Actualités – publiée le 25/04/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Journal of Neuroscience
Le choix d’oublier quelque chose pourrait demander plus d’effort mental que d’essayer de s’en souvenir, suggère cette recherche en neuroimagerie de l’Université du Texas (UT) à Austin. Ces travaux, publiés dans le Journal of Neuroscience, suggèrent que pour oublier une expérience désagréable notamment, il faudrait une concentration bien supérieure à celle nécessaire à sa mémorisation. Ce résultat surprenant prolonge de précédentes recherches sur l’oubli intentionnel, axées sur la réduction ou le « détournement » de l’attention des souvenirs indésirables et sur la suppression de la récupération ou rappel de certains souvenirs.
« Nous souhaitons généralement oublier les souvenirs qui déclenchent des réactions anormales, tels que les souvenirs traumatiques, pour être capables de répondre à de nouvelles expériences de manière plus adaptée », explique Jarrod Lewis-Peacock, auteur principal de l’étude et professeur de psychologie à l’UT Austin. Des décennies de recherche ont montré que nous sommes capables d’oublier volontairement quelque chose, mais la façon dont notre cerveau réalise cet oubli n’est pas bien comprise. Une fois que nous aurons trouvé le moyen de contrôler ce processus d’oubli, nous pourrons concevoir un traitement pour aider les patients souffrant de stress post-traumatique. »
Les souvenirs ne sont pas statiques. Ce sont des constructions dynamiques du cerveau régulièrement mises à jour, modifiées et réorganisées par l’expérience. Le cerveau se souvient et oublie constamment des informations, et une grande partie de ces mises à jour se produisent automatiquement pendant le sommeil. S’agissant de l’oubli intentionnel, de précédentes études ont identifié les structures de contrôle impliquées du cerveau, telles que le cortex préfrontal, et les structures de mémoire à long terme, dont l’hippocampe. Cette nouvelle recherche se concentre plutôt sur les zones sensorielles et perceptuelles du cerveau, en particulier le cortex temporal ventral, et sur les schémas d’activité correspondant aux représentations mémorielles de stimuli visuels complexes.
En utilisant la neuro-imagerie pour suivre les schémas d’activité cérébrale, les chercheurs ont montré à un groupe de participants adultes en bonne santé des images de scènes et de visages, leur demandant de se souvenir ou d’oublier chaque image. L’observation par neuro-imagerie montre que les humains ont la capacité de contrôler ce qu’ils oublient, mais que, pour réussir, l’oubli requiert des « niveaux modérés » d’activité cérébrale dans ces zones sensorielles et perceptuelles mais en tous cas plus d’activité cérébrale que celle nécessaire pour se souvenir.
Une activité cérébrale modérée est essentielle à ce mécanisme d’oubli. Une activité trop forte, renforce le souvenir, trop faible, empêche sa modification ou sa suppression. Le résultat important est que l’intention d’oublier augmente l’activation de la mémoire, et lorsque cette activation atteint ce seuil de niveau modéré, le processus d’oubli peut s’accomplir. L’équipe constate également que les participants sont plus enclins à oublier les scènes que les visages, qui peuvent contenir beaucoup plus d’informations émotionnelles.
Il faudra encore de nombreuses recherches avant de comprendre comment exploiter cette capacité d’oubli, mais cette étude marque une étape vers de futurs traitements permettant de débarrasser les patients victimes de SSPT des souvenirs émotionnels néfastes pour leur santé et leur bien-être.
Source: Journal of Neuroscience 11 March 2019, 2033-18; DOI: 10.1523/JNEUROSCI.2033-18.2019 More is less: increased processing of unwanted memories facilitates forgetting
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