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Depuis quelques années, la réglementation en matière d’armement de sécurité obligatoire est devenue plus souple.
Ce qui parfois veut dire aussi : moins claire…
On vous propose donc de lire ensemble ces textes, et on vous explique ce qu’il faut en retenir, et comment on a finalement intérêt à s’équiper, nonobstant la lettre de la loi.
Pour choisir votre matériel, suivez le guide.
Le compas magnétique reste indispensable même si, aux termes de la loi, il n’est pas formellement obligatoire à moins de 6 milles d’un abri.
Il nous semble que c’est de toute façon une erreur de vouloir s’en passer.
Il est d’ailleurs utile ne serait-ce que pour barrer plus facilement ! | JEAN MARIE LIOT
Sébastien MAINGUET. Publié le 18/03/2024 à 12h26
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Zones de navigation et matériel d’armement et de sécurité
Liste officielle du matériel d’armement et de sécurité
> Le matériel d’armement et de sécurité « BASIQUE » :
Gilets de sauvetage | Dispositif(s) lumineux | Ligne de mouillage
> Le matériel d’armement et de sécurité « CÔTIER » :
Dispositif de repérage et d’assistance pour personne tombée à l’eau, à larguer dans l’eau | Gilets de sauvetage et déclencheurs | Positionnement, navigation
> Le matériel d’armement et de sécurité « SEMI-HAUTURIER » :
Radeau de survie | Gilets de sauvetage, harnais, longes | Positionnement, navigation | Communications | Trousse de secours | Projecteur de recherche
> Le matériel d’armement et de sécurité « HAUTURIER » :
Radeau de survie | Balise de détresse | Communications (y compris par satellite)
Et pour les planches et les kites ?
Toutes les références de nos articles parus dans le magazine mensuel
En cas de doute, dit-on, le plus simple et le plus sûr est toujours de remonter à la source !
La liste du matériel d’armement et de sécurité obligatoire exigé pour la navigation de plaisance sur les « embarcations de longueur inférieure ou égale à 24 mètres » est donc précisée par la Division 240 de l’arrêté du 23 novembre 1987 relatif à la sécurité des navires et à la prévention de la pollution.
Un texte que l’on peut bien sûr consulter sur le site Légifrance ; un bon résumé, sur 3 pages en pdf, est toutefois disponible sur le site du Secrétariat d’État chargé de la Mer. Voir aussi cette page.
Suivant une nouvelle approche en vigueur depuis la grande réforme de 2008, l’administration laisse aux plaisanciers une certaine latitude dans le choix de leur matériel de sécurité.
L’idée est que les textes mentionnent un type d’équipement, plutôt qu’un équipement très précisément défini.
La contrepartie, c’est que la définition des différents items requis devient parfois un peu floue voire baroque dans les termes utilisés…
Mais nous allons justement tirer tout ça au clair !
[Photo ci-dessus : le canal Lemaire, c’est ici. Pour le voyage du Boréal 47 Sir-Ernst, voir par exemple ici, ou encore les numéros 596 et 618 de notre magazine mensuel, datés octobre 2020, pour le bilan technique, et août 2022, pour le récit de la navigation le long de la terre de Graham, péninsule Antarctique.
Pour suivre l’ensemble du parcours, cf. cette carte.]
Mais précisons d’abord que la catégorie de conception du bateau, ou sa taille, n’entreront pas en ligne de compte ici.
Il est tout à fait autorisé – quoique pas forcément conseillé – de naviguer au grand large, à plus de 60 milles d’un abri, ou de traverser l’Atlantique voire le détroit de Drake, avec un bateau homologué en catégorie B.
Simplement, dans ce cas, il faut avoir à bord l’équipement hauturier. C’est tout.
Le document disponible sur le site du Secrétariat d’État chargé de la Mer le précise bien : « Le choix de la distance de navigation par rapport à un abri est laissé à l’initiative du chef de bord.
Il dispose pour cela de la catégorie de conception du navire. »
Catégorie de conception définie suivant la norme ISO 12217-2 (« Évaluation et catégorisation de la stabilité et de la flottabilité, partie 2 : bateaux à voiles d’une longueur de coque supérieure ou égale à 6 m »), mais c’est une autre histoire…
Zones de navigation et matériel d’armement et de sécurité
Selon la zone dans laquelle on navigue, le matériel exigé n’est bien sûr pas le même.
Le critère pris en compte est la distance d’un abri, et uniquement celui-ci.
Il existe quatre cas de figure : navigation à moins de 2 milles d’un abri ; entre 2 et 6 milles d’un abri ; entre 6 et 60 milles d’un abri ; et au-delà de 60 milles d’un abri.
Dans le premier cas il faut avoir à bord le matériel d’armement et de sécurité dit « basique », dans le deuxième il faut le matériel « côtier », dans le troisième le matériel « semi-hauturier », et dans le quatrième le matériel « hauturier ». Récapitulatif dans le tableau ci-dessous.
La définition d’un « abri » se trouve dans l’article 240-1.02 : « Endroit de la côte où tout engin, embarcation ou navire et son équipage peuvent se mettre en sécurité en mouillant, atterrissant ou accostant, et en repartir sans assistance. Cette notion tient compte des conditions météorologiques et de mer du moment ainsi que des caractéristiques de l’engin, de l’embarcation ou du navire. » Il ne s’agit donc pas nécessairement d’un port.
Une baie abritée peut aussi être considérée comme un abri. Mais pas les plages des Landes, par exemple.
Certaines baies, anses ou rivières constituent toujours un abri, d’autres n’en sont plus du tout, voire deviennent des pièges terribles, dès que la houle s’en mêle. Toujours se souvenir qu’en mer, le danger vient très souvent de la côte…
Électronique : attention à la panne d’énergie !
Avant de commencer notre lecture de la Division 240, une remarque importante : les cartes papier ou la règle Cras ne sont plus obligatoires, mais si l’on compte sur l’électronique il faut être absolument certain de ne jamais se retrouver à court d’énergie…
Et donc, pour les smartphones, tablettes et autres ordis, prévoir au minimum un petit panneau solaire portable autonome (il existe des modèles souples, pliables, tout à fait adaptés), et une ou deux petites batteries portables de secours (au moins 10 000 mAh, 20 000 de préférence).
Tout cela se trouve facilement en hypermarché, magasin d’électronique, ou magasin de sport. C’est le minimum !
La liste complète et officielle du matériel d’armement et de sécurité obligatoire, pour les 4 zones de navigation, est donnée dans l’annexe 240-A.1 de la Division 240, qui se présente sous la forme de tableau.
Ci-dessous nous avons simplement reproduit et complété ce tableau. (Note : certains de ces équipements peuvent être inclus dans l’armement livré en standard avec les bateaux neufs.)
Le matériel d’armement et de sécurité « basique »
Il s’agit de l’article 240-2.03. Gilets de sauvetage | Dispositif(s) lumineux | Ligne de mouillage
GILETS DE SAUVETAGE
– Obligatoire : un gilet par personne, flottabilité minimale de 50 newtons.
À la place, on peut aussi avoir une combinaison humide en néoprène, ou sèche, « assurant au minimum une protection du torse et de l’abdomen, une flottabilité positive et une protection thermique ».
Mais cette combinaison doit être portée, il ne suffit pas de l’avoir à bord – alors que le gilet, aux termes de la loi, ne doit pas nécessairement être porté, il doit seulement être à bord… petite nuance…
– Recommandé par la Division 240 : pour la navigation en solitaire, porter en permanence un gilet d’au moins 50 newtons et aussi une VHF portable.
– Notre conseil : suivre la recommandation ci-dessus, ou mieux encore, investir dans une balise homme à la mer de type AIS (ou AIS/ASN type « classe M »), voire dans une balise personnelle (PLB) de type Sarsat… voire les deux… ou même les deux à la fois, puisqu’il existe aujourd’hui un modèle vendu sous les appellations de ResQLink AIS (pour la marque ACR Electronics) ou de PLB3 (pour la marque Ocean Signal), qui est avant tout une PLB Sarsat, mais qui est doté en outre d’un émetteur AIS. (Concernant les balises homme à la mer, voir notre test comparatif récent dans le numéro 627 du magazine mensuel, mai 2023.)
DISPOSITIF(S) LUMINEUX
– Obligatoire : un « dispositif lumineux collectif », à savoir ici une lampe torche étanche avec au moins 6 heures d’autonomie, ou un « dispositif lumineux individuel » (lampe torche du même type que précédemment, lampe flash avec les mêmes exigences d’étanchéité et d’autonomie, ou cyalume).
Cet équipement individuel doit ou bien être porté, ou bien être fixé sur le gilet de sauvetage (lequel ne doit pas nécessairement être porté, comme on l’a dit plus haut).
– Notre conseil : 2 lampes torches étanches à bord, quelques piles neuves, et au moins une lampe flash (une par personne dans l’idéal).
LIGNE DE MOUILLAGE
– Obligatoire : une ligne de mouillage « appropriée au navire et à la zone de navigation » … Pas d’autres précisions…
– Nos conseils : ne pas lésiner sur ce point, c’est un équipement de sécurité très important quand on se retrouve non manœuvrant au vent d’une côte. (On peut signaler aussi l’intérêt des ancres « parachute », qui sont faites pour ce genre de situations.)
En règle générale on préférera les ancres de type « charrue » à pointe lestée, plus efficaces que les ancres plates, et on fuira les ancres de type « Bruce », dont la tenue est déplorable.
Le modèle de référence, qui sort vainqueur de tous nos tests comparatifs depuis des années (voir le dernier en date dans le numéro 602 du magazine mensuel, avril 2021), est l’ancre Spade.
La longueur de la chaîne est fondamentale pour une bonne tenue – la traction sur la verge doit rester horizontale (voir notre article dans le numéro 548 du magazine mensuel, daté octobre 2016).
Cela fait beaucoup de poids, mais pour la grande croisière, on évitera de partir avec moins de 50 mètres de chaîne, et si l’on fréquente des côtes très ventées et/ou très accores, on peut multiplier par deux.
[Photo ci-dessus : la base Melchior sur l’île Gamma, c’est ici.]
Le matériel d’armement et de sécurité « côtier »
Il s’agit de l’article 240-2.04.
Dispositif de repérage et d’assistance pour personne tombée à l’eau, à larguer dans l’eau | Gilets de sauvetage et déclencheurs | Positionnement, navigation
DISPOSITIF DE REPÉRAGE ET D’ASSISTANCE POUR PERSONNE TOMBÉE À L’EAU, À LARGUER DANS L’EAU
– Obligatoire : une bouée de type fer à cheval offrant une flottabilité minimale de 142 newtons (avec le nom et le numéro d’immatriculation du bateau), associée à un « dispositif lumineux étanche et pouvant résister à une immersion d’une heure dans 1 mètre d’eau », avec une autonomie d’au moins 6 heures et visible sur tout l’horizon jusqu’à une distance de 0,5 mille.
– Nos conseils : perche de type IOR (avec feu) pour le repérage, et bouée Silzig – c’est clairement la meilleure sur le marché, elle facilite bien la récupération : photo ci-dessous. [1]
Pour la perche, on évitera les modèles gonflables qui ont tendance…
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