculaires qui vont perdurer à vie, donc longtemps après la fin de la prise de stéroïdes.
Source : Frontiers in Physiology 25 January 2019 DOI : 10.3389/fphys.2018.01887 Skeletal Muscles Do Not Undergo Apoptosis During Either Atrophy or Programmed Cell Death-Revisiting the Myonuclear Domain Hypothesis
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